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L’empreinte médiatique sur nos émotions négatives

lundi 1er janvier 2024, par grand-Pierre

Cet article tente de donner un peu de recul à notre perception de l’information en évitant de se laisser submerger par les émotions.

Morceau choisi d’épithètes

Dépressif, morose, désabusé, taciturne et sans perspective.

Et encore : Querelleur, acrimonieux, contestataire, corrosif ou virulent.

Voici les différents états dans lesquels l’usage inconsidéré des médias traitant l’actualité nous conduit. Et pour autant, ces médias y peuvent ils quelque chose ?

Ne représentent ils que le vecteur à l’origine de nos états d’âme ou bien en sont-ils un peu également la cause ? Si un sociologue averti s’emparait de ce sujet il rédigerait un ouvrage en plusieurs volumes pour conclure que l’empreinte médiatique agit sur nos comportements.

Entre les événements et nous

Si les moyens d’informer ont progressé proportionnellement aux progrès technologiques des communications, il demeure beaucoup d’espace entre les événements et nous (les récepteurs). Espace réservé à la collecte, à la transmission et à l’interprétation. Autant de filtres posés sur les autoroutes de l’information et qui font que celle-ci nous parvient quelquefois lacunaire. Le monde, vaste et complexe, ne se livre pas si facilement et certainement pas avec un simple post ou la courte rubrique visionnée au journal de vingt heures.

S’il y a de l’espace entre les faits et nous, la géographie politique et le lieu où nous nous trouvons comptent également énormément. Chaque nation informant ses citoyens selon sa propre perception.

Ceci étant posé les médias sont-ils les responsables de nos états d’âme ?

Les pays « développés » proposent une information pléthorique, notamment sur le Web ce qui élargit la couverture des événements. S’ils ne contrôlent pas et ne modèrent pas le flux qui leur parvient quotidiennement, les utilisateurs (récepteurs) peuvent être les victimes de cette surdose d’empreinte médiatique.

Pour vivre et prospérer les médias des pays de liberté, les pays libéraux à économie libérale, sont contraints à capitaliser de l’audience et l’information y devient également une valeur marchande. Elle représente aussi pour les propriétaires de grands médias une valeur d’influence loin de n’être que négligeable.

Pour acquérir cette audience indispensable les journalistes (et ce n’est certes pas nouveau) recherchent l’exceptionnel, le scoop, le clivant ou le scandaleux, voir le révoltant qui fera vendre et se comportent plus souvent en animateurs et en commentateurs qu’en simples « rapporteurs ».

De mon avis les médias dans l’ensemble, s’ils ne sont bien entendu pas responsables des faits et des événements, le sont par contre de l’interprétation et du ton qu’ils appliquent à leur information. De la position hiérarchique qu’ils lui réservent.

Un monde de violence et d’arbitraire

Il n’est certes pas besoin d’amplifier actuellement l’horreur suscitée par les guerres et les injustices pour faire de l’audience à satiété. Pour autant, si nous nous référons aux siècles passés, pensez-vous que l’arbitraire et les violences n’y aient pas été quotidiens ?

La race humaine porte en elle, malgré son génie propre, les gènes de la violence et de l’appropriation. Cela remonte aux tout début de l’agriculture lorsque la nécessité de défendre des terres cultivées inocula à l’humanité le germe de la guerre.

Depuis cette époque préhistorique la violence n’a jamais cessé de servir à établir les rapports de force entre les tribus, les ethnies, les nations ou les blocs. Les médias qui ne font en principe que rapporter les évènements privilégient toujours la violence pour vendre leurs infos. Cette culture de la violence impacte les jeunes générations en la banalisant à leurs yeux.

Si les médias ont tendance à exciter le peuple plutôt que de l’informer le plus objectivement possible on ne peut malgré tout les rendre responsables individuellement de l’inflation considérable des informations en circulation. Au seizième siècle, il fallait des semaines pour que l’on soit informé à Trifouillis-les-Oies du massacre de la Saint Barthélémy qui s’était produit dans la capitale... Or de nos jours, lorsque la flèche en flamme de Notre-Dame s’effondre, la planète entière visionne presque instantanément les images capturées par les passants. C’est l’une des nouveautés de notre époque.

Depuis ce monde qui n’est à mon avis ni pire ni meilleur qu’auparavant, (quoi que beaucoup plus « global » et surarmé), nous recevons des Himalaya d’images et de commentaires et cela fini par agir sur nos comportements. Trop nombreux sont les « récepteurs » victimes de cette surdose de nouvelles alarmantes leur parvenant du vaste monde et qui pensent sincèrement que tout va mal et que rien n’est plus possible !

La morale a-t-elle encore sa place ?

Qu’elles nous aient été enseignées par les laïques ou les confessionnels les valeurs morales ne semble plus adaptées aux réalités. Un véritable hiatus les confronte aux horreurs portées à notre connaissance quotidiennement. Cela met les esprits en porte-à-faux. D’ailleurs cette morale à base démocratique ne semble plus relever du crédo des valeurs de nombreuses nations, privilégiant la force à la démocratie et la dictature au multipartisme.

Une dérive insidieuse, provoquée par l’impuissance des vertus morales et de la démocratie à régenter la violence, et donc vaines et improductives aux yeux de certains tyranneaux, les conduit à les rejeter et à se tourner vers une « démocrature » plus qu’inquiétante.

A nous de garder raison et de prendre du recul face au torrent médiatique afin de ne pas devenir : Dépressif, morose, désabusé et taciturne ou encore pire... : fascisant et dans l’attente de l’homme fort qui devrait tous nous sauver.

En attendant Grand-Pierre en profite pour vous souhaiter une bonne année 2024 en ne prenant surtout aucun recul vis à vis des heures heureuses à venir...