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La presse et le G20

jeudi 2 mars 2023, par grand-Pierre

Une information à minima.

Une inquiétude partagée

Le dernier sommet du G20 réunissant les principales puissances économiques s’est tenu aux Indes sous la présidence de Narendra Modi le président indien.

Dans le contexte actuel de grande tension internationale, intensifiée par le conflit en Ukraine, les prises de position de l’Inde et également de la Chine revêtent une importance considérable.

Selon les positions des uns et des autres, un conflit mondial à venir n’est pas une hypothèse si aberrante que ça.

N’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre

En ouverture de ce sommet du G20, j’ai appris par la presse que le président indien avait tenu un discours aux couleurs du réalisme : « L’expérience de ces dernières années - crise financière, changement climatique, pandémie, terrorisme et guerre - montre clairement que la gouvernance mondiale a échoué. »

J’aurais bien apprécié d’en savoir un peu plus et de connaître l’argumentaire qui soutenait ce discours mais notre presse, malgré mes recherches ne m’a pas fourni ces informations. [1] Cette indigence journalistique est révélatrice d’un état de guerre larvée qui fait de l’information objective sa première victime.

Les occidentaux resserrent les rangs face à l’agression russe et on ne saurait leur donner tord mais resserrer les rangs ne devrait pas les amener à renier la transparence et l’objectivité qui sont à la base même de nos valeurs. Et qu’on ne vienne pas me dire que je suis pro ceci ou pro cela. Monsieur Modi ne fait pas partie de mes hommes politiques favoris, bien au contraire.

En pleine incertitude pour notre avenir nous retrouvons la presse unanime que nous avions connu lors du référendum pour le traité constitutionnel européen, [2] mais aujourd’hui il s’agit de justifier le réarmement occidental et l’adhésion à l’OTAN des pays qui n’en sont pas encore membres comme une solution incontournable à notre survie.

La peur du "rouge" semble avoir réapparue et gouverne à présent les chancelleries européennes.

Jaurès a-t-il été assassiné pour rien ?

Cinq jours avant d’être assassiné par un belliciste d’extrême droite et huit jours avant le déclenchement de la première guerre mondiale, Jean Jaurès avait déclaré : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ».

Le réarmement ne profite qu’aux complexes militaro-industriels qu’ils soient américains, turcs, français, allemands ou espagnols.

La finalité d’un obus c’est de déchirer les chairs de la jeunesse partie se battre, de laisser des femmes et des enfants sans mari et sans père, de faire couler les larmes des mères. Et, ce n’est pas le moindre de leur usage que de détruire du matériel, militaire ou autre, qui sera tôt ou tard à remplacer.

La rivalité impérialiste des Etats-Unis avec la Chine ne nous concerne pas finalement, même en temps que vassaux économiques des USA. Ne rajoutons donc pas une dépendance idéologique et politique avec l’expansion et la militarisation de l’OTAN. [3] Cela ne va pas dans le sens de la paix de se mettre à la remorque des grands impérialismes.

Si un processus de paix voit le jour ce ne sera pas les lobbies de l’armement qui en seront les promoteurs. Il ne faut pas perdre cela de vue et notre presse devrait s’abstenir de chausser les bottes des militaires afin de continuer à nous informer avec impartialité sur tout ce qui se passe et se dit dans le monde.

Vladimir Poutine et son gouvernement portent une énorme responsabilité avec l’agression de l’Ukraine c’est entendu, mais où nous mènera la remilitarisation européenne ? Il n’est rien de plus redoutable que l’adhésion des populations à la guerre. [4] Cela s’est toujours très mal terminé par le passé.

La Paix un jour

Qui fera rentrer les Russes dans leurs casernes sans que cela ne provoque une escalade devenue impossible à maîtriser ? Arrêter Poutine par la guerre fera toujours plus de victimes et qui peut dire ce qui adviendra à plus long terme ? Faut-il persister à jouer avec des allumettes ? La réponse est bien difficile à donner.

Par contre la majorité des états souhaite que la négociation prenne le pas sur le canon ainsi que l’arrêt des hostilités. Le poids de la paix, s’il est pris en compte comme la seule solution valable peut changer les choses.

Un référendum sous contrôle international pourrait se tenir dans les provinces ukrainiennes majoritairement russophones envahies par les troupes de Poutine (Crimée, Dombas) pour établir des frontières pérennes entre l’Ukraine et la Russie garanties par les deux parties, par l’ONU et des traités internationaux [5] Une partition de l’Ukraine qui serait certes douloureuse mais pas autant que quelques centaines de milliers de morts supplémentaires sans que cela n’amène de solution à ce conflit.

Evidement la Russie devrait alors abandonner l’Ukraine à son destin européen ce qui obnubile Poutine. Réussira-t-on à le persuader et les russes avec lui que la reconquête de l’ancien "empire soviétique" était une stupidité vouée à l’échec ?

Cela ne conviendrait certainement pas non plus aux dirigeants ukrainiens qui sont actuellement dans une logique défensive mais il faut comprendre que ce type de conflit n’est pas "gagnable" militairement, ni pour Moscou ni pour Kiev et qu’il sera rapidement ruineux pour les économies européennes qui le soutiennent. [6] On l’a bien vu dans le Dombas où la guerre de position dure depuis neuf ans sans apporter aucune solution. La Russie devrait aussi, s’il y avait un accord, payer des compensations pour la perte de territoire subie par les ukrainiens et pour les dommages et crimes de guerre de son fait. [7]

En marge de la réalité de la guerre qui aurait déjà fait deux cent mille morts des options diplomatiques existent et peuvent donc être mises sur la table. Il est devenu urgent de séparer les pro-russes des pro-ukrainiens pour arrêter cette guerre. Les seuls gagnants comme je l’ai dit si les affrontements se poursuivent seront les marchands d’armes et les spéculateurs et bien entendu tous les états qui voient d’un bon œil une guerre pourrir la vie des européens... Et il y en a beaucoup !

Il faut que les grandes puissances arrêtent de porter la guerre comme la nuée porte l’orage même si cela ne fait pas partie de leurs gènes historiques.


[1Ne doutons pas que les journalistes eux, aient facilement accès à cette source.

[2En faveur du oui bien entendu !

[3A Vilnius une conférence de l’OTAN est prévue sous la présidence d’un général français afin de : "Renforcer la posture de dissuasion de l’alliance" et déployer sur le champ de bataille tout un éventail d’outils militaires offensifs et défensifs permettant de gagner la guerre au moyen de toutes les armes modernes y compris celui de la cyberguerre. (Source Canard enchaîné du premier mars 2023)

[4Les populations de Russie en sont un excellent exemple, intoxiquées par un pouvoir dictatorial nationaliste, une église orthodoxe aux ordres et sans la contrepartie d’une presse libre. Et soixante-dix années plus tôt qui se souvient de ces foules surexcitées qui tendaient le bras au passage d’Hitler à Berlin ? Serait-il nécessaire que l’histoire se répète indéfiniment ?

[5Une fois seulement les émigrés revenus !

[6Si les conservateurs prennent le pouvoir aux Etats-Unis, continueront ils à soutenir les ukrainiens et sinon comment ceux-ci tiendront-ils face à l’armée russe ?

[7Evidemment, la facture serait sacrément salée !