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La rage de vendre

mardi 7 mars 2023, par grand-Pierre

Le E-commerce multiplie l’offre de tout et de n’importe quoi.
Sur le Net, je trouve sans me fatiguer à chercher, trente-neuf marques de VAE...
Avons-nous réellement besoin de cette offre démesurée ?

- " Chéri, pourrais-tu regarder sur ton ordi si tu trouves une batterie pour mon vélo ? "

Cinquante sites visités et mille batteries plus tard, je rendis les armes, impuissant devant cette marée de marques, de modèles dont la plupart n’ont qu’une durée de vie de quelques mois, sitôt remplacés dans ces vitrines virtuelles par leurs petits frères fraîchement lancés sur le marché.

A tel point que je trouvais des vélos moins chers que les batteries !

Des arnaques aussi en veux tu en voilà et de faux sites frauduleux en bonne place sur les moteurs de recherche.

Un bon exemple de ce qu’il faudrait surtout ne pas faire

Nous savons parfaitement que l’humanité consomme plus chaque année que la planète ne peux le supporter sans parler des ressources fossiles qui ne sont pas renouvelables. Mais qui s’en préoccupe mis à part les écologistes barbus ?

Les VAE ont le vent en poupe et des dizaines de marques lancent des centaines de modèles. Aucune n’est soumise à une norme standard concernant les batteries. Pas non plus d’obligation légale d’assurer la fourniture de pièces détachées. Le public sur le Net admirera béat cette profusion de vélos disponibles en surfant sur les fiches techniques, en comparant les tarifs, les promos etc. Une occupation à plein temps ! [1].

Ce qu’il n’appréhendera pas c’est le coût écologique de cette gabegie sans limites. Ce qu’il ne comprendra pas c’est l’inutilité de cette concurrence insoutenable dans un avenir devenu proche où il faudrait au contraire revenir à une sobriété industrielle raisonnable.

Est-ce le signe finalement de la richesse de nos économies ou bien celui de leur pathologie productiviste ?

Il est totalement absurde d’accumuler les offres concurrentielles sur le même type de produits alors que l’on sait parfaitement que les ressources sont surexploitées et que leur production incontrôlée accumule toujours plus de CO² dans l’atmosphère.

Tous ces produits mobilisent une énergie considérable, non seulement en fabrication mais également en conception, en communication et en transport.

Les VAE sur le Net en sont le meilleur exemple : Les libertés d’entreprendre, de commercer, qui représentent les crédos fondamentaux du libéralisme se sont transformées au fil des ans en une véritable logorrhée de propositions commerciales avec des modèles parmi lesquels même l’acheteur le plus perspicace ne retrouve pas son latin.

Dans une telle jungle le choix est finalement limité car la comparaison devient de plus en plus difficile. [2] La moitié de la planète essaie de vendre ses clones industriels à l’autre moitié !

Comment mettre un terme à ce grand gâchis ?

Il serait temps pour de très nombreuses entreprises de changer de paradigme commercial. Le seul intérêt économique ne répondant plus à la réalité des problématiques sociétales et environnementales. Certaines vont quelque peu dans ce sens mais leur argumentaire ne représente souvent hélas que de la bonne communication.

Des solutions existent : En contraignant dans un premier temps les marques et les vendeurs en Europe (car les marques ne veulent pas toujours dire grand-chose) à répondre à des normes standard pour les batteries, rendues ainsi interchangeables. A l’obligation de fournir des pièces de rechange pendant un certain nombre d’années.

Ces mesures faciles à prendre limiteraient à coup sûr le nombre de modèles proposés sur le marché et sortirait du jeu tous les éphémères qui saturent l’offre sans pour autant fournir un service mesurable. Les modèles moins nombreux pourraient être de meilleure qualité et également plus durables et réparables.

Ce serait compter sans les lobbys

On peut-être certain que, dès que la nouvelle proposition législative circulerait dans les couloirs de Bruxelles, les lobbystes assiègeraient les députés européens pour empêcher ce cataclysme commercial de se produire !

Les démocraties ne font-elles décidément pas le poids ou sont-elles tout simplement à la dévotion des industriels ? Bonne question.


[1Il existe un "indice de réparabilité" pour certains articles incitant le vendeur ou l’industriel à s’afficher en tête de cet indice mais cela n’a rien à voir avec une véritable réparabilité. Cela s’inscrira dans la communication des entreprises et basta !

[2A l’image de ces animaux (oiseaux - poissons) qui, se regroupant par milliers, déroutent le prédateur qui ne peut plus cibler un individu particulier parmi cette masse !