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la société SEVRIENA

Le juteux marché des retraites capitalisées.

lundi 1er novembre 2010, par grand-Pierre

Vous allez travailler plus longtemps c’est sûr, mais au fil des années, vous prendrez de l’assurance...

Nous vivons une bien curieuse période.

Le sabrage social

La loi qui modifie le régime des retraites par répartition est définitivement votée et ceci "à la hussarde" alors que la rue conteste encore et toujours le rallongement de la période de travail jusqu’à 62 ans.

La cohésion sociale du pays est mise à l’encan. L’exécutif n’essaie même plus de donner le change par une intention de concertation affichée. Il sabre.

Il sabre malgré des sondages d’opinions qui donnent une grande majorité des français comme étant défavorables à cette loi.

Il sabre malgré que la cote de notre omniprésent président soit descendue plus bas que jamais.

Enfin, il sabre, et ceci est bien le plus curieux, malgré que cette réforme ne règle en rien le financement pérenne des caisses de retraites.

Leurs nez à eux ne s'allonge pasOn nous ressort les arguments ressassés de la démographie (allongement de l’espérance de vie), de l’alignement sur les pays européens (souvent l’âge légal est de 65 ans), de la dette colossale de la France qui s’accroît chaque année et bien d"autres excellents motifs pour nous faire accepter le recul social que constitue cette loi.

Or ces arguments sont tous contestables d’un point de vue comptable. [1]

Quand on veut, on peut !

Raymond AUBRAC, ce grand résistant qui fût préfet de DE GAULLE à la libération et en charge du redémarrage de l’économie marseillaise, nous dit à peu près ceci : (...) A cette époque (1945), la France était exsangue et tous les moyens manquaient. Pourtant nous avons mis sur pied avec le Conseil National de la Résistance, les caisses de sécurité sociale et les caisses de retraite par répartition. Or aujourd’hui, la France n’a jamais été aussi riche et le gouvernement déconstruit le système social.

Vous avez dit MEDEF ?

L’UMP applique la politique ultra-libérale européenne. Celle préconisée par Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF, qui a déclaré quand à lui dans le magazine Challenges (4 octobre 2007) qu’il fallait "défaire méthodiquement le programme du CNR" en précisant : "le gouvernement s’y emploie".

SEVRIENA

Guillaume Sarkozy a été lui aussi (Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre) vice-président du Medef jusqu’en 2006.
Ce frère aîné du président de la république, a quand à lui déjà préparé l’application de la contre-réforme des retraites. Malakoff Médéric, qu’il dirige depuis 2006, a créé récemment avec la Caisse nationale de prévoyance une société appelée Sevriena, dont le but est de rafler des parts du marché juteux de l’épargne retraite à partir de janvier 2011. Nicolas et Guillaume

Le montant potentiel de collecte d’épargne retraite nécessaire pour financer le maintien du niveau de vie des futurs retraités en 2020 est estimé à une somme « comprise entre 40 et 110 milliards d’euros, suivant les hypothèses de comportement des individus ». (Extrait de CNT-RP).

La loi sur l’allongement de l’âge légal de départ en retraite comporte un titre 5 [2] qui vise à développer la retraite par capitalisation : « Mesures relatives à l’épargne retraite. » dont nos médias si prestes à voler au secours du gouvernement se gardent de parler. (Vous avez dit bizarre ?).

Lorsqu’on dispose de médias plus que conciliants, de l’argent des Bettencourt et autres donateurs grands fortunés, de l’appui des banques, [3] de celui des pays européens majoritairement de droite et d’une classe laborieuse constituée de travailleurs précaires et démoralisés, la réforme des retraites est un plat que l’on peut se permettre de faire passer au peuple français. (Ou du moins le tenter).

La société SEVRIENA de Guillaume Sarkozy aura de beaux jours devant elle. Voici enfin des gens qui ne manquent pas d’assurance et travaillent à réduire notre dette et à faire prospérer l’économie ! Quand on les compare à tous ces braillards qui barrent nos routes et bloquent nos dépôts de carburant... Des partageux dites-vous, vous avez dit partageux ? Comme c’est bizarre. Ça me fait penser à ceux qui voudraient que l’on taxe sérieusement les bénéfices financiers spéculatifs...


[1On peut estimer l’augmentation du besoin de financement lié à la démographie à 150 % de 1949 à 2009. Mais les richesses produites (PIB) ont, sur cette période, cru de 645 % en volume, soit une croissance de 400 % par personne d’âge actif.

[2Voir document PDF joint

[3Durant la crise financière les aides publiques colossales accordées aux banques, sans changement des critères du crédit, ont servi, en Europe particulièrement, à relancer la spéculation et non l’emploi et la croissance réelle.