Accueil > Littérature > Le photographe en noir
Le photographe en noir
vendredi 7 janvier 2022, par
N’avez-vous pas remarqué que les photographes portent très souvent des vêtements noirs ?
Le noir
L’encre, le deuil et le charbon sont noirs de même que la nuit sans lune et le désespoir qu’on rattache aux sombres idées noires. Le Fleuve noir relate toute sorte de crimes et la veuve noire, araignée malmignatte, est de fort mauvaise réputation.
Mais il est heureusement de bons noirs tel le petit noir du matin et le chocolat noir ou encore la réglisse de nos confiseries, voir même les peintures de Pierre Soulages qui sont assez noires.
Une bien étrange habitude
Alors pourquoi donc les photographes s’habillent-ils en noir ? Sont-ils en deuil ? Amateurs de réglisse ? Veulent-ils se confondre dans la nuit afin de passer inaperçus ? Vous dîtes ? Il y en a qui s’habillent d’une autre couleur. Pas totalement faux. Mais avez-vous vraiment souvenir d’un photographe habillé en rouge ?
- Catherine Camus - Photographe
D’ailleurs il suffit de voir leur matériel : Tout noir ! Boitiers, objectifs, trépieds. Tous noirs ! Les housses : Noires ! Les câbles de connectique : Noirs ! Même leur chambre doit être noire et peut-être aussi leur femme.
Alors je repose la question : Pourquoi tout ce noir ? Il devrait bien y avoir une explication.
Et bien il en existe une en effet et mes sympathiques lecteurs sont fort bien avisés de suivre le blog de Grand-Pierre pour approfondir leurs connaissances et profiter ainsi de la primeur d’une révélation sans précédent.
La vérité révélée
Si les photographes et leurs accessoires sont noirs c’est parce qu’ils étaient auparavant totalement transparents, voir gélatineux sur les bords. Sans consistance, inexistants et plongés dans le néant.
Alors un barbu, depuis le bord de son cumulus, d’une voix divine et tonitruante, a crié « fiat lux » et les photons ont jailli de partout, illuminant l’univers. On ne discernait plus qu’une lumière aveuglante et tout était alors complètement blanc.
- Sung-Hee Seewald
Les photographes avaient beau prendre cliché sur cliché, rien n’apparaissait sur leurs images restées désespérément blanches.
C’est à cette époque que Dieu ayant demandé à l’un des bienheureux de lui passer le sel, ce dernier renversa maladroitement la salière d’argent qui tomba des nues.
Il se mit alors à pleuvoir quarante jours durant de fines paillettes salées qui se déposèrent sur les photographes, les appareils photos, les trépieds, les pellicules et les connectiques. Enfin, avec l’apparition de gros nuages, la pluie de paillettes se mua en un crachin au goût bizarre et ce fut dès lors le moment de la révélation.
Sous l’action de ce crachin de bisulfite les sels de la salière d’argent se mirent à noircir progressivement et les photographes apparurent alors, en noir et blanc avec tout leur matériel. C’est depuis ce temps là qu’ils ont pris l’habitude de se vêtir de couleurs sombres et de travailler en chambre noire.
Cela se passait il y a quelques millions d’années à l’étage du Photocène (Série de l’Ordovicien moyen).
Je vous prie de croire que tout ceci n’est que la pure vérité.
Merci de votre attention.