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Pour une filière bois Viganaise

lundi 1er novembre 2021, par grand-Pierre

Quitte à brûler du combustible pour se chauffer, pourquoi ne pas brûler du bois plutôt que de faire appel aux énergies fossiles, non renouvelables et qui seront de plus en plus chères à l’avenir ?

Etat des lieux forestier

Certaines régions sont dépourvues de bois et de forêts, une agriculture intensive de plaine occupant l’espace disponible. D’autres possèdent des forêts de reboisement, enrésinées ou conduites en futaie jardinée plus respectueuse des équilibres biologiques et mieux résistante aux parasites et aux incendies. Enfin certains espaces forestiers sont délaissés faute de valeur économique et reviennent à l’état naturel.

Les forêts ont aussi leur histoire propre et sont le fruit d’une lente évolution dans le temps accolée aux données climatiques. Leur état bon ou mauvais est souvent la résultante des différentes façons d’utiliser ses bois par l’homme. Sur le plan géographique, les essences locales dépendent des sols et de l’orientation des versants ainsi que de l’altitude à laquelle elles se trouvent.

Leur déboisement irraisonné a laissé par le passé les sols à nu, brutalement ravinés par le ruissellement. A l’opposé l’abandon des parcelles de la châtaigneraie, jadis jardin nourricier des cévenols, a entrainé la dégénérescence de celle-ci au profit du chêne vert, des ronces et du genet.

Plus haut sur le massif de l’Aigoual la forêt est gérée en partie en domanial [1] et de belles hêtraies et sapinières (Nordmann, Douglas) y sont installées. C’est l’une des quinze forêts françaises labellisées "Forêt d’exception".

Le bois local est exploité et une scierie est implantée sur la commune de Molières-Cavaillac.

Un serpent de mer : La filière bois locale

Ce qui peut paraître évident à première vue, c’est à dire de pouvoir utiliser une énergie locale et renouvelable en ces temps où le développement durable devrait être la priorité, ne l’est pourtant pas autant que ça.

Une filière représente l’ensemble des maillons de la chaîne depuis la collecte en forêt jusqu’à la distribution de la chaleur aux utilisateurs.

Mais tout projet de filière bois locale se trouve de fait confronté à une inertie polymorphe, qui concerne aussi bien l’investissement, la propriété privée, l’engagement politique, les savoir-faire, les conditions de terrain que d’autres encore comme la fluctuation des cours du bois !

Principe de fonctionnement d'une chaudière collective à plaquettes

Nous continuons donc de chauffer au fioul ou au gaz (mairie - Communauté de Communes - Ecole primaire - Lycée collège - Centre culturel - Musée - Hôpital de jour - EPAHD etc.) tandis qu’autour du Vigan les boisements auraient besoin d’être exploités et entretenus. Les rémanents de coupe d’éclaircie, une fois broyés, représentent un potentiel énergétique important et parfaitement durable.

La châtaigneraie, si l’on prélevait intelligemment les arbres dépérissants, pourrait reprendre vigueur. Et les incendies trouveraient moins de combustible, les sangliers moins de remises.

A l’instar du pasteur Luther King, on pourrait dire à propos de la filière bois viganaise : I have a dream... [2] Tout cela verra-t-il enfin le jour ? La filière bois locale aura-t-elle un effet mobilisateur des énergies et des motivations nécessaires à sa mise en place ?

Pourtant les chiffres sont là et les plaquettes forestières représentent une énergie moins chère, beaucoup moins chère que le fuel ou le gaz. [3] Le maire de la commune de Tramayes en Saône et Loire, Michel Maya, qui a installé une chaudière à bois déchiqueté déclare que l’hôpital, depuis qu’il est alimenté par le réseau de chaleur communal a réduit sa facture énergétique de 25% chaque année... Et une chaudière ça fonctionne pendant quinze ans ! [4]

Valoriser le patrimoine forestier

Un mouvement se dessine dans ce sens avec les Communes forestières, L’ONF, le Centre Régional pour la Propriété Forestière (CRPF), le Réseau des Collectivités Forestières Occitanie et le PETR, autour d’une Charte Forestière de Territoire, afin de faire de la forêt et du bois un levier de développement local. Une subvention européenne sera sollicitée en vue de l’embauche d’un animateur de la charte. Fort bien.

Fort bien mais les années passent et combien faudra-t-il encore de réunions entre ces différents organismes pour qu’une filière bois digne de ce nom voit le jour ? Il n’est pas inutile de poser la question.

Ce projet de filière bois ne date hélas pas d’hier mais débuta dans les années quatre-vingt. (Voir le document joint en fin d’article).

La plus récente tentative fut abandonnée il y a une dizaine d’années. L’amorce d’un partenariat avec les propriétaires de parcelles ne rencontrait pas un grand succès. Mais s’il était démontré à ces derniers, par le traitement exemplaire de parcelles-test et une bonne communication, qu’ils y trouvent leur intérêt, les choses pourraient sans doute évoluer vers des contrats qui seraient gagnant/gagnant.

Débroussaillement et débusquage

Des pistes existent nombreuses pour aller de l’avant.

Les matériels ont beaucoup évolués et sont plus performants actuellement. Les réseaux de chaleur également.

L’approvisionnement pourrait sans doute être garanti en partie par les déchets de scierie [5] et complété par une exploitation raisonnée locale. Savez-vous que si votre résidence se trouve en forêt ou à moins de 200 m d’un bois ou d’une forêt vous devez débroussailler et éclaircir les bois sur une zone de 50 m autour de l’habitation et sur un couloir de 5 m le long des voies d’accès ? Ce qui représente plus de 2000 m² et un certain volume de broyat ! [6] Ces Obligations Légales de Débroussaillement (OLD) sont malheureusement peu respectées alors que les climatologues nous prédisent sécheresses et canicules à répétition, génératrices d’incendies. Là aussi des partenariats pourraient se mettre en place avantageusement pour tous.

Même si les parcelles privées sont peu accessibles et pentues un débusquage effectué avec du matériel léger et adapté est possible et une collecte pourrait se mettre en place à l’aide d’équipes restreintes. Cela pourrait ainsi générer de l’emploi. Qui dit mieux ?

Un engagement collectif

Vous constaterez avec moi que la mise en place d’une filière bois locale n’est pas une mince affaire. Voter un crédit pour que des techniciens installent les appareillages et les réseaux est une chose. Réaliser une véritable filière bois locale ayant un fonctionnement fluide et rentable en est une autre qui nécessiterait un engagement collectif et une dynamique assumée.

Ce projet pourrait être rassembleur autour d’un objectif vertueux, partagé par une majorité d’administrés, ce qui serait opposable aux éternels clivages qui handicapent trop souvent nos sociétés humaines.

Pour qu’il puisse voir le jour, une étude approfondie, a mener sur tous les aspects des faisabilités (techniques de collecte et installations - puissance - amortissement - approvisionnement et disponibilité de la matière première - réseau de chaleur - coût financement et éligibilité aux aides disponibles - délais - prospective - rentabilité etc.), devrait pouvoir être lancée rapidement si nous ne voulons pas continuer à payer du gaz et du fioul qui polluent pour des prix astronomiques et ceci ad aeternam. [7]

Que risque-t-on ? La plupart de ce genre d’études peut être subventionnée et en cas d’infaisabilité du projet, l’impact sur les finances des collectivités locales serait négligeable. Au contraire si le projet était déclaré réalisable, une fois le fil conducteur défini, les choses seraient plus simples à mettre en œuvre et la concrétisation de la filière bois pourrait enfin être engagée.

Infos ADEME - Fond chaleur

PDF - 18.8 ko
Historique viganais concernant la filière bois-énergie
PDF - 439.6 ko
Documentation Cheval de fer

Dernière minute :

Voici une délibération du Conseil municipal du Vigan qui va dans le bon sens !

PDF - 2.1 Mo

[1Par l’état

[2J’ai un rêve...

[3En ce moment (2021) la demande de bois (mais pas uniquement du bois) explose et les cours s’affolent mais sur le long terme les énergies fossiles ne pourront que se raréfier et leur prix augmenter

[5Sur les volumes traités en scierie la part des déchets à valoriser est très importante. Le volume de l’ensemble des chutes en bois massif représente couramment autour de 30 % du volume de la grume et il peut parfois atteindre 40 %. Il faut ajouter 15% de sciure de coupe et 1% d’éboutage. Une scierie à proximité est donc un atout considérable pour un apport régulier et décarboné grâce aux trajets courts (source : CIRAD Montpellier)

[6Il faut distinguer le broyat destiné au paillage ou au compostage (feuilles - ligneux bas) et les plaquettes de bois (branches - bois non valorisable) destinées aux chaufferies

[7Ou du moins tant que ces ressources existeront encore !