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Hessel au Vigan le 11 juin
Le 11 juin, Stéphane Hessel devant un millier de personnes au Vigan
jeudi 16 juin 2011, par
Beaucoup de monde en cette soirée de rallye pour venir entendre Stéphane Hessel. Rien que des indignés ?
Le gymnase du lycée-collège était bien rempli par un public de tous âges venu écouter le message de l’ancien dont le petit fascicule "Indignez-vous" a connu un succès exponentiel ces derniers mois et a été à l’origine de plusieurs occupations de places et autres forums d’indignés dans les capitales européennes. (Grèce - Italie - Espagne - France etc.)
Indignez-vous !
L’ancien diplomate et rédacteur parmi d’autres de la déclaration universelle des droits de l’homme par l’ONU en 1948 a longuement prit la parole pour dénoncer les dérives mondiales dues aux oligarchies et aux milieux financiers omnipotents qui déconstruisent les trames industrielles et sociales issues de l’après guerre avec pour corollaire l’espoir qui avait retrouvé le jour au sortir de ces années plus que sombres.
Partant de l’indignation, Stéphane Hessel encourage ses auditeurs et ses lecteurs à franchir le pas de l’engagement à l’échelle individuelle ou collective.
On ne peut qu’être admiratif devant la prestation qui, malgré le grand âge du conférencier est de facture rigoureuse et d’une expression parfaite. On peut aussi ne pas le suivre sur ses conclusions politiques lorsqu’il s’engage sur le terrain difficile du soutien aux partis.
S’indigner, oui mais avec qui ?
Social démocrate, il a soutenu Martine Aubry, Dominique Strauss Kahn et fleurte à présent avec Cohn-Bendit et Nicolas Hulot. Un panel de présidentiables (ou "ex") qui ne fera sans doute pas trembler les oligarques ni la très libérale commission européenne. Banquiers de tous les pays, dormez tranquilles !
Mais la question est posée : Pourquoi, si ce sont bien les régimes ultras-libéraux et capitalistes qui posent problème, ne sont-ce pas majoritairement les antilibéraux qui mobilisent toutes ces foules d’indignés ? Serait-ce les politiques extrémistes [1] qui effrayent ? Pourtant, il n’est pas utile d’être très radical pour se retrouver à la gauche d’un PS dont la rose a bien pâlit et qui a laissé passer au congrès le traité de Lisbonne contre la volonté du peuple français (non au référendum de 2005). Traité qui valide toutes les options capitalistiques du traité constitutionnel rejeté.
Donner un sens à l’existence
La réponse à ce non-sens gît sans doute justement... Dans la recherche du sens !
L’instabilité qui règne actuellement angoisse à juste titre les peuples du monde. Dans le même temps et étant donné que les crises internationales font les unes des médias et que les crises financières se répètent en boucle mais que nul projet de société ne semble émerger comme ce fût le cas en 48 (1948), nous assistons au retour de la recherche du sens par des citoyens perturbés et en quête de repères.
Les jeunes se retournent pour regarder leurs anciens, du moins ceux qui peuvent leur tracer un chemin vers l’espoir. Mais ne leurrons personne : Les oligarchies qui sont en phase d’entrainer le monde à sa perte actuellement se sont toujours parfaitement entendues avec les sociales-démocraties. Alors pour conclure, s’il faut s’indigner, il le faut aussi des politiques qui font le lit de l’ultra libéralisme et la gloire du FMI et les combattre courageusement sur le terrain politique.
Tout est dans la nuance
Je souhaite que les propos de Stéphane Hessel participent à une indignation générale et grandissante mais également que les citoyens aillent jusqu’à s’approprier les droits de l’homme comme par exemple le droit au travail, et non pas le droit... de travailler (Traité de Lisbonne) ainsi que tous les autres droits qui sont à la peine en ce moment sous la férule des agences de notation américaines.
Crédit photo - A.Hell
[1] ..."L’extrémisme est fatalement irrationnel, car il est déraisonnable de supposer qu’une transformation totale de l’organisation de la société puisse conduire tout de suite à un système qui fonctionne de façon convenable. Il y a toutes les chances que, faute d’expérience, de nombreuses erreurs soient commises [...] Ainsi, l’esthétisme et l’extrémisme ne peuvent conduire qu’à sacrifier la raison pour se réfugier dans l’attente désespérée de miracles politiques. Ce rêve envoûtant d’un monde merveilleux n’est qu’une vision romantique. Cherchant la cité divine tantôt dans le passé, tantôt dans l’avenir, prônant le retour à la nature ou la marche vers un monde d’amour et de beauté, faisant chaque fois appel à nos sentiments et non à notre raison, il finit toujours par faire de la terre un enfer en voulant en faire un paradis."
Karl R. Popper Philosophe libéral et membre fondateur de la société du Mt Pélerin