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Le studio photo amateur
dimanche 9 juillet 2023, par
Survol du matériel photo et environnement logiciel. Utilisation.
Différents aspects de la prise de vue en studio
- Espace de travail
- Boîtiers et objectifs
- Eclairage
- Pieds et supports
- Fonds
- Connectique
- Logiciels
C’est incroyable de constater combien de matériel ou d’accessoires on peut utiliser en matière de prise de vue en studio. (Je vous donnerais ma liste personnelle dans la suite de l’article).
A l’extérieur, on ne se préoccupe en principe de la lumière que pour l’exposition. Peut-être de temps à autre un bref éclair pour réaliser un « fill-in » (débouchage des ombres lorsque la lumière solaire est forte). Mais guère plus.
Dans notre studio, ou du moins ce qui en fait office, nous « fabriquons » notre lumière nous mêmes ce qui demande beaucoup plus de travail et un matériel adapté.
Choisir une focale demande réflexion. Positionner le sujet également. La meilleure position sera celle qui mettra en valeur le sujet et qui permettra de l’éclairer avec une bonne répartition des lumières. Ensuite, trouver un angle de vue exploitable (horizontalité - plongée - contre plongée) demande aussi d’effectuer des essais multiples. L’angle choisi doit être correctement maîtrisé car il peut selon les cas allonger votre sujet ou au contraire l’écraser. Enfin pour terminer, après s’être décidé pour telle ou telle solution, nous aborderons l’étape la plus délicate : L’éclairage du sujet.
Eclairage continu ou flash ? Un premier choix à faire. L’éclairage constant est plus adapté aux petits objets qu’aux grands au risque sinon (celui d’un portrait en pied par exemple) d’avoir à utiliser des puissances lumineuses beaucoup plus importantes comme les lampes de studio de plusieurs centaines de watts. Son utilisation pour la photo d’objet présente l’avantage d’une appréciation en temps réel de l’éclairage en construction. Certains modèles de flash cobra utilisent des lampes pilotes, (multi éclairs très rapprochés) qui anticipent le résultat de l’éclairage mais cela n’est pas vraiment opérationnel ni concluant et les piles sont fortement sollicitées.
Pourtant depuis que l’image a été numérisée et que son affichage est instantané il est devenu très facile en travaillant au flash de contrôler son éclairage par des essais « approchants » et de rejeter au fur et à mesure du travail les prises de vues non abouties. Ce qui ne coûte rien.
Autrefois les photographes « argentiques », confrontés au même problème, tiraient plusieurs Polaroïds de contrôle (développement ultra rapide N&B et sortie sur le même appareil) avant de prendre une photo correctement éclairée et exposée avec leur boîtier professionnel. (Moyen format ou chambre).
Il est également beaucoup plus facile à l’heure actuelle de contrôler l’évolution de son travail en visionnant sur grand écran et en temps réel le « live view » (écran arrière) de votre boîtier par une liaison HDMI. (Et le logiciel ControlmyNikon décliné également pour d’autres marques d’appareils). La définition restituée sur votre écran d’ordinateur n’est malheureusement que celle de l’écran de votre boîtier (un peu plus de 1 Mpx) mais cela aide considérablement le travail de correction et de mise au point de l’éclairage.
Nous n’avons donc plus aucune excuse pour tirer une photo ratée !
L’éclairage au flash
Il existe des monceaux de littérature à propos de l’éclairage au flash. Ce qui peut être intéressant ici sans faire le tour de ce vaste sujet : Evoquer les différentes façons de moduler la lumière des flashs.
On pense immédiatement à la puissance, le fameux « nombre guide » qui donne une idée de la portée du flash. Cette puissance peut être réglée très finement. Avec les flashs récents le réglage de la puissance de l’éclair en mode manuel varie de 1/1 à 1/128 soit 22 intensités différentes.
Ce réglage de la puissance (CLS Nikon), à l’aide de trois groupes de flashs indépendants et d’intensité différente (aisément contrôlés sans fil et à distance) offre tant de possibilités qu’ils sont devenus quasiment indispensables. Le manuel de l’utilisateur, par contre, un vrai pavé, demandera pas mal de concentration à ce dernier car Nikon ne simplifie jamais rien !
Ce système miracle exige une pratique régulière et l’appréhension de toutes les commandes avant de le maîtriser complètement et cela demande un peu de temps. [1]
Le placement de ces flashs (position et distance au sujet) sera déterminant bien entendu mais il existe d’autres façons de faire et d’autres réglages intéressants. [2]
Eclair direct, diffusé ou indirect ? Mis à part quelques rares situations où l’éclair direct est préférable c’est la diffusion et la réflexion de la lumière qui permettent de moduler l’éclairage. [3] Il existe des tas de diffuseurs et de réflecteurs dont les meilleurs seront peut-être ceux que vous aurez bricolé vous-mêmes. A l’opposé, des coupe-flux ou « drapeaux » noirs, ont pour rôle de masquer la lumière de certaines zones ou bien soulignent les contours sur le verre.
On peut facilement bricoler pour la photo d’objet, une petite chambre blanche tel un cube de carton blanc ouvert devant sur une face et muni d’un diffuseur sur le dessus. Il en existe en tissus diffuseur dans le commerce.
Une boîte à lumière suffisamment grande, placée au-dessus du sujet servira la plupart du temps d’éclairage principal. Un pied girafe pour la soutenir ne sera pas un luxe...
De même que des supports sont nécessaires pour le placement du boîtier et des flashs, d’autres sont incontournables pour le placement de la boîte à lumière, des diffuseurs ou des caches (coupe-flux). Leur orientation dans l’espace peut changer un éclairage du tout au tout. Il faut donc installer ces accessoires sur des supports adaptés. Pour faire bref, il faut pouvoir fixer fermement tous ces matériels en position et être en mesure de les déplacer ou de les réorienter facilement lors des corrections de position et d’éclairage. [4]
L’éclair lui-même peut être dirigé à la source par des accessoires montés sur le flash : parapluies (translucides ou réfléchissants), réflecteurs, diffuseurs, adaptateurs spots ou nids d’abeille. La température de couleur d’un flash, assez froide, peut nécessiter l’utilisation de filtres colorés. La prise de vue créative aussi.
En croisant toutes ces options avec les vingt-deux incréments des trois groupes de flashs on obtiendrait un nombre incroyable de combinaisons, celles ci pouvant elles-mêmes se décliner en de nombreuses possibilités ! N’oublions pas que l’éclairage du fond (et sa position par rapport au sujet) eux aussi doivent être maîtrisés ainsi que la netteté ou le flou de celui ci. Rien ne vous sera épargné en définitive avant de réussir cette prise de vue en studio !
Toutefois il est conseillé, au départ de ne mettre en place qu’un seul flash [5] (éclairage principal) en utilisant au besoin des réflecteurs et de ne rajouter qu’ensuite d’autres flashs en tant que sources secondaires ou éclairage du fond. On peut se baser pour cette installation sur le principe de l’éclairage du jour dont la lumière provient du haut à quarante cinq degrés. Cet éclairage principal doit être bien lisible.
Éclairer un sujet consiste à équilibrer les lumières entre clair et foncé sans laisser de zones surexposées ou, au contraire, dans une ombre trop dense. Il faut rendre visible ce qui doit l’être. La zone qui demande à être mise en valeur doit évidemment être bien éclairée. Il est également difficile parfois de maîtriser les ombres projetées disgracieuses. (Sur fond clair par exemple). On peut les « éteindre » à l’aide d’un flash judicieusement placé. De nombreux essais sont souvent nécessaires.
La richesse de cette élaboration de l’éclairage, même si elle est exigeante, consacre l’art du photographe à l’image de celui d’un artiste peintre dont les pinceaux seraient constitués de lumière. [6] La photo de studio consiste à rechercher, à modeler, longtemps s’il le faut, l’éclairage le plus harmonieux, le plus créatif, ou celui qui mettra le mieux le sujet en valeur, d’une façon naturelle et sans que soit perceptible par le spectateur le travail qu’il a fallu pour y parvenir !
Dans la suite de cet article, je vous présente le matériel que j’utilise pour mes travaux de studio. Vous n’y trouverez pas de ces gros flashs de studio à générateur réservés aux professionnels. Personne ne pourrait donc photographier une voiture en intérieur avec mon matériel ! [7] Pourtant les flashs « cobra » sont parfaitement adaptés aux sujets plus petits. Et vous y trouverez quantité de supports, trépieds, pinces, bras magiques etc. indispensables dans la pratique pour le confort de travail.
Un jeu de cartons pliables à 90°, noirs d’un côté et blancs de l’autre serviront souvent à entourer les objets de réflecteurs blancs ou de drapeaux noirs. [8]
Les débutants en photographie de studio et en macro pourront toutefois démarrer avec un matériel moins pléthorique et de leur marque préférée !
[9]
L’espace de travail
L’unique contrainte consiste à pouvoir obturer les ouvertures de la pièce pour travailler dans une ambiance qui n’interfère pas avec les lumières « contrôlées » de la prise de vue. Eviter les murs ou plafonds colorés. (Cette image est un contre-exemple !).
Pour le reste, un plan de travail stable et sur le rebord duquel il sera possible de fixer des supports suffira.
Les boîtiers
Selon le matériel disponible de chacun mais à objectifs interchangeables.
Les miens :
- Nikon DF (16 Mpx)
- Nikon D750 (24 Mpx)
- Adaptateurs secteur pour les deux
- + un Smartphone (Pour la photo de plateau) [10]
Les objectifs
Ceux que j’utilise pour le studio (format 24x36) :
- Portraits et objets > Nikkor-Q Auto Ais 135mm f/2,8
- Maquettes et plans larges > Nikkor Ais 24mm f/2
- Vues standard et macro > Micro Nikkor-P Auto Ais 55mm f/3,5
- Objectif d’agrandisseur Componar Schneider f/4,5 - 50 mm
- Objets et macro > Micro Nikkor AF 105mm f/2,8 D + Bagues allonge connectées (3)
- Macro fort grandissement > Soufflets PB6 et son extension PB6 E
L’éclairage
Mon système flash :
Système CLS de Nikon permettant de contrôler sans fil trois groupes de flash avec des réglages différents. Chaque groupe peut comporter facilement trois flashs, voir plus.
- Nikon SB 900 (1)
- Nikon SB 800 (2)
- Nikon SB R 200 (3) Petits flashs macro
- Nikon SU 800 (1) (contrôleur)
- Piles AA rechargeables (32) et chargeurs (2)
En complément un Starblitz 2000 BTZ muni d’une cellule de déclenchement à l’éclair. [11]
Accessoires divers installés sur le flash :
- Base magnétique caoutchouc
- Snoot caoutchouc Selens magnétique (éclairage spot 4 focus différents)
- Jeu de filtres colorés Oga sur cadre magnétique
- Grilles nid d’abeille réglables
- Bols diffuseurs Lambency
- Mini diffuseur sur griffe flash
- Réflecteur Rogue sur flash
- Parapluies photo (3)
Pour l’éclairage en continu :
- Torche halogène 1000 W [12]
- Ancien projecteur de diapositives (pour son faisceau lumineux)
- Table lumineuse pour lecture de diapositives et négatifs (éclairage sous objets)
- Deux Leds Godox 36 sur piles pour l’illumination de la mise au point en macro.
- Eclairage continu pour petits objets : Système Adaptalux de LEDS réglables sur flexibles orientables et contrôlées par une appli mobile.
Diffuseurs non installés sur le flash :
- Boîte à lumière Godox 60x60
- Panneaux rigides translucides (2)
- Différents diffuseurs en polystyrène
- Mini disque diffuseur blanc/argent
Pieds et supports
- Bras girafe avec contrepoids (1)
- Pied d’éclairage avec frein pneumatique (1)
- Trépieds Manfrotto (2)
- Autres trépieds (2)
- Trépied pliant chevalet de peintre en bois
- Base Dolly pour pied photo avec roulettes (1)
- Pieds légers de 2 m et barre de bois (1m80) pour support de fond (2)
- Petits bras magiques avec socle pesant (3)
- Grand bras magique Manfrotto 244 N (1)
- Grand bras articulé (1)
- Pied Manfrotto coulissant sur pince de table (1)
- Mini trépieds éclairage (2)
- Tête trois D (1)
- Tête deux D à ajustement millimétrique (1)
- Rotules grande et petite (2)
- Plateau avec rail coulissant (1)
- Plateau avec rail coulissant micrométrique (1)
- Grand plateau 20x30 cm à fixer sur pied photo (1)
- Têtes porte flash inclinables + porte parapluie (3)
- Différents systèmes de fixation, adaptateurs filetés et spigots
- Pinces de table avec spigots (3)
- Clips Friol « cold shoe » pour sabot de flash (2)
- Tête panoramique avec niveau (1)
- Pinces Smallrig (2) pour fixation et orientation (diffuseurs - caches)
- Plateau à micrométrie verticale (1)
- Plateau élévateur 15x15 cm - H = 25cm (1)
- Potence d’agrandisseur modifiée (1)
- Extension pour flashs macro Agnos (1)
Les fonds
- Rouleau de papier blanc
- Différents panneaux rigides blancs ou foncés
- Tissus noir 2x3 m
- Mire à 45° pour visualiser la profondeur de champ
La connectique
- Câble HDMI 4,60 m (connexion boîtier/écran)
- Câble Nikon I-TTL (connexion flash/boîtier par fil)
Les logiciels
Adobe Photoshop 25.5.0
Lightroom Classic 13.2
ControlmyNikon (macro stacking et affichage live view sur PC)
Zerene Stacker (pour les empilements macro)
Appli Androïd Adaptalux (Modulation sur Smartphone des éclairages leds)
XnView MP (visionnage)
Etalonnage couleur
Pour écran : Sonde SpyderXPro
Pour boîtier : Charte colorée et logiciel Spyder Checkr
Pour conclure
Cette énumération un peu fastidieuse de matériel photo, de logiciels, de bricoles de toutes sortes, peut sembler rebutante à priori. Mais une fois le matériel de base acquit et quelques euros plus loin, [13] on s’apercevra que l’élaboration patiente d’une image de studio, avec ses installations, ses bricolages, ses tâtonnements et ses ratages n’ont pas leur pareil pour affuter le regard et apprendre à voir un objet plutôt que simplement le regarder. Au cours du travail du photographe de studio, la lumière qu’il met en place révèle par étapes successives la beauté, précédemment masquée peut-être, d’un objet ou d’un visage.
Il faudra parfois une séance complète pour s’apercevoir que l’on a pas capté cette beauté malgré le temps que l’on y a consacré. Alors, ce sera pour une autre fois ! Le pêcheur à la ligne connait lui aussi la bredouille de temps en temps...
L’éclairage d’objets en studio est un domaine passionnant pour le dilettante qui n’a pas lui, à honorer une commande dans l’urgence et peut donc se permettre de gaspiller son temps à bon escient.
Fiat lux ! Et à présent à vos flashs !
[1] D’autant plus que les commandes du SB 900 diffèrent complètement de celles du SB 800 et du contrôleur SU 800.
[2] A gauche cette photo d’une batterie a été prise en 31 vues en décalant à chaque fois de quelques millimètres la zone de netteté. Ensuite l’image, nette sur tout l’objet a été recomposée par le logiciel Zerene stacker.
[3] C’est la même chose en prise de vue à l’extérieur où l’on préfèrera, pour un portrait par exemple, une lumière douce diffusée par les nuages à un grand soleil et sa lumière violente qui accentue trop fortement les contrastes.
[4] Les pieds à pinces articulés (ou « bras magiques »)
montés sur une base métallique pesante (à bricoler) font merveille pour orienter flashs et réflecteurs « aux petits oignons ».
[5] Ce peut être aussi un groupe de flashs positionnés et orientés de la même façon dont les puissances s’additionnent.
[6] Photographie veut dire : Dessin de lumière.
[7] A l’aide de quatre flashs cobra j’ai pourtant réussi cette vue d’intérieur en vitesse lente
afin de capter également la lumière du jour par la baie vitrée. Le plus difficile a été de supprimer les ombres portées indésirables.
[8] Bricoler des installations bancales à longueur de temps peut vite devenir lassant ; il faut donc s’équiper avec des accessoires faciles à utiliser.
[9] Au fur et à mesure que mes moyens me le permettaient, j’ai fait l’acquisition du matériel présenté ici. Cela m’a donc demandé pas mal de temps et je confirme à l’intention de mes chers lecteurs que je ne suis ni un influenceur ni l’agent d’aucune marque que ce soit...
[10] Exemple de photo de plateau :
[11] Ces petites cellules se raccordent aux flashs et se déclenchent « à l’éclair ».
Cela permet d’intégrer d’autres flashs, plus anciens, non compatibles au système CLS de Nikon en les réglant indépendamment des autres. (Il ne faut pas oublier de déprogrammer les pré-éclairs des autres flashs qui risqueraient de les déclencher intempestivement).
[12] En éclairant un plafond blanc par exemple il devient possible de diaphragmer d’avantage ce qui augmente la profondeur de champ. Mais cette torche puissante, non refroidie, ne peut fonctionner que quelques minutes d’affilée. Gain = 4 IL ou indices de lumination. (Ou encore mieux : Quatre « diaphs » pour les initiés).
Personnellement j’ai fixé devant un petit ventilateur à pince afin de refroidir la lampe ce qui fonctionne très bien. Cela permet aussi de pouvoir régler manuellement la netteté en « zoumant » sur l’image de l’écran arrière car lorsque l’on diaphragme à f/22 par exemple cet écran est noir sans une source lumineuse d’appoint permanente et puissante. Ensuite je l’éteins et les flashs prennent le relais.
[13] Pour débuter trois flashs cobra et des diffuseurs peuvent convenir. On trouve d’ailleurs d’excellent flashs d’occasion.