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Les réseaux sous influence

jeudi 28 janvier 2021, par grand-Pierre

Sympathiques blogueurs ou professionnels patentés, les influenceurs sont porteurs des stratégies marketing des marques au risque de dénaturer leur authenticité et de se décrédibiliser.

Influence d’Instagram - Exemple de la rue Crémieux

L’influence d’Instagram peut se révéler également ravageuse en matière de tourisme de masse, voir même détruire quelquefois des sites, pour l’acquisition d’un "post" unique à l’instar des hordes de chercheurs d’or d’autrefois, écumant leur concession sans aucuns scrupules ni éthique environnementale. (Source sharing.agency)

La rue Crémieux dans le 12ème arrondissement de Paris en est un bon exemple avec une véritable pollution par les "instagrammeurs". Ceci au grand dam des riverains, avec invasion de photographes, de contorsionnistes, de danseurs, venus pour réaliser là un cliché à poster. Les riverains réclament la fermeture de la rue en soirée et en WE. (le hashtag "#ruecremieux" enregistre + de 30 000 mentions !) (Source bfmtv)

Blogueur/influenceur un métier ?

Il était bien évidemment trop tentant pour le marketing d’utiliser l’audience et la crédibilité des blogueurs à des fins publicitaires. Entre nano et macro influenceurs, toutes les configurations sont envisageables, depuis le jeune étudiant blogueur (ou vlogueur) gagnant quelques dizaines d’euros en se mettant au service d’une marque, jusqu’à Christiano Ronaldo, le joueur de foot qui a plus gagné avec ses posts l’an passé qu’avec ses prestations sur le terrain. (Source cosmopolitain.fr) [1]

Parfois les influenceurs sont inscrits sous le statut d’auto-entrepreneur comme les "uber" et vivotent de leurs prestations. Ils sont quelquefois aussi les mal aimés du Web et à ce titre harcelés jusqu’à devenir parfois sérieusement déprimés.

En principe, toute rémunération doit être liée à un statut juridique de l’influenceur. Mais cela ouvre la porte aux avantages en nature de toutes sortes qui récompensent les blogueurs : Dons de produits à tester - voyages - restaurants - bijoux etc.

Pourtant on pourrait penser que trop d’influences nuit et risque de tuer la confiance que les internautes accordaient auparavant à leurs blogueurs ou à leurs "posteurs" favoris. Ce qui ne serait tout compte fait qu’un juste retour des choses...

Un marché important

Le chiffre d’affaire annuel en France des influenceurs de toute catégorie est estimé à 150 millions d’euros. Ils sont loin les débuts d’Internet et l’esprit collaboratif qui y régnait alors. Il a été depuis largement défloré par le marketing. Les réseaux sociaux ne sont pas épargnés et que ce soit Instagram (1 Mrd d’utilisateurs), Facebook, Twitter, YouTube, LinkedIn ou Pinterest, tous sont susceptibles d’avoir partie liée avec les annonceurs.

Les influenceurs peuvent d’ailleurs être directement inclus dans une stratégie de communication digitale et des agences marketing comme Hivency par exemple, propose sur son site de vous les dénicher :

Hivency > La plateforme qui réunit consommateurs et marques autour d’avis authentiques !
"Favorisez la découverte de vos produits et augmentez votre notoriété grâce à l’authenticité des micro-influenceurs, des ambassadeurs de marque et des avis consommateurs. Construisez une image de marque solide tout en créant une communauté engagée." (Source hivency.com/fr)

Avantages pour les marques

Des sondages ont révélés que 75% des acheteurs d’un produit avait préalablement vu un "post" ou un blog présentant ce produit. Le bouche-à-oreille à grande échelle représente donc une opportunité incroyable pour la com ! Les "bons" influenceurs sont des leaders d’opinion dont l’audience est parfaitement mesurable. En effet Il existe un système de traçage connectant les données Analytics Google de l’influenceur à la marque cliente ou à son agence afin de contrôler l’impact publicitaire effectif. Cela explique que l’on vous réclame un pouce levé après votre visite vidéo !

Les blogs à audience limitée peuvent représenter un bon investissement pour des produits très ciblés concernant des communautés restreintes. Pour les gros afficheurs d’audience, ils toucheront plus de monde mais de façon peut-être moins performante.

Ventes : La méthode Tupperware

Déjà dans les années soixante-dix, avait été utilisée la vente par parrainages et réunions privées incluant des proches et des amis. De cette façon, ce n’était plus la marque elle-même qui martelait ses propres slogans mais ses arguments "infusaient" au travers du réseau privé constitué par les consommateurs eux-mêmes, devenus acteurs et agents publicitaires. Un système pyramidal récompensait (plutôt mal d’ailleurs) les meilleurs réseauteurs.

Avec les influenceurs, il s’agit de la même façon d’installer la pub au sein des réseaux de consommateurs en contournant les préjugés que ceux-ci pourraient avoir concernant la crédibilité de la communication propre de ces marques.

Et allez... Tournez manège !

Pas grand-chose de révolutionnaire donc dans cette nouvelle stratégie marketing sauf que ces pauvres influenceurs, achetés par les marques ont dû depuis, à leur corps défendant, se débarrasser de leur conscience, pour autant qu’ils en aient jamais eu une.

Il y a toutefois certains blogueurs qui affichent la couleur et reconnaissent qu’ils testent des appareils à la demande des marques. Mais qui va prouver que ces tests soient objectifs ?

Un peu comme à l’instar des religions : Pour que cela marche il faut y croire ! Mais comment, même en y mettant de la bonne volonté, penser que les tests ou bien les fameux avis des consommateurs ne sont pas non plus orientés ou manipulés ? Les influenceurs sont donc en partie responsables de la défiance que nous éprouvons actuellement lorsque nous cliquons n’importe où que ce soit sur le Word Wilde Web.

Il faudra certainement qu’un de ces jours les marqueteurs trouvent encore une autre formule pour écouler leurs productions même si, à l’aide de leurs influenceurs, ils font l’économie d’une part importante de leur budget communication. Et, par les temps qui courent cela vaut quand même la peine d’y réfléchir.


[1Les nano-influenceurs gagne jusquà 120 € par post tandis que les comptes qui possèdent plus de 500 000 followers peuvent être rémunérés jusqu’à 20 000 € par post. Kim Kardashian (Présentatrice télé américaine aux 151 millions d’abonnés) touche entre 250 000 et 450 000 € par post (Source blogdumoderateur.com)