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La guerre de l’eau a commencé à Gignac

lundi 11 décembre 2017, par grand-Pierre

Si les sabres ne sont pas encore sortis du fourreau, la tension est malgré tout palpable entre le syndicat du Bas Languedoc et la chambre d’agriculture de l’Hérault lorsqu’il s’agit de se partager la flotte !

Un déficit qui s’installe

Pour irriguer les vignes ou pour revendre de l’eau potable il faut une ressource abondante et gratuite. Or les sécheresses estivales deviennent au fils des années de plus en plus sévères et le déficit hydrique s’installe.

Le bassin versant du fleuve Hérault pour sa part ne dément pas cette vérité première et enregistre un déficit de 937 000 m3 pour les mois d’étiage, déficit mettant en danger la vie biologique du fleuve et de ses affluents. Le problème étant que le régime typique des fleuves méditerranéens alterne la plupart du temps entre des crues dévastatrices et des étiages sévères.

Si les espèces indigènes parviennent à supporter ces aléas d’une saison sur l’autre et de manière résiliente, il est un seuil en-dessous duquel la vie du fleuve serait menacée et où tout le fragile équilibre biologique ne pourrait résister au manque d’eau, aux pollutions diverses et au réchauffement du milieu.

Besoins exponentiels

Des mesures sont prises pour "réaliser des économies d’eau" mais vont hélas souvent de pair avec un accroissement des besoins des populations et des surfaces à irriguer. Ces besoins, toujours en augmentation pour les terrains nouvellement urbanisés et destinés à répondre à une demande croissante (ou à anticiper cette demande) sont plus importants en saison estivale, période où la ressource est la plus faible. De même pour l’irrigation des terres à vignes assoiffées.

L’eau va devenir une ressource précieuse et moins abondante. Mis à part le président américain, tout le monde à peu près semble aujourd’hui convaincu de la réalité scientifique du réchauffement de notre atmosphère, des océans et des glaces et des conséquences dramatiques que cela peut engendrer dans certains endroits de la planète.

Etre convaincu de cela et agir en conséquence sont deux choses différentes. Les viticulteurs de l’Hérault et le Syndicat du Bas Languedoc, tout en jurant les grands dieux qu’ils font tout pour économiser l’eau réclament des autorisations de prélèvement toujours plus importantes !

Le prélèvement actuel en zone aval du fleuve s’élève à 24,6 millions de m3. (Zone amont = 1,3 Mm3 seulement). Un volume supplémentaire de 5 Mm3 est demandé pour l’eau potable et de 6,4 Mm3 pour l’irrigation. Les arguments des acteurs de l’eau sont toujours les mêmes : Sans augmentation des volumes prélevés l’impact économique serait catastrophique...

La réserve du Salagou va donc être mise à contribution et sollicitée au maximum de ses possibilités pour alimenter la Lergue et l’Hérault.

Là ou l’état pourrait faire acte d’autorité

Cette surenchère ne fera pourtant pas pleuvoir d’avantage, ce que souligne le représentant de l’état présent à la Commission Locale de l’Eau à Gignac. Il est prolixe de ses excellents conseils afin d’adapter, non point la ressource aux besoins, mais plutôt les besoins à une ressource en diminution constante.

Il parle d’or aux délégués présents mais l’état a malheureusement abandonné l’arbitrage final à la CLE, un peu à la façon d’un Ponce Pilate alors que dans ce domaine précis il devrait imposer la règle et ne pas laisser les utilisateurs se disputer sans fin cette ressource si fragile au profit de leurs seuls intérêts.

Y aura-t-il encore assez d’eau dans quelques temps pour qu’il puisse s’en laver les mains ?