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La science et la technique pour sauver la planète ?

jeudi 19 octobre 2023, par grand-Pierre

La fusion nucléaire pourra-t-elle sauver l’humanité ?

Dérèglement climatique mais pas que !

D’après de très nombreux spécialistes, le dérèglement climatique n’est que l’un des aspects de ce qui menace notre humanité dans un avenir toujours plus proche.

J’ai bien dit : Notre humanité et non pas la planète qui par le passé a connu de nombreuses phases de réchauffements et de glaciations et qui survivra encore des milliards d’années (autant que notre soleil) aux mammifères que nous sommes.

L’effondrement en cours de la biodiversité (c’est à dire concernant la survie de très nombreuses espèces végétales et animales) est encore plus préoccupant que le réchauffement du climat. La plupart des gens, lorsqu’ils pensent à la forêt, se représentent de grands arbres séculaires. Ce qu’ils ignorent le plus souvent c’est qu’une forêt héberge plusieurs millions d’espèces animales, végétales et bactériennes, sans oublier les champignons qui se situent dans le classement intermédiaire, entre les animaux et les végétaux.

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Une petite planète en danger

Cette biodiversité est interconnectée souvent et interdépendante toujours. Si l’on brise ces liens interspécifiques cela équivaut à scier la branche de la vie. La biodiversité constitue l’aboutissement de plusieurs millions d’années d’évolution et l’équilibre qui en résulte est si complexe et interagit sous tellement de formes différentes que l’activité humaine, dévastatrice et presque instantanée par rapport au cycle plurimillénaire de l’évolution, risque de le déstabiliser gravement. En effet, l’adaptabilité à un environnement en évolution caractérise la vie au sens darwinien du terme ; si on ne laisse pas à la nature le temps long et suffisant de l’adaptation, les espèces disparaissent pour toujours. [1]

Cette biodiversité est ici !! Celle qui relie les arbres entre eux par le mycélium des champignons ; celle qui décompose les feuilles et les bois au sol avec les champignons (encore eux) et les innombrable bactéries ; celle des végétaux qui, à l’aide des billions de photocapteurs chlorophylliens donnent la vie à notre planète et lui fournissent son oxygène. Celle encore des milliards de vers de terre (une tonne par hectare) qui enrichissent et aèrent nos sols et façonnent au fil des siècles nos rondes collines ; des oiseaux qui disséminent les graines des plantes, qui assurent la fécondation des fleurs et qui sont si beaux à regarder ; des insectes, cette classe la plus importante des animaux, indispensable au fonctionnement de l’écosystème naturel. Celle ensuite des brouteurs qui ouvrent les espaces et permettent aux espèces nouvelles de germer ; celle des prédateurs qui font le ménage des animaux malades ou vieillissants et entretiennent ainsi la tonicité des espèces.

L’univers aquatique ou marin, beaucoup plus ancien que le nôtre, (nous en sommes issus) procède de la même interconnexion du vivant depuis le micro plancton et les algues jusqu’au cachalot et la baleine bleue (50 tonnes).

J’aurais pu évoquer aussi en parlant des vers de terre les innombrables habitants du sol qui recyclent la litière indéfiniment et transforment les organes morts en sels minéraux réutilisables ; macros ou microscopiques ces habitants sont aussi indispensables à la vie que la photosynthèse elle-même. Et les mouches ? [2] Sans elles nous serions recouverts par nos propres déchets organiques et de plus elles constituent une réserve de nourriture pour d’autres espèces.

Une disparition silencieuse

Mais malheureusement la vie (c’est à dire la biodiversité) est en phase d’effondrement. Une extinction parfaitement silencieuse, ce qui ne concerne que de très loin les médias qui sont accoutumés au bruit et au battage plus qu’au silence ! Pas de bruit, pas d’information. C’est simple comme tout. Il est plus vendeur de discuter à longueur d’antenne de la dernière canicule.

Les causes de cet effondrement sont identifiées depuis longtemps : Climat en (trop) rapide évolution - pollution de l’air, des mers et des sols - démographie - urbanisation - déforestation - surpêche - élevage monospécifique intensif - transport et délocalisation des espèces (air-mer) - incendies - braconnage - guerres.

L’astrophysicien Aurélien Barrau, auteur de « l’Hypothèse K - Ed. Grasset » s’inquiète à propos des solutions envisagées pour sauver la planète et notamment de la fusion nucléaire [3] dont les recherches avancent et sont développées (entre autre) dans le centre international « Iter » de Cadarache (Bouches du Rhône)

Si elle était parfaitement maîtrisée, ce qui n’est pas encore le cas, la fusion serait une énergie accessible car abondante et de plus une énergie propre. Elle ne produirait pas de CO² et donc pas de réchauffement climatique. Nous pourrions alors tous rouler, voler, nous chauffer et climatiser à volonté sans problème.

Reporter les problèmes à demain

Mais Aurélien Barrau nous met en garde : « Dans l’état actuel de nos désirs et de nos valeurs, il ne fait aucun doute que cette énergie serait utilisée pour amplifier le gigantesque chantier de destruction systématique du vivant, du fragile et du précieux - Loin de constituer une solution miracle, disposer d’une énergie propre et abondante contribuerait tout à l’inverse à décupler la catastrophe - La production foisonnante d’objets, de programmes, de véhicules et de gadgets serait alors infinie ».

Aïe ! Dès qu’une solution se profile un nouveau questionnement se pose. Et de taille ! Aurélien Barrau a vu juste et semble bien connaître le logiciel des investisseurs par rapport au danger climatique : Pas de CO² d’accord (cela peut représenter une perte importante pour l’économie), mais trouvons vite comment produire plus. Produire et vendre toujours plus. Encore plus et plus facilement !

Ce n’est donc pas sur une telle économie qu’il faut compter pour que notre espèce survive au XXIIème siècle...

Un nouveau centre de recherche international sera peut-être nécessaire pour comprendre les impératifs du vivant et réorienter notre mode de vie, afin qu’une confusion ne se produise plus entre la fusion et l’avenir de l’homme qui réside, s’il veut survivre, dans une biodiversité florissante !

(Article source ayant inspiré celui-ci : Le Canard enchaîné - 18/10/2023 - « Trente secondes pas plus - Jean Luc Porquet »

Note : Le premier article de ce blog en 2007 était intitulé : La biodiversité en danger. Depuis j’en ai écris 431 sur différents sujets sans que le problème de la biodiversité qui s’effondre ne soit résolu... Faudra-t-il que j’en écrive 400 de plus pour que les choses s’améliorent ?


[1Ce système, basé sur la génétique, la finitude des individus et des espèces et la reproduction, fonctionne parfaitement puisque nous sommes là ! Mais il est nécessaire de lui laisser le temps de l’adaptation pour évoluer au cours des générations ce qui n’est plus le cas avec notre anthropocène destructrice à grande vitesse de l’environnement...

[280 000 espèces dans le monde.

[3Ne pas confondre avec la fission actuellement en exploitation