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La polémique de Sandrine Rousseau et le port du voile
samedi 8 octobre 2022, par
Polémique. Ce serait-y devenu un art de vivre ?
Les médias et le buzz
Léon, paysan breton, traie ses quatre vaches, boit son bol de cidre et va se coucher car il lui faudra se lever avant le soleil demain matin.
Cette info n’a pas grand-chance de faire le buzz médiatique. De même que ces fameux "morts / kilomètres", hiérarchie médiatique évaluant distance et nombre de victimes et qui dévalue l’impact dans la presse de ceux qui meurent au loin même s’ils sont nombreux.
Sur informés, nous le sommes. Les infos sélectives, nous les avons tous les jours. Pour les infos objectives c’est différent : Un vrai cas d’école pour les jeunes journalistes de ce qui est impossible en matière d’information. A l’impossible nul n’étant tenu.
Il reste le BUZZ, imputé à ses acteurs, (personnalités, personnels politiques, noblesse d’état etc.), mais abondeur de recettes substantielles et d’audience pour les médias.
La polémique
Notre brave Léon, cité plus haut, n’entretenait aucune polémique, même avec ses vaches, et n’intéressait donc que peu de gens. Mais le moindre mot, la moindre des déclarations publiques d’un personnel politique ou d’un acteur public font le BUZZ et sont exploités si son discours se prête tant soit peu à la polémique.
Les médias contemporains sont confrontés à des difficultés pour certains et à la concurrence pour tous. La publicité réclame toujours plus d’audience. Une polémique au niveau national représente l’instrument, vecteur d’audience par excellence, ceci au détriment d’une info équilibrée et strictement objective.
Sandrine Rousseau et le voile
Sandrine Rousseau (députée EELV) déclarait (imprudemment) il y a quelques temps que le port du voile en France pouvait être compris par les femmes qui le portait comme un "embellissement". Bref un accessoire au service de la mode ou de leur beauté.
Depuis les femmes iraniennes qui manifestent contre le port du voile obligatoire subissent une féroce répression et se font massacrer par la police du régime.
Sandrine Rousseau s’est faîte huer par la foule lors d’une manifestation de soutien aux femmes iraniennes à Paris. Les médias se sont emparés de cette contradiction apparente entre la réalité en Iran et les propos antérieurs de Sandrine Rousseau. "L’islamo-gauchisme" supposé de ceux-ci serait-il la pire trahison des combats pour l’émancipation des femmes ?
La polémique s’est invité dimanche dernier au sein de l’assemblée nationale et une intervention d’Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance, sur la maltraitance féminine a déclenché une agitation (peut-être concertée à droite) lorsqu’elle à décoché ses flèches vers la Nupes [1] et ses leaders accusés par des femmes maltraitées et à travers la voix de Sandrine Rousseau qui dénonçait son collègue Julien Bayou pour des faits de harcèlement moral sur une ancienne relation. (Faits non établis judiciairement).
J’ai consulté plusieurs sources d’information histoire de mieux comprendre les dessous de cette polémique. Prêt d’ailleurs moi-même à condamner sans appel madame Rousseau le cas échéant.
Quelle est la logique sous jacente de cette histoire ? Je laisse de côté Sandrine Rousseau en tant que personne car ce n’est pas le sujet et je ne prends pas ici son parti. D’autres critiques la concerne dit-on mais cela n’est pas mon propos. Je cherche simplement à retrouver une logique dans ce déferlement à la fois fouillis et hystérisé.
Une polémique de temps à autre... Passe encore. C’est l’actu qui le veut. Mais cet acharnement médiatique à nous confronter aux conflits, aux désaccords haineux, aux clivages de toutes sortes, aux salades du microcosme parisien fini par impacter le moral des gens et tout le monde fini par déprimer ou, comme notre ami Lucky Luke, à dégainer plus vite que son ombre. Le conflit est désormais une nécessité incontournable pour être présent sur la scène médiatique.
Liberté ; la valeur que nous défendons tous
Mes recherches ayant finalement abouti, il m’a fallu reconnaître que la logique se trouvait bel et bien du côté de Sandrine Rousseau concernant le port du voile.
Elle s’en est expliquée sur une chaîne radiophonique, déclarant qu’elle était pour la liberté (et pas seulement celle-là) en Iran pour les femmes de porter ou de ne pas porter le voile et pour la liberté en France de le porter pour celles qui le souhaitait même si elle-même n’était pas favorable personnellement à cette pratique.
Je ne vois rien à redire à cela.
Je rappelle qu’en France la liberté de porter sur soi des signes religieux est totale en public excepté pour les agents du service public en fonction et les élèves de l’EN. [2] La seule chose que réprime la loi étant de se montrer nu en public mis à part dans les lieux dédiés à cette pratique ou de cacher son visage (Excepté pour des raisons sanitaires). [3]
Nos lois sur la laïcité sont-elles donc "islamo-gauchistes" ?
A cette occasion, les médias et les réseaux sociaux, ainsi qu’un radicalisme affirmé de certaines féministes lors de la manif de soutien aux femmes iraniennes, ont générés du conflit là où il n’y avait aucune raison à priori de le faire. Pour autant, les femmes iraniennes ne s’en trouveront pas moins maltraitées dans leur pays, que les françaises portent ou non le voile chez elles.
- Mahsa Amini victime de l’islamisme radical
Les manipulations diverses, qu’elles soient, politiques, médiatiques ou partisanes ne peuvent que distraire les consciences plutôt que les éclairer.
Sachons donc préserver la nôtre en avalant pas les infos toutes crues, surtout si elles sont présentées comme étant polémiques !
- Les ayatollahs se suivent et se ressemblent
[1] La députée LFI Danièle Obono a reçu un avertissement de la présidence de l’assemblée pour avoir twitté sa réponse un peu trop vertement...
[2] La loi de 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises interdit quant à elle « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » dans les écoles, collèges et lycées publics. Une circulaire précise par ailleurs que les signes visés sont « le voile islamique, quel que soit le nom qu’on lui donne, la kippa, ou une croix de taille manifestement excessive ». Les signes religieux discrets demeurent toutefois autorisés.
[3] « Lorsque l’on fait partie du personnel d’un service public (qu’il dépende directement de l’administration publique ou qu’il soit délégué à un organisme privé), que ce soit vis-à-vis des collègues ou vis-à-vis des usagers, l’on doit strictement respecter le devoir de neutralité car l’on ne représente pas son individualité mais bien l’administration publique neutre », développe le rapporteur de l’Observatoire de la laïcité.