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Sus scrofa - Un voisin encombrant

samedi 8 août 2015, par grand-Pierre

Le sanglier (Sus scrofa) est un mammifère omnivore, forestier, proche du porc. Le genre Sus appartient à la famille des Suidés, dans l’ordre des cétartiodactyles.
Sa femelle se nomme la « laie », les petits sont des « marcassins », les jeunes sont parfois appelés « bêtes rousses » et les mâles adultes des « ragots » à 2 ans, « tiers ans » à 3 ans, « quartaniers » à 4 ans, « solitaires » à partir de 5 ans.
Cette espèce abondamment chassée est aussi considérée comme une espèce ingénieuse, capable de développer des stratégies d’adaptation à la pression de chasse, ce qui lui confère parfois un caractère envahissant.
(Extrait du site Wikipédia)

Fauve ou charrue ?

L’arme la plus redoutable et redoutée du sanglier n’est pas, comme on aurait pu le penser, sa paire de défenses acérées et capable d’éventrer un chien d’un simple coup de tête. Non, l’arme du cochon est un instrument hypersensible, curieusement aplati en "butoir" et humide en permanence : le groin.

Animal fouisseur, il traque inlassablement tubercules, rhizomes, fruits (dont les glands et les noix), céréales, champignons (dont champignons à fructification souterraine tels que les truffes) ; de nombreux animaux : Vers, mollusques, insectes et leurs larves, petits mammifères, amphibiens, oiseaux morts ou vivants. S’il est affamé, il peut occasionnellement s’attaquer à un animal plus grand mourant, voire à une brebis en bonne santé, en particulier lors de la mise-bas. Il se montre volontiers nécrophage. (Source Wikipédia).

Cette activité soutenue peut, si le nombre d’animaux n’est pas trop élevé, se révéler favorable aux écosystèmes forestiers en dé-colmatant les sols et en servant d’agent disséminateur des graines et des spores. (Il peut parcourir des dizaines de kilomètres en une seule nuit). Ses laissées aussi véhiculent de nombreuses graines et enrichissent les sols en azote. Il contribue donc ainsi à l’équilibre biologique des milieux où il vit.

Déséquilibre

Malgré l’extension des périodes de chasse pour ce gibier, sa prolifération pose problème aux agriculteurs et maintenant aussi aux particuliers dont les jardins et les pelouses attirent cet animal gourmand et intelligent.

A qui la faute ?

De nombreuses théories concernant la prolifération de cette espèce sont avancées par les uns et les autres. La première étant bien sûr l’ensauvagement des parcelles qui ne sont plus utilisées ni entretenues. Glands et châtaignes sont désormais à disposition ainsi qu’une surface importante de bois disponibles au sein desquels l’absence d’activités humaines entretien la tranquillité du gibier.

D’autres accusent l’agrainage, cette pratique qui consiste à entretenir des places de nourrissage (maïs). Il faut savoir qu’il existe deux types d’agrainages : L’éloignement et le nourrissage. L’éloignement sert à attirer les sangliers aux places où ils ne pourront pas commettre de nuisances. Le nourrissage sert à les fixer auprès des postes de chasse. Mais ces pratiques, vu la grande disponibilité de nourritures naturelles, ne semble pas être à l’origine des surpopulations. A condition bien entendu qu’il ne soit pas pratiqué comme s’il s’agissait d’un élevage en milieu naturel !

Le "cochonglier" ou "sanglochon" a lui aussi ses partisans. L’introduction d’espèces reproduites en élevages serait à l’origine d’une dérive génétique des animaux sauvages par croisement. Ces derniers seraient devenus moins méfiants et s’approcheraient d’avantages des lieux humanisés. Les portées seraient plus nombreuses. Cela reste à vérifier sans doute.

Les truites sauvages (fario) par exemple, ne se reproduisent pas avec celles qui sont régulièrement introduites lors des périodes d’ouverture de la pêche. On a constaté que l’espèce locale établie dans le Coularou au Vigan avait conservée une pureté génétique très ancienne malgré ces pratique de ré-empoissonnement périodique. Mais on ne peut comparer truites et cochons.

Enfin il ne faut pas omettre d’évoquer les capacités stratégiques de l’espèce et son intelligence adaptative.

Placé un jour au-dessus d’un poste de battue, j’ai observé un sanglier rescapé qui venait d’échapper à des tirs ayant abattu son congénère. Il remonta la pente sur la pointe des pieds et repartit le plus discrètement possible en sens opposé à la battue, vers la vallée, comme aurait pu le faire en bonne stratégie un militaire surpris par le contact avec l’ennemi. Sa fuite n’avait rien de la panique mais représentait plutôt la meilleure des réactions pour assurer sa propre survie.

La chasse

Si le nombre de sangliers augmente, celui des chasseurs, lui, diminue d’environ 2% par an. Moins de passionnés, plus de contraintes et de frais expliquent peut-être cet état de fait. La facture des dégâts de gibier, réglée par les chasseurs, augmente chaque année le coût des timbres en répartissant des frais plus élevés sur des équipes moins nombreuses. C’est un peu le même problème que le financement des retraites !

Malgré l’extension importante des périodes d’ouverture accordée par les préfectures, se pose la question de la réalité de la régulation des sangliers par la chasse. Comme je l’ai signalé plus haut, l’accès à une nourriture variée et abondante conditionne la reproduction car l’espèce est capable de s’auto-réguler en fonction des possibilités de son environnement. Donc, tant que la nourriture sera disponible les sangliers se reproduiront et ceci d’autant plus d’ailleurs qu’on en aura plus abattu. Le cercle vicieux "élimination/reproduction" est ainsi mis en place.

Qu’en serait-il sans la chasse ? Certainement un pic important de prolifération au moins pendant une certaine période, ce qui justifie pleinement la stratégie de prélèvement pour la régulation de l’espèce. Mais cela ne résout pas pour autant le fond du problème.

Les nuisances

De nombreux appels émanant de particuliers, principalement en automne, inquiètent les collectivités locales. Les résidents font la découverte au matin du résultat spectaculaire du passage nocturne d’une compagnie sur la belle pelouse ou, en début de saison, dans le potager familial. La cohabitation s’avère alors problématique !

La meilleure parade consiste à enclore solidement les parcelles menacées. Des clôtures électriques sont aussi assez efficaces.

Les communes peuvent aussi, comme celle du Vigan, poser des cages-piège sur place mais avec un succès relatif et nécessitant surtout une surveillance continue. Ensuite, en cas de prise, l’intervention d’un lieutenant de louveterie s’avère obligatoire pour procéder à l’abattage. Lieutenant en l’absence duquel la mairie serait considérée comme se livrant au braconnage. Dura lex, sed lex !

Conclusion

Ce n’est apparemment pas demain que les sangliers se feront tout petits, bien cachés au sein de la sombre forêt. Ni que le loup de retour les aura tous grignoté...

En fonction des mesures prises et surtout de leur efficacité, la situation peut évoluer plus favorablement mais l’ensauvagement des parcelles et les difficultés rencontrées par les chasseurs augurent mal de l’avenir en ce qui concerne la régulation.

On peut craindre à juste raison que Sus scrofa reste encore et pour longtemps notre encombrant voisin, mis à part lorsqu’il a les honneurs de notre table bien entendu.