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Le roi est nu

Qui peut régner sur un peuple d’abstentionnistes ?

dimanche 15 mars 2015, par grand-Pierre

Seul le petit garçon du fameux conte d’Andersen s’écria en parlant du roi : "Mais il n’a pas d’habits du tout !". Ce qui était vrai.

Le lion n’est pas le roi des animaux

Un oiseau s’envole à tire d’aile pour migrer vers le sud. Ils sont ainsi des dizaines de milliers à le faire ensemble, mus par une horloge biologique méconnue et aussi par le besoin irrépressible de rechercher leur nourriture là où elle se trouve. Disposent-ils d’un seigneur pour les gouverner ? On serait bien en peine de le dire en observant ces formes mouvantes que constituent, par exemple, les vols d’étourneaux qui dessinent d’admirables figures au-dessus de nos labours. Les bancs de sardines font de même pour échapper à la prédation des thons et des dauphins. Ils sont tous ensemble coordonnés par un instinct inné mettant en jeu la survie du groupe.

Mais nous pauvres humains ne volons point. Mis à part peut-être quelques banquiers... (Qui savent aussi nager). Et notre instinct de survie lui, s’est fortement émoussé à l’abri qu’il était sous l’aile protectrice d’une société organisée et développée.

Hyper complexité et gouvernance

Organisée... Pour se développer, car l’un ne peut aller sans l’autre. Et Charles Darwin ne me contredirait sans doute pas si je disais que le développement entraîne toujours plus de complexité, telle l’évolution de la vie sur notre chère planète qui, partant d’une simple bactérie est parvenue à développer la génétique jusqu’à engendrer le cerveau le plus complexe, celui des humains.

Cette complexité avérée, du moins pour ce qui concerne nos contrées occidentales, exige un gouvernement efficace, quel qu’il soit. Une structuration différenciée comme le sont les différents organes de notre corps vis à vis du tronc cérébral. C’est ce que les siècles d’histoire ont contribué à constituer en instituant successivement les structures territoriales que sont les paroisses, les seigneuries, les royaumes et finalement la république et son corollaire : La liberté. Ou enfin presque.

Ces structures ont été nécessaires, sinon suffisantes pour organiser et gouverner le pays depuis ses origines. Un long chemin a été parcouru, souvent périlleux d’ailleurs, vers plus de démocratie.

Mais si le prince oppresseur et tyran de son peuple peut se faire renverser à l’occasion par une révolte populaire, les collectivités républicaines sont, elles, menacées d’une façon différente par l’asphyxie de l’abstention. Le suffrage incarnant le flux nécessaire à toute vie démocratique, pourrait, s’il venait un jour à lui manquer déconstruire lentement et inexorablement notre république ainsi que ses nombreux collèges.

Un président tout nu

Au-delà de cinquante pour cent d’abstentionnistes quelle peut être la crédibilité des programmes proposés aux électeurs ? Quel élu reste-t-il crédible ? Quelle efficacité pourrait avoir un nouveau projet de société ? Devant ce désintérêt pour la chose publique qui s’amplifie à chaque scrutin, comment réagir ? Certains proposent des réponses à leur image et se réjouissent déjà de la décrue des bulletins de vote dans les urnes.

- Ceux qui se contentent du faible consensus populaire pour gouverner en se croyant pourtant assis sur une légitimité par ailleurs très discutable.

- Ceux qui n’ont jamais été un seul instant républicains, regardant d’un œil pervers la montée de l’abstention et qui salivent déjà en entrevoyant l’émergence d’un système qui ne serait plus tout à fait démocratique.

Etant donné que la tendance n’est pas conjoncturelle mais qu’elle s’affirme de scrutins en scrutins, il convient de rechercher des solutions à ce problème sous peine, un jour, de ne plus pouvoir piloter du tout notre fragile embarcation républicaine.

La meilleure des réformes : La sixième république

Aucune entreprise digne de ce nom [1] ne conserverait sur son catalogue un produit dont personne ou presque ne veut. Or, institutionnellement parlant, c’est exactement ce que nous faisons. Le train de réformes qui est mis en place n’a pas, jusqu’à preuve du contraire, apporté plus de lisibilité au geste électoral et les sondages nous annoncent une abstention toujours plus forte.

Certains imaginent de rendre le vote obligatoire sous peine d’amende. Quel constat d’échec ! Liberté, égalité, fraternité seraient désormais soumises à la baïonnette électorale. Là ne gît pas la solution.

Celle-ci serait plutôt à rechercher du coté d’une démocratie plus directe, où les administrés seraient aussi entendus au travers de leurs collectifs citoyens. La focalisation sur le président incarnant la nation à lui seul à fait son temps et ne correspond plus à rien. Une sixième république, plus collégiale et au sein de laquelle les anciens clans auraient du mal à survivre, reste à instituer.

A ces conditions et d’autres à inventer, (Mise en place d’une assemblée constituante indépendante de la classe politique par exemple) les élus reprendraient consistance aux yeux des français et les racines démocratiques, puisant plus en profondeur la sève nécessaire, assureraient de nouveau la stabilité politique du pays.

Quatre fois moins d’élus pour notre canton (Le Vigan 30120)

(Voir la carte du ML ci-dessous)

Rien à voir avec notre réforme territoriale qui, en démolissant les échelles représentatives à la base, éloignent de plus en plus les citoyens de leur représentants. Ceci surtout en milieu rural. Pour cette nouvelle mouture notre nouveau canton départemental comportera six élus de moins qu’auparavant. (Deux au lieu de huit). Si d’aucuns applaudissent des deux mains, c’est qu’ils n’ont pas encore tout compris. Mais patience, il reste encore cinquante pour cent de votants à transformer en abstentionnistes...


[1Pour une fois je me fais libéral !