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Tourisme : Des "Grands itinéraires" de plus en plus attirants
Anniversaire des 20 ans du Chemin de Stevenson
dimanche 16 novembre 2014, par
Les grands itinéraires, qu’ils soient pèlerinages ou randonnées, offrent aux marcheurs une expérience inoubliable entre ressourcement et activité sportive.
Marchons, marchons (Hymne national français)
Il faut être téméraire pour se mesurer aux kilométrage à trois chiffres des itinéraires thématiques classés "Grande randonnée" alors que l’on passe habituellement la plupart de son temps entre les transports en commun et son bureau, soit devant le mutisme de voyageurs anonymes, soit face à l’écran de son ordinateur.
Se retrouver sans transition au dehors, en pleine nature, chaussé "technique" mais le mollet flasque ; affrontant stoïquement les aléas météorologiques et les pentes traitresses, la poussière ou bien la boue ; parvenant enfin,au bout de la journée, à l’hébergement tant attendu et à la douche chaude (ou au bain de pied) : Rien que du bonheur !
Chant de marche des alpins
- Pour la marche y’a pas d’jamb’de bois
- La démarche se r’ssent quelquefois
- Un moyen pour avancer doit être le nôtre
- C’est d’mettre un pied devant l’autre
- Et d’recommencer !
Les chasseurs alpins, du moins ceux d’avant-guerre, avaient adopté cette lapalissade musicale pour accompagner l’effort du fantassin.
Je ne résiste pas au plaisir de vous en donner la suite :
- Vous en avez - Nous en avons - Vous en avez plein l’sac - plein l’dos - des pelles des pioches - des pics des godillots - des carottes dans l’dos - des navets dans les mollets...
Une démarche motivée
Nos randonneurs contemporains, dont la démarche se ressent également quelquefois, ont sans doute d’autres motivations pour les conduire jusqu’au bout du chemin. Mais quelles sont-elles ?
Si pour nos chasseurs alpins en action le futur s’écrivait : Marche ou crève, il n’en est évidemment pas de même pour nos randonneurs ou nos pèlerins.
La vérité serait plutôt pour eux : Crève ou marche !
Vous ne pouvez pas vous faire une idée de tout ce à quoi on doit échapper pour ne pas succomber à une vie de tous les jours aussi morose qu’urbaine. Et cela va sans dire pour 80% des hominidés de la planète.
Stress - pollutions diverses - ennui - soucis - cœur brisé à jamais - départ en retraite - surpoids - besoin de solitude - marre de la bagnole - ados pénibles - recherche de soi - etc.
Les raisons ne manquent pas de partir randonner au long cours. La grande itinérance représente l’antidote au mal moderne mais également la retrouvaille avec dame nature, cette référence incontournable pour tout mammifère qui se respecte !
Un squelette, des muscles : Deux bonnes raisons de marcher
On consomme peu en route, mais ce peu, on le mérite. Une hiérarchie des valeurs, occultée dans la vie courante, se rétablit petit à petit en marchant, récompensant l’effort de la journée par le réconfort trouvé le soir au gite.
Découverte, après quelques jours de ces efforts douloureux : Le corps se remet à servir ce maître qui le promène sans ménagement et les heures de marche deviennent chaque jour moins fatigantes ; le jarret se remuscle et les poumons s’oxygènent. Un nouveau soi-même émerge : Le marcheur.
Au rythme des pas les paysages s’affichent sur 360°. Libres de droits et sans cadre, sans le découpage 4/3 imposé par le format photographique. L’œil reprend la main si je puis me permettre cette expression hasardeuse... Et ces paysages changent constamment au long du parcours ce qui interroge et interpelle le curieux qui s’ignore.
Le thème de l’itinéraire, le plus souvent culturel, ramène à l’antériorité, à ceux qui passèrent ici bien avant, disparus mais présents dans les mémoires et dans le paysage qui s’anime à leur souvenir. Les édifices anciens, les croix, les monuments racontent une histoire à quatre dimensions si l’on veut bien y inclure celle du temps écoulé.
Alors, touchant enfin au but, le randonneur ou le pèlerin auront écrit une page de leur propre histoire qui ne pourra pas s’effacer de leur mémoire.
Jusqu’au prochain grand chemin...
Les grands chemins
Ils sont bien plus nombreux que l’on ne le pense ces itinéraires thématiques au long court.
Les chemins de St Jacques bien sûr viennent à l’esprit les premiers et les villes de départ vers Compostelle abondent, que ce soit Tours, Vézelay, Le Puy ou bien Arles. Ils sont intensément pratiqués.
Mais on peut citer aussi bien d’autres itinéraires : Le célèbre Chemin de Stevenson (En Cévennes mais avec des cousins en Écosse et en Flandre) ; les "Grandes traversées" (Alpes, Jura, Massif-central) ; le Tour de l’Aubrac ; le Tour des ballons des Vosges, le Tour de l’Aigoual ; le Tour des lacs d’Auvergne (GR 30) ; le Chemin de Saint Guilhem ; le Chemin Urbain V ; le chemin de Régordane ; Sur les pas des huguenots (Allemagne) ; Sur les traces de la bête (Gévaudan) etc. Sans omettre de cette trop courte énumération le redoutable GR 20 en Corse.
Même le Conseil de l’Europe a son grand chemin : La Via Regia (Belgique - France - Allemagne - Pologne - Ukraine) censé représenter un trait d’union Est-Ouest.
Du 7 au 11 novembre 2014 les amis du Chemin de Stevenson ont fêté à Florac au cœur des Cévennes son vingtième anniversaire, en réunissant autour de cet évènement les associations gestionnaires de nombreux grands itinéraires européens. Ce devrait être le point de départ de partenariats, de réseaux connectés entre ces différents chemins qui ne demandent qu’à être connus, reconnus et pratiqués.
Pour ce faire, il est nécessaire que des associations dynamiques soutiennent ces itinéraires, fédèrent les hébergeurs, les transporteurs et en fassent la promotion en faisant circuler de l’information. Toutes les disciplines sont concernées : Géographie et géologie, faune et flore, histoire, voir préhistoire, productions locales, économie et toutes sortes d’informations pratiques. Pour avoir travaillé ces matières vingt années durant et avec talent le Chemin de Stevenson accueille aujourd’hui chaque année environ 6500 itinérants !
Playdoyer
Sans doute au moins une fois dans votre vie vous est-il arrivé de vous perdre dans un coin mal connu de nature. Vous avez bartassé comme on dit en Cévennes [1] en luttant contre des ronces prédatrices et les crocs en jambe perfides des genêts.
Vous prenez alors conscience de la différence qu’il y a entre vous et un sanglier ! Point de salut pour vos pauvres mollets déchirés ; vous errez dans une mer végétale menaçante, recevant de partout des gifles cinglantes, percutant le bois mort embusqué sous vos pieds, collectionnant les toiles d’araignée sur votre visage ruisselant de sueur. Si par malheur vous vous trouvez prisonnier des buis croissant serrés sur un causse à l’abandon, vous ne passerez pas. Les tiges grêles sont en fait dures comme le fer et se refuseront à plier pour vous céder le passage.
Et soudain, après un temps d’épuisantes souffrances, un miracle : Le chemin ! Le chemin qui relie les hommes et où il fait si bon marcher, libre à nouveau de ses mouvements, vers le prochain village où l’on vous attend.
Si vous ne vous êtes jamais perdu, perdez-vous exprès rien qu’une fois pour faire cette petite expérience si riche d’enseignements.
Bonne route.
[1] La bartasse = Nom donné localement aux ronces et autres buissons sauvages envahissant les pentes