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Les politichiens
Manuel à l’usage du citoyen de base
lundi 4 août 2014, par
Essai sur la typologie personnelle des candidats aux élections en général.
Les candidats aux différents mandats de la république présentent certaines attitudes communes que j’essaie ici de répartir en classes de "caractères". Prêtez-vous à ce petit jeu.
Quelles sont les motivations d’un candidat à l’élection ?
- Se présenter pour convaincre l’opinion
- Se faire élire pour réaliser un programme ambitieux et novateur
- Se faire élire pour contrer un adversaire
- Se faire élire pour accéder au pouvoir
- Se faire ré-élire pour conserver le pouvoir
- Se faire élire pour obtenir ou faire obtenir des avantages
- Se faire élire pour démarrer une longue carrière politique
Cet inventaire n’est pas exhaustif et certains candidats cumulent plusieurs de ces quelques propositions.
L’objectif du candidat lambda consiste à capitaliser le maximum de voix. Un métier à part qu’il partage avec les publicitaires. Quelle voie choisira-t-il pour parvenir à ses fins sans que sa voracité électorale n’apparaisse trop visiblement ? Sincère ou filou ? Opportuniste ou droit dans ses bottes ? Difficile de trier ses arrières pensées au travers de son discours, ce discours électoral rarement créatif, souvent éculé, que l’on écoute distraitement en lavant la vaisselle.
Différents types de caractères, pétris de vicissitudes bien humaines, se présentent face aux urnes, que l’on pourrait classer comme suit :
1- Le candide
C’est un candidat non opportuniste qui croit en ce qu’il pense. Il porte un message et sa trésorerie de campagne ampute souvent ses économies personnelles. Une auréole peut parfois apparaître au-dessus de sa tête sous une certaine incidence lumineuse.
2- Le censeur
Il est contre tout ce qui est pour et vice et versa. Il attend fébrilement l’occasion qui ne vient pas de foudroyer l’élu en place d’une verve exempte de toute concession. Les contradictions que l’on peut relever dans ses propos ne semblent pas l’affecter outre mesure.
3- Le malin
Espèce fort répandue, du petit-malin au gros-malin, qu’une évolution darwinienne efficace transforme finalement en vieux-malin.
Le petit malin soigne ses copains et leur familles au petit bonheur car ça peut rapporter des voix..
Le gros malin aussi mais il promet plus qu’il ne renvoie d’ascenseurs ; ce qui favorise les divisions parmi ses obligés et conséquemment sa gouvernance.
Le vieux malin est susceptibles de glissades et de retournements soigneusement calculés, changeant de stratégies ou d’amitiés selon que le vent souffle de mer ou de terre. C’est un matois.
4- Le tueur
Exemple du vieux malin plus ambitieux que les autres. Addicte au pouvoir qui représente son indispensable adrénaline, il est capable d’aller trop loin pour gagner. Ce pouvoir, à ses yeux, n’a pas de prix et il vise le niveau le plus haut possible.
Curieusement, ses crocs rougis du sang de ses victimes ne lui attirent que le respect dû au plus fort. Le tigre n’est-il pas considéré comme le roi de la jungle ?
A partir d’un certains niveau, que l’on pourrait géolocaliser dans les couloirs des ministères ou dans les comités nationaux des partis, les tueurs sont omniprésents. Leurs personnage lissés et leur courtoisie ne doivent pas abuser ceux qui les observent depuis l’extérieur de la cage.
5- Le prévaricateur
Devrait représenter l’exception et le contre-exemple du tueur si répandu. Mais malheureusement, notre époque ulta-libéralisatrice l’encourage à pratiquer activement la magouille. Il "travaille" pour lui ou pour ses amis (son parti). Gagne-petit ou bien d’une autre envergure, quelquefois internationale, il cède complaisamment aux combines des lobbies et règne dans les cabinets noirs en expert du compte off-shore. [1]
[2]
On le prend quelquefois les doigts dans la confiture mais il est capable de refaire surface en douceur une fois la nuée de l’orage dissipée.
On le retrouve dans tous les pays sans exception.
5- L’intouchable
Blanchi sous le harnais électoral il détient un fief. Ses barons sont installés aux postes clé et il préside tout ce qui peut se présider dans son secteur.
Il n’est pas forcément représenté dans les catégories précédentes (un peu tout de même) et il faut généralement attendre qu’il atteigne un âge avancé pour pouvoir le déboulonner. Il s’accroche à son territoire comme un morpion et son parti se trouve toujours être pour lui le meilleur véhicule électoral.
D’autres intouchables détiennent des informations "chatouilleuses" sur des dossiers "délicats" qui les mettent à l’abri de toute forme de représailles.
6- Le bambocheur
A force de cocktails et de brunchs, son visage présente quelques stigmates. La presse pipole le recherche et fréquente ses soirées branchées. Les gens du peuple le trouvent plutôt sympa mais généralement, son action politique ne vaut pas tripette. Il est réversible comme les imperméables.
7- Et pour finir : Le besogneux
Qui propose, qui débat, qui négocie, qui se tape des nuits de travail pour fignoler un texte de loi ? Le besogneux. Les photos de famille ne sont pas son truc, il ne s’affiche pas, ne se médiatise pas.
Tous les politichiens peuvent besogner plus ou moins. (Comme Dominique Strauss Kahn les employées d’hôtel). Mais le véritable homme de dossiers force le respect de ses pairs qui redoutent de se voir confrontés à ses compétences. Il faut reconnaitre que sa maitrise relève de la performance en fait d’érudition administrative et de compilations d’écrits indigestes.
Mea culpa
Pour mettre un terme à cette modeste typologie des politichiens, qui peut sembler tant soit peu caricaturale, je souhaiterais faire amende honorable et adoucir légèrement le ton en ces temps incertains où le parlementarisme risque bien, un de ces jour, de passer de mode :
" Tous ces candidats transiteront forcément un certain dimanche au travers du grand tamis électoral qu’organise à date fixe notre bonne vieille république. Ils seront battus, et ce sera dur, ou élus pour le meilleur et pour le pire. Souhaitons, chers concitoyens, qu’il puisse en être encore ainsi le plus longtemps possible "...
[1] Extrait de l’article du palmipède - 6/08/2014 : " ... Les limiers de Tracfin, (la cellule de Bercy chargée de surveiller les mouvements bancaires suspects) ont découvert d’importants virements financiers qui semblent liés à des opérations immobilières menées par la mairie de Levallois. Une partie, au moins, de cet argent aurait atterri sur un compte secret ouvert à Singapour par Jean-Pierre Aubry, homme de confiance du couple Balkany et directeur génral de la SEMARELP, la société d’économie mixte qui rase et reconstruit sans cesse Levallois depuis trente ans... "
[2] L’avocat Arnaud Claude, associé de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen début décembre pour « blanchiment de fraude fiscale » dans l’enquête visant les époux Balkany.
Le cabinet Claude & Sarkozy, fondé en 1987 par Arnaud Claude, Nicolas Sarkozy et Michel Leibovici, emploie une vingtaine d’avocats, selon son site internet. Le retour de Nicolas Sarkozy à son métier d’avocat a fait bondir le bénéfice net du cabinet de plus de 23 % en 2013, selon « Paris-Match ». Les progrès sont particulièrement sensibles à l’international où Claude & Sarkozy a réalisé 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires en 2013, contre zéro l’année précédente.