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La décroissance... Une niaiserie !

dimanche 8 décembre 2013, par grand-Pierre

Il y a quelques temps Serge Latouche, invité des éco-dialogues du Vigan a donné une conférence-débat sur le thème de la décroissance.
Il faut croire que le monsieur le sous-préfet du Vigan n’a pu y assister ?

L’axiome de la croissance, comme unique moteur de l’économie en vigueur actuellement, sous une stratégie libérale mondiale, serait un facteur de développement et permettrait aux habitants de la planète d’accéder aux biens de consommation et à un bien-être toujours plus avidement recherché.

Le second axiome, celui de notre ex-président Sarkozy, "Travailler plus pour gagner plus" ayant rapidement montré ses limites, c’est en fait le crédit surabondant offert (mais pas gratuitement) aux petits consommateurs qui a permis à l’économie libérale de continuer à fonctionner et aux productions de trouver preneurs.

Ces crédits, distribués à foison et sans contrôle sérieux de solvabilité, ont aboutis à la fameuse crise des "subprimes" aux états-unis et fait chuter l’une des plus grosses banques américaine, la Lehman Brothers, précipitant le monde, par effet de dominos, dans une crise bancaire sans précédent.

Crédit et croissance non contrôlés ont donc conduit à la crise financière dans un premier temps, puis à la crise économique ensuite. Ces crises sont comme toutes celles qui les ont précédé imputables aux financiers gloutons tandis que les peuples en font les frais et doivent finalement payer la note !

L’argument de la décroissance (heureuse, comme l’affirme Serge Latouche) lui, constate dans un premier temps l’énorme gâchis productiviste et l’incohérence du système financier. Il appuie son raisonnement sur la finitude des ressources mondiales ainsi sacrifiées pour produire toujours plus en flux tendu. Le système de crédit (aux particuliers comme aux états) servant de boîte à outils pour écouler les marchandises produites.

Au final, des millions de tonnes de matière plastique iront finir leur cycle au milieu de l’océan Pacifique et témoigneront du grand gâchis actuel pour les générations futures. Les ressources planétaires seront consommées sans discernement ni stratégie d’économie. L’ampleur de ces problèmes n’est pas uniquement environnementale, mais également sociale et ceux qui, par intérêt immédiat, refusent de se projeter dans l’avenir, en produisant n’importe quoi, toujours en plus grande quantité et à n’importe quel prix, mettent en danger et compromettent l’avenir de l’humanité. Pas moins.

Ces notions sont très répandues ici en Cévennes et je prêche certainement de nombreux convaincus, cela n’a pas empêché notre sous-préfet de déclarer lors de l’inauguration d’un centre de tri tout neuf : "A moins de 1,7% de croissance du PIB, il n’y a pas de création d’emploi. Et de s’écrier pour appuyer ce raisonnement : La décroissance, c’est une niaiserie !"

Rendons à César ce qui lui appartient : Ces paroles furent justement prononcées en inaugurant un centre de tri de déchets recyclables (coût = plus de 3 millions d’euros - partenariat public/privé). Il est vrai que pour qu’il fonctionne à plein il faudra beaucoup de déchets et donc beaucoup de consommation et... Beaucoup de croissance.

Mais tout ne peut pas être recyclé hélas et les productions "durables" et donc recyclables ont aussi leurs limites car recycler revient cher et est énergivore.

Peut-être qu’un léger recyclage des esprits serait lui aussi nécessaire... Pour une réflexion plus durable et pour le moral de nos chers petits enfants qui pourraient travailler moins pour rêver plus.

Messages

  • Je n’étais pas au Vigan pour la venue de Latouche et je le regrette vraiment. Lui et quelques autres me semblent les plus lucides sur l’avenir qui nous attend.
    Je voudrais néanmoins revenir sur une possible erreur d’interprétation, souvent faite, et qui explique un peu mieux la phrase du préfet :
    Le gaspillage et la destruction de l’environnement qui en découle, n’est pas une simple conséquence d’une « dérive du libéralisme » qu’il conviendrait de corriger, Il est à la fois le moteur et la source d’énergie de notre système de production/consommation dit "libéral".

    Accepter cela c’est comprendre que vouloir décroître sans changer les règles du jeu, permettrait certes de diminuer la consommation d’objets inutiles, mais amènerait obligatoirement à moins de profit pour quelques uns (pas plus mal), et moins de boulot pour les autres (plus dur à avaler).
    Alors comme il FAUT décroître il FAUT oublier l’individualisme et la sacro-sainte loi du marché pour réinventer les notions de collectivité et d’état interventionniste. Boudiou ques aco !
    jlv.