Le blog de Grand-Pierre

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Billet d’humeur

jeudi 12 mai 2011, par grand-Pierre

Chères lectrices, chers lecteurs

Humains, animaux et poissons

Lisez donc le billet d’humeur

Et voyez d’une autre façon

Gold finger

L’espace s’ouvre désormais largement sous une simple pression de mes doigts vers des serveurs informatiques dispersés dans le vaste monde. Ma modeste station de travail remplace sans effort un secrétariat complet des années quatre vingt. Mon cerveau est désormais "connecté" et d’infinis réseaux surgissent au coin de mes écrans. Je peux savoir en quelques secondes qui était la belle Aude aux bras blancs ou bien découvrir les dernières avancées du clonage génétique.

Pourtant je suis encore loin de ce que je n’ose imaginer : 2050 !

Géniaux asticots

synapsesMes petits enfants ayant survécu aux changements climatiques, à la soif et à la faim consécutives à la surpopulation, à plusieurs fuites et explosions nucléaires, à la désertification du Languedoc, à la marée brune, à... Bref à tous ce qui nous guette déjà. Mes petits enfants, si j’en ai, seront de gros vers blancs presque immobiles dont les synapses seront connectés à d’énormes computers grâce aux nanotechnologies. Solidement contenus sur leurs sièges ergonomiques qui compenseront la mollesse de leur tissus, ils élaboreront de gigantesques théories, bien au-delà des confins de nos pensées contemporaines qui leurs sembleront alors largement dépassées autant que dérisoires.

La mort aura vécu

Fini tous ces périphériques embarqués ou non, filaires ou à infra rouge. Place aux implants neuronaux. Les nouveaux outils seront désormais intimement ajustés à l’intérieur des corps, derrière les globes oculaires, intégrés à nos centres nerveux, voir à l’intérieur de nos muscles ou de nos os. Jusqu’à ce qu’un jour, un jour historique, nous puissions nous débarrasser définitivement de ce corps. N’en conserver que la quintessence : la conscience. Alors nous serons enfin libres et la mort aura vécu. (Ce qui est un peu paradoxal tout de même) !

Ceux de mes chers lecteurs qui penseraient que je dégoise n’importe quoi se trompent lourdement. Les puces ne seront plus désormais dans nos draps mais dans... Nous ! RFID la perfide, l’invisible est déjà partout. puce RFID et globules rouges

Les polyvidus du futur

L’environnement de mes chers petits enfants sera bien sûr différent aussi. Cela va de soi. Des unités de production de protéines, intégrées au paysage et à l’architecture passive, c’est à dire au bilan carbone neutre, recycleront à l’infini les déchets du vivant à la manière des champignons pour nourrir les êtres survivants et pour un temps encore... incarnés ! La démographie aura connu une décroissance absolue et une tribu de super humains produiront sans effort tous les biens nécessaires à la société. L’individu en tant que tel sera aboli comme le fût en son temps l’esclavage. Les consciences virtuelles se mêleront par d’innombrables connections qui ne laisseront plus aucune place à l’unicité.

La vie sera parfaitement contrôlée et réduite à quelques échanges cellulaires soigneusement domestiqués au profit de ce nouvel être global.

Le vertige vous assaille ? Ne craignez rien. Du moins pour le moment. Nous n’en sommes pas encore là. Je désirais ce matin imprimer cet article lorsque mon imprimante s’éteignit. Le boîtier de l’alimentation contenant le transformateur me sembla le suspect à l’origine de la panne. Un simple fusible sans doute qui avait fait son temps. Mais le boîtier n’est pas accessible avec des outils ordinaires.

Gâchis calculé

Après quelques infructueux échanges avec les boîtes vocales des fournisseurs de pièces de rechange, je consultais un ami ingénieur. Diagnostic sans appel : Obsolescence programmée. je portais mon imprimante à la déchetterie la mort dans l’âme, en évoquant à part moi toutes les choses que nous avions écrit ensemble.

La déprime gagnant alors du terrain je me pris à douter : Si les périphériques intégrés de mes petits enfants tombaient en obsolescence, qu’adviendrait-il alors de ma descendance ?

A vrai dire, le global n’est pas forcément bon pour le moral.


Lorsque j’ai écrit ce billet, je ne me doutais pas avoir quelques métros de retard !
Le transhumanisme existe déjà depuis longtemps. Les technologies du vivant dont le génie génétique et la biologie de synthèse, mais aussi les nanotechnologies accomplissent des progrès très rapides. En fond de scène se profil l’éternelle volonté de domestiquer le vivant et le fantasme de l’immortalité.
Qui finance ces recherches ? Les capitaux privés pour la plupart. Les retombées économiques du vivant "refabriqué" et breveté sont très prometteuses. Vous pouvez déjà vous procurer à bas prix des brins d’ADN au mètre que vous recevrez par le prochain courrier. A vous ensuite de créer une bactérie productrice d’hydrogène ou un chien qui ne fait pas de crottes...