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JOURNEES DU PATRIMOINE
BONAHUC : On ne nage pas dans le Bonheur
L’abbaye de Notre Dame de Bonheur menace ruine
dimanche 19 septembre 2010, par
Notre siècle en Cévennes sera-t-il celui qui a laissé les mille ans d’histoire de Bonahuc dépecés pierre à pierre pour finir en clôture dans les jardins privés ?
Une conférence sur le sujet donné le 18 septembre 2010 à la maison de la Serrérède par Mme JONSSON et monsieur JONGET, maire de Quissac.
Une très vieille histoire
Tous les habitants de par ici connaissent "Bonahuc", l’abbaye en ruine de Notre Dame de Bonheur. Située à l’ouest du col de la Serrérède sur le chemin de l’ancienne draille du "Parc aux loups", l’actuel GR62.
Dernier vestige d’un passé lointain (car la première construction date de l’an mille), elle disposait de la célèbre cloche des tempêtes que les moines augustiniens étaient tenus de sonner les jours nébuleux pour permettre aux voyageurs de s’orienter sous la neige ou dans le brouillard.
En effet, dés le onzième siècle, avec les foires de Meyrueis et du Vigan et la circulation de nombreux voyageurs, transhumants ou pèlerins, elle protégeait une voie de transit devenue importante entre le nord et le sud du massif et accueillait de nombreux visiteurs, représentant une sécurité réelle et nécessaire en ces temps reculés ou le téléphone cellulaire et le SAMU n’existaient pas encore.
Elle connu des moments terribles durant la guerre de cent ans et fût attaquée par les bandes de "routiers", ces mercenaires débauchés lors des trêves royales et qui se faisaient brigands sanguinaires, dévastant les campagnes. Isolée au cœur de la montagne, elle était alors une proie facile pour eux.
Mais ce sont les guerres fratricides que connurent les Cévennes qui eurent raison de cet établissement en 1705, année où les huguenots attaquèrent et détruisirent l’abbaye.
Gisèle Jonsson
Citons ici un texte de Gisèle Jonsson écrit en 1990 [1] :
- "Émerveillés, nous découvrons adossé à la montagne, un décor prestigieux de pans de murs aux pierres magnifiquement ajustées, aux arcades romanes défiant encore le temps... Ce qu’il reste de l’église.
Dix siècles de présence, d’existence rythmée par la cloche des tempêtes nous interpellent. Ils dorment sous une couche de végétation dont on ne sait si elle les protège ou les ronge, profitant des interstices et des blessures du temps. Arbustes, groseilliers, fougères, grands chardons égaient cet abandon".
Gisèle JONSSON se démena pour sauver ces ruines des années durant. Elle mis sur pied un chantier de jeunesse et en 2000 les ruines de l’église avaient été dégagées mais le bâtiment n’est pas pour autant sécurisé et le transept en "cul de four" risque de s’effondrer.
La maison claustrale attenante où vivaient les moines a été transformée en ferme après la révolution. Abandonnée depuis les années trente ses magnifiques voûtes s’écroulent. Les pierres taillées ont souvent été réutilisées pour les constructions des environs.
Un imbroglio foncier
La situation du foncier est complexe car la commune de Valleraugue est propriétaire de l’église mais pas de la maison claustrale qui est du domaine privé.
Des négociations en cours semblent un peu au point mort pour l’acquisition par le public de ces parcelles. En effet, pour établir une demande de classement du site, il est impératif de regrouper l’ensemble du foncier. Le Parc National des Cévennes serait intéressé par ces acquisitions. En fait le temps passe et rien ne semble avancer.
Les bénévoles de l’association ont beaucoup investi d’énergie sans pour l’instant pouvoir constater de résultat tangible.
Motiver les élus
Les nombreux participants à cette réunion de la Serrérède proposèrent de signer une pétition, ce qui fut fait. Les élus des communes concernées étaient malheureusement excusés. Ils auraient pu, s’ils avaient été présents, constater l’engagement des participants pour sauver cet héritage irremplaçable du passé de la région. Un héritage pour lequel d’autres collectivités, moins bien pourvues sur le plan du patrimoine, investiraient certainement sans délai si elles possédaient un tel site.
En ces périodes de restrictions, de recul de l’engagement de l’état sur bien des dossiers, le patrimoine en péril n’est pas le mieux loti. Pour autant, l’acquisition du foncier, une mise en sécurité du site et une restauration partielle n’auraient probablement pas un impact financier disproportionné. Cela enrichirait l’intérêt touristique et culturel du massif de l’Aigoual et de plus l’abbaye se trouve sur l’itinéraire de pèlerinage et de randonnée du Chemin de Saint Guilhem", récemment édité en topo guide de la FFR et promis à une forte fréquentation.
Tâches pratiques
Une proposition parmi d’autres qui a le mérite de la simplicité et de l’efficacité :
Mettre en place une mini-taxe de un euro par exemple sur tous les forfaits journaliers de la station de Prat Peyrot, en communiquant intelligemment sur les ruines en péril et en valorisant cette action auprès des utilisateurs de la station de ski. Cela produirai deux résultats :
1- Sensibiliser le public et le gagner à la cause de la préservation de l’abbaye par une participation symbolique.
2- Donner des moyens d’action à l’association. Le subventionnement ne reposerait alors plus exclusivement sur les collectivités.
Les petits ruisseaux font les grandes rivières dit-on, et parfois le bonheur du patrimoine historique.
Pour vos dons et adhésions : Association des amis de Bonahuc - Mairie de Valleraugue - 30570 VALLERAUGUE
[1] Tiré de l’ouvrage - Fleurs de Notre Dame de Bonheur - G.Jonsson 2010