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La flaque jaune

vendredi 28 octobre 2016, par grand-Pierre

Une vanité comporte toujours un crâne plus ou moins en évidence dans le tableau afin de ne pas perdre de vue l’essentiel de ce qui fait la vie, son contraire : La mort.

La flaque jaune

Telle une bobine de film le rouleau de papier se dévide lentement pour finir sa course sur le sol détrempé. Un réverbère luit faiblement au fin fond de la nuit.

Le papier défile vers le sol. Ses images, ses dessins aux figures tarabiscotées, tombés à terre s’imprègnent de la fange et se ratatinent dans une flaque jaune, amas sans forme et sans nom. Bientôt viendra le bout du rouleau, la fin du film.

Une fin de papier mouillé, blanchi et délavé. Celle de toutes ces histoires à dormir debout ou à se réveiller brusquement sans son âme.

La bobine tourne encore pour les autres spectateurs, pour les nouveaux arrivants, leurs existences simplettes et leurs vieux tourniquets décolorés, leurs histoires de voyages, de frontières indécises, espaces vides et infinis.

Vies emplies de quêtes, d’ambitions et de ruses scélérates ; de glorioles ou de renoncements ; d’amour peut-être aussi ou du moins... de tendresse. Tant que ça tourne !

Tandis qu’au sol, sous la flaque jaune, une sinistre fosse espère, patiemment…

Grand-Pierre – Octobre 2016 – Le Vigan