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Jean-Luc Mélenchon : Le choc des mots

mercredi 24 avril 2013, par grand-Pierre

Les médias se jettent comme des chiens, c’est bien connu, sur tout ce qui dysfonctionne, ce qui fait mal, qui saigne ou qui nous choque. [1] Leurs édiles estiment, étant en compétition entre eux, que l’audience est à ce prix.
Fort de le savoir, Mélenchon tire ses salves d’obus (verbaux autant qu’imagés) sans discontinuer pour focaliser, nous dit-il, les regards médiatiques sur les thématiques qu’il veut aborder ; mais à ce petit jeu, sera-t-il toujours le plus fort ?

Artillerie lourde

Jean-Luc Mélenchon, leader charismatique du Parti de Gauche, a adopté une stratégie plus que cinglante lorsqu’il s’adresse à la presse. De son propre aveu, les messages importants ne "passent" que s’ils sont chargés à la mitraille. Il ne ménage pas la confrérie des journalistes, c’est le moins que l’on puisse dire : "...Il faut la transparence sur les revenus des journalistes. Vous en crèverez tous, et ça me réjouira. Les gens vont promener la tête des journalistes sur des piques. Je hais votre corporation..." (Le Point-18 avril 2013).

Reprendre le florilège des noms d’oiseau et des piques frontales s’adressant à Hollande, Moscovici et tant d’autres n’est pas mon propos. Nombreux sont ceux qui, pris à partie par Mélenchon, le méritent amplement. Les rapports de la presse et du pouvoir, du pouvoir et de l’argent dans cette cinquième république finissante n’incitent pas à l’indulgence ni, comme le dit, toujours avec élégance, Mélenchon, à faire "prout prout" poliment devant l’aréopage médiatique.

Une stratégie du verbe

Toute stratégie étant un arbitrage, et tout arbitrage se faisant au détriment d’une stratégie différente, le choix de la rupture et du choc, fût-il simplement celui des mots, implique d’assumer l’image renvoyée aux français de cet habile tribun, pourfendeur sans concessions (et sans retenue) de l’oligarchie et du mensonge, comme le faisait si bien de son vivant Hugo Chavez au Venezuela.

Où se trouve la limite entre le propos viril et l’outrance verbale ? Où se trouve-t-elle au Venezuela et où la situer sur nos plateaux-télé, microcosme médiatique et français ?

Les pt’ites phrases

Ne dénoncions nous pas à l’époque, la stratégie des "petites phrases" scorie des débats et furoncle de la communication asthénique des studios de télévision, qui détournaient à qui mieux mieux en relayant celles-ci à l’envie, l’attention du public des réalités funestes de ce monde ?

Lorsque Mélenchon, sondé par un journaliste, déclare qu’il est prêt à prendre les rênes du gouvernement (qui ne lui font pas peur), il donne à Marine Lepen une belle occasion de lui renvoyer : "Mélenchon est prêt à faire second du capitaine de pédalo". Son propre père Jean-Marie ne ratait jamais une occasion, lorsque sa cote médiatique commençait à baisser, de se compromettre à des jeux de mots désolants et des provocations calamiteuses. Mais sa fille aujourd’hui, n’a que la peine à se donner de reprendre les propos de campagne de JLM pour piquer au vif de la polémique.

J’hésite à conclure

Mélenchon, l’artilleur, ne risque-t-il pas, éreinté par tous ces débats et ces interviews, où il tient tête à ceux-là qui le médiatisent et le maltraitent par la même occasion, de forcer le trait ; d’être mal perçu ? Il doit répondre sans cesse vite et juste devant ces écuyers avides d’un tournoi difficile (et valorisant pour eux-même) face à ce redoutable chevalier.

Ses tirs d’obusier feront-ils toujours le poids face aux pièces de gros calibre déployées devant lui et devant ceux qu’il représente ? Et qui le pousseront toujours à plus de radicalité pour plus de médiatisation. C’est la loi de la guerre.

Mais n’oublions pas que le Venezuela se trouve, au bas mot, à huit mille kilomètres d’ici !


[1En langue anglaise cela s’appelle les breaking news.