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Routard : L’Afrique pour un dollar par jour.

dimanche 20 avril 2008

Oui, un dollar par jour, mais c’est, hélas pour eux... le revenu de très nombreux habitants de la planète.

L’espoir, c’est important. L’espoir fait vivre paraît-il. Dans les mots aussi il faut de l’espoir. C’est la raison pour laquelle on nous parle toujours de pays "émergents" plutôt que de pays pauvres, de pays "en voie de développement" plutôt que de pays misérables. La misère et la richesse y étant d’ailleurs fort mal réparties.

C’est ainsi que du "tiers monde", notre époque de révolution technologique nous a enfanté un "quart-monde" encore plus famélique que l’était le tiers.

Les états les plus puissants ont la barre sur eux, les éternels débiteurs, et le Fond Monétaire International leur apporte de l’aide moyennant des plans de "redressement" basés sur leur adhésion à l’économie libérale de marché.

Résultat connu : Exportation des richesses nationales et pas d’auto suffisance alimentaire. Pire encore, le maintien au pouvoir de dirigeants dévoués aux "grands protecteurs" y compris dans de nombreux cas par une coopération militaire censée garantir la sécurité du pays. La France n’est malheureusement pas la dernière à appliquer cette politique néo-coloniale.

Les écarts de richesse qui séparent les pays pauvres des pays riches n’ont jamais été aussi extrêmes. Des millions de migrants (deux cent millions exactement) ont quittés leurs pays sous peine d’y mourir de faim en risquant souvent leur vie en mer ou dans le désert, voir en l’air, pour essayer de trouver de meilleures conditions de vie dans les pays développés.

Savez vous que les transferts d’argent de ces nouveaux migrants vers leur pays d’origine se montent à 200 milliards de dollars par an et constituent le deuxième flux financier mondial, juste après les hydrocarbures ! [1]

Une situation nouvelle doit nous interpeler : La flambée des prix des céréales. Imaginons en France le nombre de personnes qui se retrouveraient à la rue si le prix des loyers doublait brusquement ? Quelles sont les chances de manger à sa faim lorsque l’on gagne un ou deux dollars par jour et que le riz, le mil ou le blé ont doublé de prix et que ces céréales sont la base principale de votre alimentation ?

Il faut bien sur se garder des explications schématiques mais le problème des céréales à plusieurs origines.

D’abord une demande toujours plus forte, dopée par la Chine et l’Inde, mais aussi par l’essor des biocarburants [2], et des stocks mondiaux très bas. Ensuite d’importants investissements spéculatifs.

"La sinistrose du côté des crédits immobiliers depuis la crise des subprimes et la flambée des cours des matières premières agricoles ont suscité l’appétit des financiers. Ce succès doit tout à un besoin croissant de « diversification » des investisseurs. Quand les actions se cassent la figure, de plus en plus d’investisseurs misent sur la hausse durable du prix des matières premières, jouant sur une offre insuffisante par rapport à une demande toujours plus forte." [3]

La tendance à la hausse est également reprise en aval par de petits négociants locaux qui profitent de la crise.

Les fonds de pensions sont très gourmands. Les pauvres vont donc devoir se serrer encore un peu plus la ceinture, si possible.

Question : Combien de temps encore les populations du monde vont-elles devoir supporter cette mainmise sur le contenu de leurs estomacs ?

G-P

PS- Lire notre article avec le témoignage d’habitant du Burkina sur ce lien ça chauffe à Bobo


[1Source bibliographique : J.C. Victor - L’atlas du dessous des cartes

[2Qui mobilisent des terres qui étaient destinées auparavant à l’alimentation

[3Source Laureen ORTIZ - Libération.fr