Vivre au fond des bois (10) - Fin

Dominant la haute vallée de l’Hérault, on m’avait informé qu’un couple nicheur d’aigles royaux était observable depuis un certain endroit. Mes lecteurs comprendront que je tienne cet endroit secret...

Equipé de jumelles et d’une lunette je m’installais confortablement sur un petit surplomb herbeux le dos contre un rocher. Le coin était suffisamment éloigné du nid pour ne pas déranger les animaux ce qui est quelquefois le cas malheureusement avec l’activité des grimpeurs, des trailers ou des quadistes.

Patient et attentif je passais environ trois heures sur site sans apercevoir le bout d’une aile malgré une inspection prolongée aux jumelles. Je décidais finalement de m’en aller et me levais pour replier ma lunette lorsque un grognement irrité se fit entendre du rocher voisin distant de trois ou quatre mètres seulement.

Puis un sanglier de grande taille quitta l’abri de son rocher et s’éloigna rapidement. Ses grognements persistants me firent comprendre que je le dérangeais beaucoup en m’étant installé à côté de sa planque.

Me voyant arriver il avait adopté la technique qui consiste à ne pas bouger devant l’intrus. Technique que les chasseurs connaissent bien lorsqu’ils évoquent un animal « tanqué » dans les fourrés que seuls les chiens peuvent détecter. Il choisit le moment de mon départ pour se démasquer et quitter les lieux à son tour.

Trois heures cela peut sembler long, même à un sanglier, lorsqu’il attend que vous fichiez le camp !