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Vivre au fond des bois (6)
mardi 28 janvier 2025, par
Rencontres singulières
La couleuvre - La vipère
Au contraire de ma rencontre avec le brocard, racontée précédemment, celle de la couleuvre eu lieu dans l’eau et en été.
Nettoyage de rivière
L’association « Aigoual oxygène » crée par mes soins ayant besoin de se faire connaître j’avais organisé avec les enfants de l’école et quelques parents d’élèves une matinée de nettoyage de rivière dans la haute vallée de l’Hérault.
Nous avions extrait des quantités d’objets et de déchets, de quoi remplir le camion que la municipalité avait mis à notre disposition. Certains fouillaient les berges tandis qu’un petit groupe d’enfants, ravis de pouvoir barboter, inspectait le lit de la rivière et les branches surplombantes.
De l’eau aux genoux et un peu plus pour les petitous nous avancions équipés de chaussures plastiques dans un joyeux chahut.
Tombée du ciel
Un « Plouf » sonore juste à coté de moi attira mon attention. Une belle couleuvre à collier, à l’affut sur une branche venait de se laisser choir sur sa proie, en l’occurrence une truite de belle taille.
Elle l’avait « clavé » avec les dents tout en essayant de l’emprisonner, en s’enroulant autour d’elle. Fasciné, je suivi des yeux ce manège incroyable aux mortelles ondulations qui s’éloignait lentement dans le courant :
Regardez les enfants vous avez vu ? Mais ils n’avaient pas eu le temps voir la scène tant cette chasse avait été rapide.
Malgré notre présence et le tapage que nous faisions la couleuvre n’avait pas hésité à passer à l’action devant ce poisson qui s’offrait à son menu. La faim justifie les moyens ! [1]
La vipère
En randonnée avec deux clients sur les hauteurs de Sumène, il faisait une chaleur torride en ce milieux de journée. J’avais emmené avec nous ma fillette et sa copine locale, toutes deux en vacances à ce moment là.
Une leuzée pomme de pin (Astéracée) plante ayant une préférence pour les milieux calcaires secs, fleurissait sur le bord du chemin et j’avais entrepris d’expliquer à mes clients que pour préserver la flore il était de loin préférable de photographier les fleurs plutôt que de les cueillir. Ceci d’autant plus qu’on ignorait souvent s’il s’agissait d’une espèce protégée.
Les enfants nous rattrapèrent et ma fille, me tendant une leuzée, me demanda en toute innocence : Papa, qu’est-ce que c’est ?
Un peu plus loin une vipère aspic à la belle robe d’un brun rouge soutenu était au beau milieu du chemin, lovée et parfaitement immobile. Je tapais le sol du pied pour la faire partir mais elle ne bougea point. Je tapais un peu plus fort sans résultat.
Enfin je frappais violemment le sol à dix centimètres d’elle avec mon bâton ferré. Elle ne bougea pas. J’en déduis que quelque rapace lui avait infligé une blessure mortelle et me baissait pour la prendre et la faire admirer à mes randonneurs et aux enfants soudain très impressionnés.
A peine l’eus je touché qu’elle se détendit comme un puissant ressort et disparu dans une broussaille. La surprise passée et aussi quelques frayeurs je compris qu’avec ce soleil ardent elle avait accumulé de l’énergie comme le font les animaux à sang froid, énergie qui s’était brusquement libérée après qu’elle se soit assoupie, écrasée de chaleur.
Méfiez vous donc de la vipère qui dort ! [2]
A bientôt.
[1] Je précise pour les connaisseurs qu’il s’agissait bien d’une couleuvre à collier et non d’une vipérine.
[2] Les statistiques que j’ai pu consulter indiquaient que pour un décès par an dû à une morsure de vipère, cinquante victimes succombaient après avoir été piqué par une guêpe.