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Vivre au fond des bois (5)
lundi 27 janvier 2025, par
Les rencontres singulières...
Le chevreuil
Savoir voir
Un chemin entre les arbres, une maison, un ruisseau, un grand frêne ; à circuler dans la nature l’esprit et les sens identifient les éléments du paysage un peu mécaniquement ce qui nous les rend familiers. La carte ou le GPS nous donnent notre exacte position et nous en sommes rassurés.
Nous pouvons cependant tirer bien autre chose de ce que nous contemplons, parfois sans le voir et quelquefois la chance nous amène à observer la nature différemment. Le naturaliste qui sommeille en chacun retrouve alors l’œil du chasseur cueilleur de jadis, alerté par un mouvement, par un bruit léger et sait se faire discret pour profiter du spectacle.
Au cours de mes très nombreuses sorties en forêt j’ai eu quelques occasions (assez rares) d’observer la faune de très près et je vais essayer de vous faire partager ces rencontres inoubliables !
Passons sur le brâme du cerf facilement observable en automne en connaissant les sites fréquentés. Mon histoire relate ma rencontre avec un brocard (chevreuil mâle).
Affût à l’aube
Mon mazet domine un petit ruisseau et sur le versant opposé un replat se couvre d’herbes fraîches au printemps ce qui attire les chevreuils. C’est pourtant en automne que j’entendis un soir un chevreuil aboyer. Jumelles en main je m’approchais en respectant une distance importante entre nous et j’aperçu dans l’ombre crépusculaire un pelage roux sur le replat en question.
Le lendemain avant l’aube je décidais de tenter ma chance et d’aller me poster un peu en surplomb de ce replat stratégique, derrière un filet de camouflage. Confortablement assis sur un pliant et par chance sous le vent venant du replat, il ne me restait plus qu’à attendre le jour patiemment.
Je distinguais soudain dans l’ombre du jour naissant des forme mouvantes à cinq mètres devant mon affût. Un peu plus tard, le jour gagnant, j’aperçu un brocard et trois chevrettes qui broutaient tranquillement sans se douter de ma présence.
Mon très cher brocard
J’étais assis et parfaitement immobile évitant presque de respirer, totalement fasciné par cette soudaine intimité avec les animaux sauvages. Au bout d’un moment le brocard releva la tête et se mit à flairer le vent. Intrigué il gravit mon surplomb, contourna mon filet et s’installa devant moi, à moins d’un mètre de mon visage ! Il m’observait intensément ne parvenant pas à identifier cette forme immobile, assise de surcroît et ce tête à tête incroyable se prolongea encore de longues secondes.
Il prit brusquement fin lorsque que je tressaillais légèrement et que mes lunettes projetèrent un reflet. Le détalage fût immédiat et la harde disparût, mon brocard en tête, en un clin d’œil au fond des bois.
J’avoue que pendant cette rencontre j’étais à moitié rassuré car le brocard dispose d’une arme : Ses bois pointus. Mais je pense que c’est lui qui a été le plus effrayé de nous deux. Ces animaux sont chassés et craignent l’homme à juste raison.
Il faut savoir pour comprendre cette histoire que les animaux, s’ils identifient très bien un humain debout ne peuvent y parvenir s’il est assis. Seul notre goupil en est capable ! Le courant d’air m’était favorable et mon odeur ne l’a pas inquiété outre mesure.
Mais quel magnifique souvenir m’a laissé cet animal et si je l’ai effrayé quelque peu je lui fait mes plus plates excuses...
Prochaine histoire à propos d’une truite...