Accueil > Naturalisme > Vivre au fond des bois... (1)
Vivre au fond des bois... (1)
samedi 11 janvier 2025, par
Vivre au fond des bois...
Sept heures. S’extraire péniblement du lit, enfiler pantalon et polaire.
A l’étage inférieur du mazet, les braises attendent sous la cendre que je vienne m’occuper du poêle. Je les tamise, les rassemble et leur donne de l’air. Elles rougissent rapidement et se couvrent de petites flammes bleues très chaudes. Ensuite, une fois le cendrier vidé dans un seau de fer, je procède méticuleusement au nettoyage rituel de la vitre du poêle comme tous les matins.
A l’extérieur une grisaille peu engageante obscurcit la vue. Janvier ne fait pas la risette aujourd’hui ! Il faudra remonter du bois de sous la terrasse car ce que j’ai devant moi ne suffira pas pour la journée.
Heureusement que le treuil fonctionne ! J’ouvre la rambarde où j’ai ménagé une porte et je dégage le treuil replié sous le toit pour le sortir à l’extérieur sur sa potence. Je roule le casier à bûches jusqu’à l’ouverture et descend le crochet à l’aide de la télécommande. J’accroche le casier au crochet et le descends à côté du bûcher.
Ca y est. Le froid humide restera à la porte, le bois de la journée est remonté.
Des écharpes de brume s’accrochent au relief. La fumée de la cheminée redescend au lieu de monter et se mêle aux paquets d’humidité qui ascensionnent les pentes. Un silence absolu sous la ramure n’est coupé d’aucun chant d’oiseau. L’ombrageuse chênaie verte diffuse ses odeurs puissantes d’humus, humus parsemé de milliers de glands.
Une harde a labouré la piste rageusement durant la nuit. Je relève l’empreinte des sabots dans la boue et les coups de groin fouisseur. Les sangliers ont fait ripaille en attendant que les chasseurs en fassent autant !
Au bout de ma piste, la boîte aux lettres, à laquelle j’ai ajouté un petit miroir collé sur le fond pour inspecter sans ouvrir, est vide. Il faut vous dire que ma visite matinale journalière me sert plutôt de promenade hygiénique et que la visite de ma boîte n’est qu’un prétexte à cet exercice salutaire pour entretenir mes soixante-dix-huit ans révolus.
Un groupe de corneilles s’envole bruyamment, toujours en train de se chamailler et la piste me livre encore la trace compacte et odorante d’un renard qui souhaite me faire comprendre ainsi qu’il est aussi chez lui...
La journée va pouvoir commencer après un bon bol de muesli.
A suivre.