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Huit milliards d’humains c’est trop ?

mercredi 16 novembre 2022, par grand-Pierre

Au dernier recensement, nous (c’est à dire l’humanité) aurions dépassé les huit milliards d’habitants. [1]

Depuis ma naissance la population mondiale a été multipliée par trois !

Cela fait du monde !

La démographie mondiale peut-elle être gérée ou bien sa croissance est-elle une fatalité ? L’avenir nous réserve-t-il un pic stabilisé ou plutôt un effondrement global ? [2]

La question souvent posée consiste à rechercher combien d’individus la terre pourrait-elle nourrir à la fin de ce siècle. Il y a encore de la marge nous dit-on mais il n’y a pas que la nourriture qui pose question. Tous les problèmes évoqués dans les sept items suivants ne sont-ils pas en grande partie le résultat de la pression démographique ? A vous d’en juger.

Une humanité en harmonie avec elle-même, organisée et structurée démocratiquement parviendrait peut-être à se réguler mais on ne peut pas dire malheureusement que cela soit le cas aujourd’hui où les impérialismes s’emparent plus que jamais de notre monde.

1-Complexification et densification

En 1950 j’avais quatre ans et nous étions en France 40 millions et demi d’habitants. Aujourd’hui nous somme presque 68 millions. Le temps d’une existence humaine et énormément de choses ont changé avec ces 28 millions d’habitants supplémentaires. Elles ont évolué en bien ou en mal jusqu’à ce début du 21ème siècle.

Les historiens connaissent bien cette évolution démographique dont l’utilisation du pétrole industriel favorisa la dynamique. Puis la révolution informatique arriva qui accéléra tous les paramètres scientifiques, techniques et sociétaux en général.

Ma classe à l’école primaire ne comptait pas moins de cinquante élèves...C’est le pic de la natalité d’après-guerre, le fameux retour du soldat repeuplant les bancs de l’école. On en compte plus aujourd’hui qu’une vingtaine. Situation paradoxale puisque la population a fortement augmenté depuis tandis que l’accueil des scolaires a grossi en conséquence.

Quand les classes sont trop chargées :

Il est certain que vingt ou cinquante élèves ce n’est pas la même chose et que mon sympathique instituteur n’aurait bien évidemment pas pu faire à l’époque le même travail qu’un enseignant contemporain. (Il aurait d’ailleurs eu bien du mal à nous enseigner les programmes actuels devenus si différents !)

2-Accélération et interconnexion

Lorsque j’entreprends une partie d’échec sur mon smartphone, chaque coup déclenche instantanément un petit toc en guise de réponse de l’adversaire et petit à petit je me laisse entraîner malgré moi à jouer (trop) rapidement au rythme accéléré de ces tocs ce qui ne me réussit pas vraiment.

L’informatique a envahi notre environnement et ses écrans si attractifs ont fini par doper nos petits neurones jusqu’à ce que tout s’accélère irrémédiablement comme ces petits tocs au jeu d’échecs. Nous avons ensuite découvert les réseaux (dits sociaux), le Web et ce sont des milliards de connexions, des possibilités infinies de communication qui sont arrivées sur notre bureau.

Nous sommes donc devenus à la fois beaucoup plus nombreux et plus prompts dans nos activités. Plus excités aussi.

3-Libéralisation et globalisation

Pétrole et informatique ont ensuite accouché de la globalisation sur quoi je passe rapidement, ce blog étant suffisamment prolixe sur ce sujet. [3]

4-Thésaurisation et paupérisation

Induit par la nouvelle finance globalisée le contraste entre riches et pauvres s’est accru de façon significative ainsi que le volume des capitaux en jeu. Une capitalisation effarante prive de leurs ressources de nombreux travailleurs pauvres et en réduit d’autres à l’émigration.

Depuis 1980 les revenus du capital en France ont repris plus de 10 % sur les revenus du travail, ce qui représente une masse monétaire considérable. Ce ne sont donc plus maintenant les industriels traditionnels qui font la loi dans les entreprises mais bien les actionnaires. Et ceux-ci n’ont qu’un seul baromètre : Le profit le plus rapide possible !

5-Cohabitation et spoliation

La cohabitation devient problématique avec les espèces autres qu’humaines, leurs territoires étant spoliés par l’urbanisation et la mise en culture. La biodiversité est en train de s’effondrer. Notre propre espèce, si pléthorique qu’elle soit, pourrait bien un jour faire les frais de cet effondrement et disparaître à son tour.

D’autre part certaines nations se sentent d’ores et déjà à l’étroit et préemptent les terrains riches de ressources diverses. La guerre du sol et de l’eau a déjà commencé.

6-Annexion et conflagration

Al Sissi dictateur égyptienLe monde est une jungle déclarait récemment un diplomate. Il aurait pu ajouter qu’une jungle trop peuplée rend sa traversée plus difficile et plus risquée. Les tensions internationales en sont un bon exemple et les candidats dictateurs sont à présent légion (Ci-dessus le général Al Sissi avec le président Macron).

Tensions internationales qui ont dégénéré en Ukraine avec l’agression militaire directe de la Russie sans déclaration de guerre, ce qui nous ramène à l’époque de l’annexion des Sudètes par le régime nazi en 1938. [4]

7-Détérioration et contestation

Un diagnostic extrêmement sombre concernant la santé de notre planète est posé dont les causes profondes sont les énormes besoins de l’industrie et de l’agriculture et les politiques expansionnistes des puissances.

Nombreux sont les nations émergentes qui s’orientent vers le développement sur le modèle des pays riches. Qui pourrait le leur reprocher ?

Mais nous consommons chaque année bien avant terme les ressources renouvelables disponibles [5]et rendons notre tribut à la terre sous la forme d’une considérable pollution. C’est insoutenable et cela entrainera de plus en plus de litiges, notamment avec ces nations émergentes qui en sont ou en seront les premières victimes malgré qu’elles n’en soient pas responsables. [6]

Epilogue

A parcourir tous ces sous-chapitres, on comprend que notre société a pris trop de virages ces dernières décennies et ceci bien trop vite avec pour unique religion : La croissance.

On parle en ce moment d’inflation monétaire car c’est hélas d’actualité. Mais on pourrait accoler l’inflationnisme en regard de chacun de ces chapitres : Inflation de la consommation, inflation du pillage des ressources, des inégalités, de la violence, des dictatures, des émissions de CO², de la pollution etc. Et surtout de la plus difficile peut être à réduire : Celle de la démographie.

La stratégie nécessaire pour entretenir une nation puissante (ce que tous les gouvernants recherchent finalement plus ou moins) [7] invalide toute initiative démographique vers la décroissance. Comment dans un tel contexte aborder des réflexions internationales sur la gestion de la natalité ?

On voit monter en puissance les gouvernements "forts". Les valeurs humanistes sont partout en recul et le réarmement bat son plein. La peur du lendemain aveugle bien des électeurs (Dans les pays où le droit de vote existe bien sûr) et favorise l’accession au pouvoir de gouvernements populistes de droite ou d’extrême droite.

Dans ces conditions la société pourrait-elle s’organiser, s’humaniser, se solidariser, se nourrir même si chaque décennie lui apporte des millions, voir des milliards de nouveaux habitants ?

Ou bien est-ce par la guerre nucléaire que la régulation démographique se fera ?

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Cavaliers de l’apocalypse

Un peu d’espoir

La France que nos anciens ont façonné, souvent dans les luttes pour la liberté, la justice et les droits sociaux, cette France perdurera-t-elle encore à la fin du siècle ? Protectrice aujourd’hui, pourra-t-elle résister demain à la contagion identitaire, à l’émergence d’une gouvernance nouvelle à l’image de ce monde à l’altruisme défaillant ? Ou bien la jungle reprendra-t-elle finalement ses droits ?

Certaines communications scientifiques prévoient malgré tout un ralentissement de la croissance démographique qu’elles attribuent à l’alphabétisation, les populations recevant une instruction procréant moins que les autres.

L’émancipation féminine serait également un facilitateur de la planification familiale. Il existe donc bel et bien des issues aux problèmes évoqués ici mais elles sont dépendantes de pratiques solidaires, d’avancées sociales et de la diminution de la précarité. Elles ne peuvent se soustraire aux orientations politiques si celles-ci leur sont défavorables.

Autant dire qu’il y a du travail et qu’on peut souhaiter que ceux qui s’investissent dans de telles missions reçoivent, en plus du respect qu’on leur doit, des moyens suffisants ainsi que le renfort de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté.

Nombreuses sont encore par le monde les belles personnes qui ont envie de faire évoluer notre siècle dans le bon sens même s’il s’annonce particulièrement agité.


[1En 1950, soit cinq ans après la création de l’Organisation des Nations Unies, la population mondiale était estimée à près de 2,6 milliards de personnes. Elle a atteint 8 milliards d’individus en novembre 2022.

[2Une visite sur ce site donne le vertige !

[3Voir à la rubrique "Néo-libéralisme".

[4Les 29 et 30 septembre 1938, Adolf Hitler, poursuivant ses objectifs pangermanistes et se faisant alors le champion du principe des nationalités, déclare vouloir « libérer les Allemands des Sudètes » de l’« oppression » tchécoslovaque et envahit ce pays sans que les autres nations ne réagissent.

[5Actuellement, il nous faut 1,75 Terre pour regénérer ce que l’humanité consomme. Calculée par le Global Footprint Network, la date du 28 juillet correspond à la date à partir de laquelle l’humanité a consommé (empreinte écologique) l’ensemble des ressources que la Terre peut reconstituer en une année (biocapacité). Ce sont évidemment les pays développés qui prélèvent la plus grande part des richesses et polluent le plus.

[6Notamment les zones impactées par la submersion marine due au réchauffement climatique et à la fonte des calottes glaciaires et celles qui subissent des sécheresses ou des inondations leur interdisant tout élevage ou toute culture.

[7Recherche de puissance productive et de stature internationale mais aussi de pouvoir disposer de suffisamment de chair à canon le cas échéant.