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J’ai mal à ma lucidité

lundi 14 janvier 2019, par grand-Pierre

Que veux-tu conifère ? Les hommes sont en train de réinstaller leurs vieilles estrades pour nous jouer à nouveau les grands drames qui ont déjà fait recette par le passé...

Capitaux, uniques objets de mon désir

Les défenseurs des droits de l’homme sont toujours vigilants lorsqu’il s’agit de voter des textes favorables à l’action policière car ils n’ignorent pas que cela peut représenter un danger pour les libertés. La fameuse loi anti-casseurs en fût en son temps un bel exemple.

Par contre, lorsque des lois sont votées pour donner plus de liberté d’action aux entreprises multinationales, aux détenteur de fonds de capitaux, aux banques etc., nous sommes informés que c’est une nécessité pour que les investisseurs puissent investir chez nous de même que le sont les privatisations et la libre-concurrence. La suppression par le gouvernement actuel de l’impôt sur la fortune ne serait en somme qu’une marque de bienvenue pour accueillir les capitaux.

Capitalisme. Qu’es aquo ?

Un mot est depuis longtemps devenu tabou pour la plupart des médias : Le capitalisme. Les méchantes taxes sont vilipendées au même titre que les restrictions budgétaires ou l’inflation des normes en tout genre. Mais de capitalisme ? De ça on ne parle même plus.

Et pourtant ! Ne me dites pas que c’est à cause d’un excès de socialisme que les gilets jaunes sont sur les ronds-points.

En une trentaine d’années, sous le règne de l’ultra libéralisme, ce sont dix pour cent des revenus précédemment dévolus au travail qui sont allés au capital. Dix pour cent du capital travail c’est considérable. Pour parvenir à ce résultat les actionnaires ont pris la main sur les patrons d’industrie et exigé de plus en plus de dividendes, au détriment des investissements et des stratégies industrielles productives et pourvoyeuses d’emploi.

Ces montants colossaux ne produisent aucune richesses utiles pour le pays. Au contraire, ils peuvent servir à alimenter les bulles financières spéculatives qui mettent les économies en danger. Que peut bien signifier de nos jours cette accumulation capitaliste dénuée de tout projet qui ne soit pas celui sa croissance infinie ?

La concurrence, si elle a toujours existé, s’est emballée et pour survivre chaque entreprise doit croître à l’infini face à ses concurrentes. Des besoins sont créés artificiellement, la pub est devenue reine. Le gâchis des ressources est partout présent. Les lobbies eux sont omniprésents auprès des élus et directement introduits dans l’espace législatif. Le capitalisme est roi. Le socialisme, lui, est mort, achevé de longue date par des gauches molles et réformistes.

Nous irons comme ça jusqu’à la prochaine crise, au prochain crash boursier qui d’ailleurs se profile à l’horizon comme en 2008.

Une révolution ? Oui mais... De gauche !

Mais quelles sont donc les forces qui pourraient se dresser pour protéger la société, la mettre à l’abri de l’irresponsabilité des traders, des pressions sur les élus de la République, voir de la corruption ? Avez-vous vu ces hauts fonctionnaires passer du public au privé sans état d’âme ? Ces ministres de l’impôt mettre leur économies à l’abri dans les paradis fiscaux ? Et quelles sont les forces, non capitalistes celles-ci, à même de réorganiser une collectivité apaisée et subvenant à ses besoins ?

Lorsque ces lignes seront lues par les petits et les sans-grades, les exclus du travail et les travailleurs pauvres, ils reprendront en cœur mon couplet et réclameront, pour certains du moins, l’intervention d’un homme fort (ou d’une femme providentielle) pour chasser les marchands du temple.

Mais hélas pour eux et pour nous aussi, on a jamais vu un régime autoritaire ne pas s’accommoder du capitalisme, bien au contraire. Lorsque la démocratie républicaine à sa botte ne permet plus au capital de dominer, c’est l’extrême droite qui prend le relais et canalise la colère des peuples quitte à enterrer la gueuse [1] (la République) une bonne fois pour toute par la suite.

Les "hommes forts" [2] se sont toujours entendus à merveille avec les forces de l’argent au détriment de la liberté et de la démocratie. Il faut savoir ça avant d’aller voter pour n’importe quoi sous prétexte qu’on est en colère.

Hitler, Pétain, Pinochet, qu’ont ils fait en leur temps ? La guerre ou la répression (ou même les deux). Et financées par qui ? Le capital international. [3] J’en vois qui sourient en me lisant. Tant mieux. Souriez braves gens pendant qu’il en est encore temps. Il serait pourtant préférable pour tous de passer du ras le bol, même s’il est parfaitement justifié, à la lucidité.

Un, minimum de culture politique vaut plus que cent référendums. Souvenez-vous donc de celui de 2005, pour le traité constitutionnel européen dont le pouvoir n’a même pas tenu compte en nous repassant le plat sans consultation un an plus tard...

La lucidité finalement, ça n’a rien de vraiment marrant.


[1Chanson des camelots du roi : « Et vive le Roi, à bas la république !
Et vive le Roi ; la gueuse on la pendra ! » (février 1934 - journée insurrectionnelle conduite par le Colonel de La Rocque - extrême droite).

[2J’aurais pu ajouter "les femmes fortes" mais cela n’a pas la même signification.

[3Notamment la banque d’Angleterre et General Motors et Ford aux états-unis pour les fonds destinés au réarmement de l’Allemagne nazie.