Le blog de Grand-Pierre

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Les nice blocs

vendredi 4 mai 2018, par grand-Pierre

L’empathie, qu’est-ce que c’est ?
La raison du plus fort ?
Pousse-toi de là que j’my mette ?
Tous pour moi ?
Tout casser ?
Me first ?
J’encule le PSG ?

Proudhon où est-tu ?

L’anarchie et les anarchistes ont, par le passé et notamment en Espagne, représenté une idéologie suffisamment prégnante pour que certains idéalistes aillent combattre courageusement dans un pays étranger contre le fascisme et les troupes de Franco la muerte.

L’anarchie croît sur les charniers gigantesques de 14/18 devant le cynisme des généraux qui envoient sans sourciller des divisions entières à la mort sans résultat stratégique.

L’anarchie renie l’état bourgeois estimant que les puissants le domineront toujours malgré un affichage de la liberté et de la démocratie qui ne duperait que les gogos...

L’anarchie, est bien mal représentée par les black blocs à mon humble avis. Casser du flic et du mobilier urbain, brûler des voitures sous couleurs de l’anonymat la représente en creux ; manque l’empathie. Qu’en penseraient les grands frères de 1917 ou de 36 en Espagne ? Je ne peux le dire.

La vieille provoque

Par contre je peux vous raconter un fait que j’ai personnellement vécu et qui vous intéressera peut-être.

Dans les année quatre-vingt, militant communiste, j’ai beaucoup arpenté Paris entre la place de la Bastille et celle de la République. Lors d’une importante manifestation j’étais affecté au service d’ordre que nous avions prévu suffisamment étoffé ce jour là pour parer à toute éventualité.

Au cours de la manifestation qui se déroulait dans le calme, un groupe de casseurs dont le visage était masqué par des foulards s’en prit aux vitrines des commerces avoisinants à l’aide de barres de fer. A ce moment là, un camarade, membre du comité central, que nous entourions, nous désigna un casseur en train de briser une vitrine en nous disant : "Chopez-le". Ce que nous fîmes.

Maintenu fermement contre un mur nous le fouillâmes et il fût pris en photo avec sa carte de policier bien en évidence. Les médias en furent informés.

Le soir même, le ministre de l’intérieur de l’époque intervint à la télévision pour déclarer qu’il était parfaitement normal que des policiers en civil soient présent dans une telle manifestation.

La ficelle est bien grosse et il est évident (du moins pour moi) que ces black blocs font le jeu de ceux qu’ils prétendent combattre. Groupes se déclarant sans chef, ils sont facile à infiltrer et à manipuler par la police. C’est un truc vieux comme le monde.

De quoi nos grands médias ont-ils parlé après cette manif ? Des revendications des cheminots ? Non, des black blocs.

Une impasse

Reste cette violence des jeunes, ce désir de destruction qui en habite certains indépendamment d’une quelconque origine politique car ils se confondent entre ultra gauche et extrême droite, crânes rasés ou cagoule, poing américain ou barre de fer.

Leur mal-être, une sensation de rejet par la société de ceux qui réussissent, l’impression que leur combat est important pour la cause, leur ras-le-bol ou leur misère les entraînent sur ce terrain glissant de la casse pour casser. Mais pour quel projet ? L’envie d’exister ? La médiatisation ? (Pour ça c’est réussi !).

Génération de la crise, de l’austérité mais également de la difficulté de suivre le mouvement tant il va vite et de s’intégrer pour certains. L’empathie fait hélas souvent défaut. On ne sait pas toujours dire merci, parler à l’autre, faire la part des choses. On cogne et ça défoule un bon coup. Mais ça ne pisse pas très loin... Hélas.

La société "protectrice ou prédatrice" ?

Pourtant ces démonstrations des black blocs, si elle peuvent être le fait d’une jeunesse en mal d’exercice, sont un bon baromètre de la violence de nos sociétés développées et démocratiques. Violence qui s’exerce dans les rapports économiques et sociaux au travers d’un système auquel il semble impossible de se soustraire. D’où les mouvements "alternatifs" et les zadistes d’un coté, et les électeurs nombreux des partis d’extrême droite de l’autre.

Un tel modèle économique, ultra-libéral, [1] recherchant le profit maximum et encourageant les plus gros prédateurs, ne mène qu’aux confrontations sociales et celles que nous vivons ne sont probablement rien à coté de ce qui s’annonce pour la suite...


[1Représenté à la présidence de la république par Emmanuel Macron