Le blog de Grand-Pierre

Je panse donc j’essuie (Devise du palfrenier) Un blog indépendant des réseaux sociaux.

Accueil > De tout et de rien > Réflexions d’un brave toutou écolo habitant en ville

Réflexions d’un brave toutou écolo habitant en ville

dimanche 10 décembre 2017, par grand-Pierre

Ce blog a un mauvais maître, trop occupé pour s’en occuper.
Alors je laisse cette fois la parole à quelqu’un d’autre et qui lui, a des choses à dire !

Ouah ! Ouah !

A coté de chez moi, de l’autre coté du couloir, il y a une jeune chienne qui m’envoie des messages odorants pleins de promesse sous les portes. De temps à autre elle aboie mais je pense que c’est seulement parce qu’elle souhaite sortir. Alors je me roule sur le canapé en attendant Roméo quitte à en redescendre prestement lorsque je l’entends monter l’escalier.

Mon maître se nomme Roméo. Dans ma tête de chien (nous sommes issus d’une espèce sauvage il paraît), il représente l’alpha, le chef de la meute. C’est mon petit alpha Roméo à moi.

Les journées passent et les semaines comme ça, sans bouger et à attendre. Mais je ne m’ennuie jamais. Je ferme les yeux sans rien perdre de vue. Mes oreilles s’agitent au moindre bruit et mon estomac m’indique l’heure avec une exactitude digne d’une montre Lorex.

Dire qu’il y a plein de chiens sauvages aux yeux jaunes et très méchants qui doivent vivre au dehors par tous les temps et se faire caguer à attraper des lemmings ou n’importe quoi. Ma vie de chien, quoi qu’on en dise a bien des avantages même si je ne peux pas sortir quand je veux.

Il rentre enfin, mon maître Roméo, fatigué et crotté par une journée de travail passée sous la pluie à chercher des os ou je ne sais quoi. Avec ses amis ils font des trous dans les routes qui ne sentent pas bon quand on renifle dedans. Il est jaune ou orange selon les jours mais je ne vois pas bien les couleurs alors je ne sais pas trop.

J’ai une grande envie de sortir pour mes petits besoins et le petit glouglou de la bière qu’il se sert en arrivant n’arrange rien. Je saute partout, aboie, lèche abondamment ses mains (il a horreur de ça) jusqu’à ce qu’il se décide enfin à décrocher ma laisse pour ressortir.

Il a mis longtemps à comprendre que nous les chiens mâles ne pissons pas n’importe où comme les hommes dans leur trou à eau. Il nous faut d’abord l’odeur d’un autre chien à qui faire savoir qu’on lui pisse dessus. Même s’il s’agit d’un copain de jardin, ça ne fait rien. C’est comme ça.

Je peux même prendre parfois des nouvelles olfactives de ma voisine de palier lorsqu’elle est en forme. Mais aujourd’hui la pluie dilue ces délicieuses effluves et, en plus, mon vieux Roméo, qui prend la dégoulinade glacée dans le cou, a déjà la ferme intention de rentrer et me tire sur le cou comme une brute.

Pour me venger je lui pose une belle crotte juste devant l’immeuble. Il se fera engueuler par les voisins car il n’aime pas ramasser ce que les humains appellent les déjections canines.

Les humains, eux, déjectent beaucoup plus que nous d’ailleurs, même s’ils font en général leurs crottes dans leur trou à eau personnel. Les trottoirs sont garnis de boites à ordures qui débordent souvent et qui sentent un tas de trucs intéressants. Comme eux ils ne sentent rien, ils se trompent de trou dans les boites et mettent souvent du gris dans le jaune et vice et versa. Chaque jour, et même la nuit, ils descendent plein d’objets et de meubles cassés dans la rue pour des raisons que j’ignore.

Ce qui pue le plus, ce sont leurs maisons rapides. Surtout lorsqu’ils les allument le matin et qu’une fumée leur sort du derrière. Elles laissent aussi des marques noires par terre qui glissent et qui sont toxiques (j’en ai goûté une fois et j’ai été malade). Quand aux plus jeunes qui n’ont pas encore de maisons rapides ils crachent tout le temps des trucs collants qui restent par terre et qu’on ne peux pas manger.

Heureusement qu’il y a la rôtissoire sur le Quai et toutes ces boulangeries qui nous font saliver et aussi les petits enfants qui nous caressent et qui sentent toujours quelque chose de bon.

Finalement, et s’il était plus cool, la vie avec Roméo au Vigan ne serait pas si mauvaise. Dommage qu’il ne soit pas chasseur. Ça me ferai prendre de l’exercice. J’ai essayé plusieurs fois de lui faire voir que j’avais des dispositions en coursant quelques matous. Mais lui, il serait plutôt du genre bistro et tiercé.

Et en plus, il aime les chats...