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2017 année des surprises ? En tout cas pas celles des primaires !

dimanche 8 janvier 2017, par grand-Pierre

Primaires de droite et de gauche, représentent-elles un choix démocratique offert aux électeurs ou plus simplement un grand battage médiatique ?

Raccourci historique

Lord Churchill avait confié aux anglais que la démocratie représentait le pire des systèmes de gouvernement à l’exception toutefois de tous les autres.

Ce "british humor" de l’ex premier ministre de Grande-Bretagne peut s’appliquer également hors des frontières du Royaume-uni. Le fait de n’être pas gouvernés par un monarque, voir par un potentat sanguinaire a un prix, celui de l’exercice difficile de la démocratie.

En France nous sommes progressivement passés de l’ancien régime et du tiers-état à la république, en transitant par quelques épisodes violents où l’on peut ranger les révolutions de 1789, les Trois glorieuse de 1830 et celle de 1848. Puis la république fut rétablie après le régime fascisant de Vichy. [1] Sans oublier toutefois, dans ce parcours chaotique l’avènement de la cinquième république en 1958, dans le contexte de la guerre d’Algérie et de la menace d’un coup d’état militaire.

Ce raccourci historique nous amène aux temps actuels, une fois démontées les barricades du Quartier latin de mai 1968.

Montée en puissance de l’anthropocène

Ma génération de septuas a connu les balbutiements de la télévision, la presse écrite toute puissante et le développement tout azimut durant les trente glorieuses qui n’ont rien à voir avec les trois précédemment citées.

Tout a été très vite à regarder les choses avec un peu de recul. Mon papa avait été accueillir au printemps 1927, en compagnie de son père et de parisiens exaltés, Charles Lindberg au Bourget après sa traversée New-York/Paris sur le Spirit of saint-Louis. Quand à moi vers douze ans, j’allais avec un copain [2] sur la terrasse de l’aéroport d’Orly prendre les tous nouveaux jets en photo avec une boite Kodak. (Ce serait bien difficile aujourd’hui !).

Progrès technique et scientifique sans précédent durant ces décennies mais aussi progrès s’inscrivant malgré tout au cœur de la vie des ménages tandis que la guerre froide entre le système américain et le système soviétique divisait le monde en zones d’influence et en foyers de conflits.

Vinrent les années quatre-vingt-dix et, après l’avènement de la télé et de l’aviation, ce fut le tour du numérique. Les petits zéros et les uns du code binaire envahirent le monde et les machines évoluèrent si vite qu’on avait du mal à les suivre... [3]

L’époque de la "com"

L’individu lisant le journal en prenant tranquillement son café n’est plus actuellement, au mieux, que l’exception qui confirme la règle, et au pire qu’un souvenir. A présent nous sommes impactés par des centaines d’informations à longueur de journée qui nous arrivent par différents canaux : Presse écrite, télé, web, radio et réseaux plus ou moins sociaux, sans oublier les "courriels" qui nous tombent dessus sans arrêt. Nous sommes rendus à l’époque de la "com".

L’image et le son ont pris le pas sur l’écrit, véhiculés par les nouveaux moyens numériques. La pub, envahissante, omniprésente, base économique de ce gigantesque édifice cherche à nous accrocher jusque chez nous par le moyen du téléphone.

Cette profusion communicante n’a rien de neutre. Les grands médias français appartiennent aux plus grandes fortunes du pays. Vous trouverez en pièce-jointe une illustration parue dans le Monde diplomatique qui liste les titres des médias et de leur propriétaires [4] . Soyez tout à fait rassurés : Vous n’y trouverez probablement aucun activiste d’extrême gauche...

La république médiatique

Avant de gouverner, et quelquefois après, nos dirigeants sont contraints à communiquer. A l’exemple de Sarkozy qui a ruiné l’état à coup de sondages pour évaluer l’impact de ses décisions, voir de leur impopularité. Cela les contraint également à avoir des rapports plus ou moins ambigus avec les médias et comme ces médias sont plus ou moins aux mains de l’oligarchie financière le résultat est bien loin de l’idée que l’on serait en droit de se faire de la démocratie.

Face à cette exigence de communiquer et à l’instar des américains qui ont institutionnalisés les élections primaires depuis longtemps, les grands partis français se mettent, eux depuis peu, à pratiquer cet exercice démocratique majeur. Mais notre démocratie y gagne-t-elle quelque chose finalement ? Il est permis de poser la question.

Un club très fermé : Le syndicat de copropriétaires

La primaire de la droite a rapporté, tous frais déduits, 9,4 millions d’euros au partis engagés. (LR et centristes). Cette somme sera imputée au budget de campagne de l’heureux candidat gagnant du deuxième tour. Les primaires de gauche auront-elles la même opportunité ?

Le coût d’une campagne présidentielle étant devenu ce qu’il est, ces primaires tombent à point nommé ! Ce sont les futurs électeurs qui payent. Cela vaut quand même mieux que lorsque c’était le très regretté colonel Kadafi qui passait la monnaie...

Mais si les électeurs souhaitent soutenir leur challengers, pourquoi pas ? Cependant la question n’est pas là. Le problème des primaires c’est plutôt l’inconnue de la participation et le flou autour de qui vient voter et pourquoi ?

Imaginez que les autres partis, non gouvernementaux s’inscrivent aussi dans cette démarche : Très peu probable, car ils n’en auraient pas les moyens organisationnels.

L’organisation des primaires, de même que pour leurs homologues américaines, sont donc le fait des "grands" partis qui mettent en vitrine un panel de candidats plus ou moins représentatifs de tendances internes. Hors de cette sélection point de salut. Quelqu’un a fait la comparaison avec un syndicat de copropriété qui s’expliquerait gentiment en famille. On nous propose un choix pré-dirigé. Pas plus de candidats antisystème dans ces primaires que d’anarchistes proprios de grands médias !

L’exercice n’en est pas moins amusant à comparer les différents programmes issus du même moule libéral et dosés à sa sauce par chaque candidat. Cinq-cent-mille fonctionnaires de moins par-ci et seulement deux-cent-cinquante-mille par là. Privatisation de la sécu ici et simple réforme libérale par là.

Pour celles de la gauche nous apprécierons certainement les galipettes de Valls à propos du fameux article quarante-neuf-trois de la constitution qu’il utilisa en tant que premier ministre à de nombreuses reprises pour faire passer les lois sans l’aval du parlement. La réforme du code du travail par exemple. Un grand démocrate, à n’en pas douter.

Alors, si 2017 nous réserve des surprises, elles ne viendront pas de ces primaires...

Pour conclure d’une pointe, ces pratiquants de la primaire sont également ceux qui nous dirigent depuis fort longtemps sans pour autant avoir tenu leurs promesses électorales alléchantes et il faut bien qu’ils renouvellent leur stock d’artifices pour parvenir à nous séduire encore une fois.

Alors, les primaires sont-elles le nouveau luxe de la démocratie ou une manipulation à grande échelle abondamment et complaisamment relayée par les médias ?

That is the question.


[1(Vote des femmes pour la première fois et programme social du Comité National de la Résistance dont la sécurité sociale)

[2Sénateur centriste aujourd’hui

[3Ce qui est d’ailleurs toujours le cas !

[4Presque tous soutenus par leur régie publicitaire - Quelques noms parmi les plus connus > Dassault - Bolloré - Rothschild - Bouygues - Pinault - Hersant - Tapie - Perdriel - Bettencourt - Lagardère - Pigasse - Niel