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Abstention = piège à cons

lundi 26 mai 2014, par grand-Pierre

L’abstention aux scrutins européens est le grand vainqueur du 25 mai 2014. Les spécialistes des courbes de Gauss nous rassurent : Elle aurait terminé son ascension si toutefois elle ne décroit pas encore. Quels enseignements tirer de ces élections psychodramatiques ?

Le tsunami provoqué par les 25% du FN en France impacte plus les scores d’audience des chaines de télévision nationales ou européennes que la répartition des sièges au parlement européen.

Pourtant, si un score aussi élevé n’avait encore jamais été atteint, il ne représente que l’expression... Des suffrages exprimés ! Ce sont donc bien les abstentionnistes qui ont fait en sorte, en dédaignant de se déplacer dans les bureaux de vote, que de nombreux candidats FN soient élus. Vous me rétorquerez que cela vaut également pour les autres candidats, certes. Mais au vu des résultats, ce sont bien les électeurs FN qui se sont le plus mobilisés tandis que d’autres prenaient tranquillement leurs premiers bains de soleil. A voir leurs affiches (en illustration), nous sommes renseignés sur leur xénophobie hexagonale... [1]

L’Europe dans le colimateur

L’image de l’Europe de Bruxelles est déplorable pour de très nombreux européens. Ses acquits, ses avancées, certes importants, sont masqués par le cortège des attaques libérales contre le salariat. Elle apparait lointaine et, en ces temps de crise, elle semble la pourvoyeuse de l’austérité et des inégalités sociales.

La commission, en véritable patron, mène le jeu alors que le parlement élu ne sert que de chambre d’enregistrement.

Entre les socialistes et démocrates et le parti populaire des démocrates-chrétiens, il n’y a pas de place pour une expression suffisante des euro-critiques, sans parler des euro-septiques. Les dix pays de l’est-européen, récemment affiliés, entrent en concurrence avec ceux de l’ouest et du nord alors qu’une harmonisation serait indispensable pour jouer dans la même cour et représenter un bloc solidaire et protecteur face à la mondialisation.

La solidarité avec ceux du sud de l’Europe est mise en cause avec la volonté du leader allemand d’imposer une austérité draconienne à ces malheureux états. (Le vote des grecs pour le parti d’Aléxis Tsípras - Gauche radicale Syriza - constitue la réponse du berger à la bergère).

La gestion catastrophique de la crise ukrainienne démontre l’absence totale de politique extérieure d’une Union Européenne. Celle-ci est exclusivement liée aux problèmes économiques de l’ultra libéralisme agissant qui s’est accaparé l’Union dés le commencement. (Voir l’article précédent sur le TAFTA).

La sortie de crise se fait attendre [2] et en fait, les crises n’ont aucune raison économique pour ne pas se reproduire car le système a été conservé en l’état malgré quelques retouches à la marge après la grande crise de 2008.

Une construction plus difficile

Dans ces conditions la construction européenne devient chaque jour plus délicate car ses dirigeants s’aperçoivent malgré tout, au détour d’une élection, qu’on ne peut faire l’Europe sans les européens. Ses adversaires des droites extrêmes ont donc beau jeu d’attaquer cet édifice instable, ce château qui n’est pas si fort qu’ils le pensaient.

La démocratie est le pire des système à l’exception de tous les autres disait Winston Churchill. Ceux qui se déclarent adversaires de l’Europe sont-ils des démocrates convaincus ? (Voir l’article sur le FN) On peut en douter au regard de l’histoire récente de notre continent. Mais les mémoires vieillissent et disparaissent tandis que les cycles anciens peuvent ressurgir sans que l’on y prenne garde.

Un sursaut attendu

Les deux partis dominants cités plus haut auront-ils pris conscience du danger ? Essayeront-ils de démocratiser et d’harmoniser l’Europe au plus vite ? De réguler le rôle de la finance et de donner une juste place au développement, à une transition économique et écologique nécessaire ? Mais surtout : Le pourront-ils avant que l’Union Européenne ne soit devenue un souvenir ? A écouter messieurs Juncker et Schulz, candidats à la présidence de la commission pour que l’un des deux soit finalement désigné par les chefs d’état, on n’en est pas totalement convaincu. C’est blanc bonnet et bonnet blanc comme l’aurait dit Jacques Duclos... D’ailleurs, ils votent de concert au parlement depuis des décennies.

Quand aux députés que nous passons nos dimanches à élire, ils ne travaillent en fait que pour défendre les intérêts de leurs nations ou pire, de leurs lobbies préférés. Combien d’entre eux ont-ils réellement une vision européenne ? Une vision sociale de l’Europe ? Et de quel poids pèsent-ils dans cet hémicycle ?

Pour ce qui est de la bleue Marine, il parait qu’elle n’en fiche pas une ramée à Bruxelles ! (A part préparer la présidentielle française de 2017).

Malgré toutes ces embuches, la construction d’un état fédéral européen se fera probablement un jour, mais après combien de crises, combien de luttes et combien d’élections ratées, voir de bruits de bottes ?

Pourtant dans notre malheur, nous avons eu de la chance

Imaginez un peu le nombre des abstentionnistes si la coupe du monde avait démarré en mai ! C’était du 80% à coup sûr ! Panem et circenses... [3]


Notre territoire local possède maintenant son petit tableau d’honneur. Je cite simplement pour mémoire les trois communes ayant le plus fort pourcentage de voix pour Louis Aliot (FN) :

Moyenne nationale du FN = 24,85% (Soit 10,12% des inscrits)

- Arre = 45,54% (Au total et en tenant compte de l’abstention, cela représente 57 habitants sur 290 soit 20% de la population de la commune)
- Navacelles = 42,66%
- Montdardier = 40,63%

En comparaison avec le scrutin présidentiel en Ukraine (2% seulement pour l’extrême droite) dont Poutine traite les dirigeants de fascistes, comment se positionnent ces électeurs FN dans ces communes à haut risque identitaire ?

On pourrait dire comme un certain moustachu : Ahrr ! Golozzal zgore meusieu !


[1Les élections présidentielles en Ukraine ont comporté 2% de voix pour l’extrême droite nationaliste. Une leçon à méditer amèrement en France.

[2Sauf pour les oligarques.

[3Du pain et des jeux.