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Etre de gauche en France en 2014 ?

vendredi 17 janvier 2014, par grand-Pierre

Entre la résignation à l’austérité, la gouvernance réactionnaire de la troïka (BCE-FMI-Commission européenne) et les histoires de cuisses présidentielles, sans parler de la météo pluvieuse, le moral de nos concitoyens, à l’orée de la campagne des élections municipales, rase les pâquerettes.

Enfin ça y est ! Le président des français a lâché le morceau : Il est un social-démocrate, ce qu’on peut traduire en langue vernaculaire par "un gauchiste converti à une politique de droite". L’austérité sera bel et bien pour ceux qui ont toujours eu l’habitude de trinquer : les classes populaires et les petites entreprises. Cadeaux pour le MEDEF et restrictions pour les collectivités. On est prié de se serrer la ceinture en attendant le redressement des finances françaises.

80 milliards d’euros (Mds/€) identifiés concernant la fraude et l’exil fiscal des riches et il faudrait trouver sur le dos des citoyens 50 Mds/€ pour réduire notre déficit budgétaire...

"Optimisation fiscale", un vocable récurrent dans la bouche des dirigeants de entreprises du CAC 40. Cent-quarante des quatre-cent-vingt sociétés du groupe LVMH (Bernard Arnaud) sont domiciliées dans des paradis fiscaux. Bernard Arnaud affirme pourtant avec aplomb qu’il souhaite payer ses impôts en France...

La fraude à la sécurité sociale dénoncée jadis par le président Sarkozy est estimée à vingt Mds/€. Quatre-vingts pour cent de cette somme, soit seize Mds/€ sont dus à la fraude patronale qui a recours au travail dissimulé. La fraude des allocataires, elle, ne représente que 1% du global soit deux-cents millions. [1]

En 2009, le groupe PSA a bénéficié d’un prêt bonifié de l’état de 3 Mds/€. En 2010, le même groupe a distribué deux-cent-cinquante millions d’euros à ses actionnaires dont soixante-douze millions aux membres de la famille Peugeot. Le directeur, Philippe Varin, a perçu en 2011 plus de trois millions d’euros ! Alors que le groupe décide de réduire ses effectifs sur le site d’Aulnay, il est intéressant de savoir que le coût de main d’œuvre ne représente dans l’automobile qu’un vingtième du prix de revient... Et aussi que le site d’Aulnay représente un véritable pactole immobilier à la revente.

Je pourrais étirer cette liste à longueur d’article tant les dés du grand jeu de l’oie socio-économique sont pipés en France.

La compétitivité de nos majors, soutenue avec l’argent des contribuables, ne crée pas plus d’emplois. La plupart d’entre elles ne produisent d’ailleurs plus en France depuis longtemps. Les cadeaux gigantesques que la social démocratie continue de leur faire ne font que creuser notre déficit.

Quel citoyen ne serait pas d’accord pour que le déficit du budget soit enfin maitrisé ? Pour que la dette de la France n’augmente pas jusqu’à devenir une rente majeure pour les banquiers et un boulet pour nos finances ? Mais est-ce que vous vous souvenez où et quant les états européens ont pris la décision de se refinancer sur les marchés privés ? ...A Maastrischt en 1992 pour une Europe libérale.

Il serait très intéressant de regarder comment se creuse le déficit. Est-ce le fait des 1% des allocataires de la sécu indélicats ? Est-ce celui des ouvriers de PSA comptant pour un vingtième du prix de revient des modèles ? De ces chômeurs qui coûtent si cher et ne trouvent pas de travail ? [2]

Une transition est possible en douceur vers une autre conception du développement. La transition éco-socialiste qui, loin de ne jurer que par le PIB et la croissance indéfinie, propose une alternative fondée sur les besoins sociaux et la nécessité d’un changement de paradigme écologique.

Les réseaux d’eau potable de la plupart des villes perdent cinquante pour cent de ce fluide avant d’arriver jusqu’à nos robinets. La fuite est la règle et il est très difficile de l’éviter. Mais cet exemple peut se rapporter à nos institutions, à nos modes d’organisation et de gouvernance qui coûtent le plus souvent cher pour une efficacité pas toujours évidente.

Un chantier très important, un "gisement" pour l’emploi pourrait être démarré rapidement pour assurer cette transition. Mais malheureusement, au lieu et place de cette transition "intelligente", c’est le "green-washing" des multinationales qui se met en place. On monte des projets soit-disant "verts" dont le principal intérêt est de rapporter de grosses sommes et dont l’efficacité environnementale reste le plus souvent à démontrer.

Quelles sont les marges de manœuvre dont dispose notre exécutif national ? Faibles car soumises au régime européen austéritaire. Une politique économique et sociale calquée sur celle de nos partenaires allemands (qui ne se portent pas aussi bien qu’on voudrait nous le faire croire) ne changera pas la donne et fatalement, les crises se reproduiront indéfiniment à l’identique.

Nombreux sont ceux qui craignent le changement et qui ont en horreur toute tentative radicale pour y parvenir. Mais de cette façon, ne s’exposeront-ils pas finalement a une radicalité plus catastrophique encore : Celle du populisme d’extrême droite et son credo de la différence et de l’exclusion qui gagne de jour en jour du terrain en France ?

Nous vivons une époque moderne...


[1Assemblée nationale, Rapport d’information sur la lutte contre la fraude sociale, Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale, présenté par M. Dominique Tian, enregistré le 20 juin 2011.

[2Le MEDEF propose d’ailleurs de mettre fin à ce scandale en écourtant la période d’indemnisation.