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Les maires devront-ils marier les homos sans-papiers ?

jeudi 10 janvier 2013, par grand-Pierre

Le débat médiatique sur le mariage des homosexuels se déroule assez confusément, d’où ce titre un peu provocateur.

J’avais hésité, pour titrer cet article, à écrire : Homosexuels : allons au fond des choses. Mais j’ai pensé que cela pourrait être interprété et dans ces grands débats sociétaux, ils faut faire attention à ce que l’on écrit, l’humour étant quelquefois politiquement incorrect.

La Nouvelle République du 10 janvier s’inquiète de l’impact politique et titre : 2013, annus horribilis ? Hollande anticipe. Vous constaterez qu’il n’y a pas que moi qui adopte des titres à la noix !

Toutefois mon titre ne se résume pas qu’à un trait d’humour provocateur. Car les homosexuels revendiquent bel et bien (ou du moins certains d’entre eux) une reconnaissance au travers du livret de famille comme les sans-papiers le font pour le permis de séjour ou la carte nationale d’identité !

Manif pour le mariage pour tousDimanche prochain, une grande contre-manifestation devrait avoir lieu, et, si l’on en croit la rumeur, rassemblera beaucoup de monde. Catholiques, intégristes ou non, gay récupérés, conservateurs de tous poils mais aussi, et pourquoi pas des gens souhaitant affirmer leurs opinion en dehors de toute appartenance religieuse ou politique.

Bien évidemment, l’extrême gauche ne devrait pas s’y trouver majoritaire !

Deux débats

D’une oreille distraite, j’ai écouté ce qui se disait sur le câble ; distraite car dans la hiérarchie de l’information, d’autres sujets pourrait prendre la tête, notamment la croissance non contrôlée du chômage et la paupérisation des classes populaires par la politique d’austérité.

J’ai remarqué en écoutant ces débats médiatisés qu’il était souvent question de l’affect, voir du pathos et que les intervenants mélangeaient un peu les problèmes en confondant la question du droit à être reconnu légalement en tant que couple, ce qui serait un acquis social et le droit de constituer une famille et de déclarer des enfants. La question n’est pas simple et la solution non plus par voie de conséquence.

Quels enfants ?

La question de la parentalité est posée. J’ai des amis homosexuels, homme ou femme, qui ne m’ont jamais parlé de leur volonté de créer un foyer familial. S’ils souhaitent bien sûr être reconnus et intégrés, ce n’est pas dans le but d’élever des enfants.

On peut débattre infiniment de la question et de cette volonté de bâtir des familles homo-sexuellement-parentales. Il y a là un grand pas à franchir en terme d’évolution des mœurs et cela provoque évidemment des réactions en retour. Le repère familial est menacé historiquement !

La procréation assistée (PMA) existe pour les couples hétéros, mais sous certaines conditions assez strictes. Or elle sera incontournable pour les couples homos. Soit, pour les lesbiennes, la mère fera appel à un reproducteur extérieur (de préférence beau - fort - intelligent) et les gays pourront recourir à la solution de la mère porteuse (belle - blonde - féminine) [1]. Reste aussi bien sûr l’adoption comme solution.

Dans les deux premiers cas (procréation assistée de l’extérieur) l’enfant n’aura qu’un parent vrai dans le couple marié. L’autre parent biologique risque fort d’être shunté et cela pour l’éternité. Le débat consiste donc à évaluer l’impact sur l’enfant. [2] Les situations mono-parentales, très répandues, procèdent d’une autre logique car historiquement, le parent absent à le plus souvent une existence reconnue par l’enfant et le droit de visite demeure un lien incontournable. [3]

Dans le cas de l’adoption par contre, l’enfant orphelin ne serait pas privé d’un parent puisque qu’il n’en a plus, malheureusement pour lui. L’adoption par un couple homosexuel ne poserait donc pas de problème à priori.

Possibles dérives

Mais l’adoption étant un parcours du combattant pour les couples hétéros, elle ne risque donc pas d’être une sinécure pour les homos et les possibilités seront probablement extrêmement réduites pour eux dans ce domaine !

La GPA (ou Gestation Pour Autrui) quand à elle, risque de créer un espace pour un marché underground de la procréation faisant appel à des mères porteuses vénales ce qui n’est pas à exclure puisque nous vivons la marchandisation de tout ce qui bouge. [4]

Enfin, nous verrons peut-être bientôt la biologie de synthèse afficher sous forme de catalogue de beaux bébés Cadum, avec promo "Spéciale homos" à commander sur le Net en précisant le génome souhaité par les parents...

Ne vous récriez pas encore, nous y sommes demain.

Il ne s’agit pas de considérer la procréation et la filiation génétique à la légère sous le seul prétexte de satisfaire à la liberté universelle. Les enfants ne doivent pas devenir à plus ou moins long terme une opportunité réservée à la seule convenance parentale, fût-elle homo. Les enfants n’ont rien à voir, à mon avis, avec ces adorables petits chiots que l’on peut se procurer sans difficulté dans la première animalerie venue. Les bio-technologies ont ouvert ces dernières années un champ nouveau aux investisseurs et des promesses de profits colossaux. Il faut bien maintenant intégrer cette réalité nouvelle au débat sur l’homo-parentalité.

Terminons, pour être un peu moins sérieux, par le cas des juges qui auront du souci à se faire à propos de la garde des enfants de divorcés homosexuels. Quel pastis mes amis !


[1Pardon pour ce trait stupide. Mais après tout, lesbienne ne rime pas obligatoirement avec féministe !

[2Il est question du droit des enfants d’avoir accès à leur origine

[3Cas, par exemple, des homosexuels ayant déjà eu un enfant avant leur mariage homo.

[4La discussion sur la gestation pour autrui a phagocyté les débats sur le mariage homosexuel mercredi 30 janvier à l’Assemblée. Les députés UMP ont accusé Christiane Taubira d’avoir voulu faire passer une circulaire "en catimini" pour faciliter l’attribution de la nationalité française aux enfants nés à l’étranger de mère porteuse. Un argument qui a ragaillardi l’opposition et mis le gouvernement sur la défensive. Source : Le Monde

Messages

  • Pierre regarde bien le projet de loi, il n’y est plus question de procréation médicalement assistée pour les homosexuels, un petit tableau très explicite de ce projet ici :
    http://www.franceculture.fr/emission-le-choix-de-la-redaction-enfants-de-couples-homo-2012-11-07

    Tu trouveras aussi des témoignages d’enfants d’homos ici :
    http://www.franceculture.fr/emission-le-choix-de-la-redaction-enfants-de-couples-homo-2012-11-07

    Combien de témoignages d’enfants de couples homos, d’expériences d’adoptions dans les pays voisins qui pratiquent l’égalité des droits, combien d’analyses et de publications de psy en tout genre nous confirment que l’homoparentalité ne nuit en aucun cas au développement de l’enfant.
    En tout cas pas plus qu’à des enfants issus de famille hétéro, et j’en sais quelque chose ! (permets-moi de faire dans l’affect…). Pour paraphraser Elisabeth Badinter (dont je ne partage pas toujours les propos) : " Quand on voit la somme de malheurs, de névroses, de douleurs que peut engendrer la famille hétérosexuelle la plus traditionnelle qui soit. Je me dis : au nom de quoi une famille homoparentale serait-elle pire ?"

    Mélenchon qui exprime bien souvent nos idées mieux que nous ne le ferions, dit très justement lors de ses vœux à la presse du 10 janvier : "Nous croyons fondamentalement à l’égalité absolue des êtres humains. […] Qui veut l’égalité à un endroit, la veut forcément à l’autre et qui veut ne la veut pas à un endroit finit toujours par ne pas la vouloir à l’autre."(1)
    Par ailleurs, manifester sa désapprobation à un projet de loi relève d’une liberté incontestable, si je puis dire. Ce qui est plus dérangeant c’est de voir s’immiscer le religieux dans notre République séculaire.
    Voilà qui est grave et dangereux.
    Grave et dangereux le pouvoir médiatique (à la solde de qui nous savons) qui utilise ce projet de loi pour en faire un épiphénomène.
    Pendant ce temps, tout près de nous Jalatte, 53 licenciements, et puis Sanofi, Florange, Petroplus, Solimedical, etc. , les négociations sur l’emploi avec la casse systématique du code du travail et la précarité qui va avec, bientôt une nouvelle réforme-régression des retraites.
    Comme le dit Virginie Despentes, je m’étonne que le mariage vous obnubile autant, que ce soit chez Jospin ou au Vatican, alors que la misère vous parait à ce point supportable…
    Pendant ce temps, les victimes des religieux pédophiles continuent de souffrir : laissez venir à moi les petits enfants…
    Au fait, question à deux francs (comme dirait Cahuzac) : les prêtres catholiques se font appeler "mon père", expliquez-moi quel est ce miracle qui fait de nous les enfants de ceux qui ont fait vœux de célibat ? Seraient-ils donc les précurseurs des ces enjeux sociétaux qui nous agitent en ce moment ? Il s’avère que l’exemple leur vient de plus haut avec l’immaculée conception…

    Voilà Pierre, bien que dans le même parti, nous avons des visions différentes sur certains sujets, ce qui fait toute la richesse de ce parti creuset. On lâche rien !

    Fabienne

    (1) à lire l’interview qu’a donnée Mélenchon à Têtu le 1 juillet 2011 sur
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2011/07/01/interview-au-magazine-tetu/#more-10086

    • Dans cet article, j’ai essayé d’éviter de mélanger les problèmes. Je n’y aborde pas la question des prêtres pédophiles, ni des enfants malheureux. Je n’en fait pas un enjeu de la liberté universelle (ce qui est une chose excellente) ni un débat sur la laïcité. L’immaculée conception des catholiques n’a rien à voir non plus avec mon propos ni les employés de l’entreprise Jalatte risquant d’être licenciés.

      J’essaie seulement de m’exprimer sur l’homoparentalité, sans homophobie et en posant comme préalable la reconnaissance des couples homosexuels. (Que je donne comme un progrès social).

      Alors, ne Mélenchon pas tout, c’est déjà assez compliqué comme ça !
      GP

  • Pierre,
    ton article me chagrine énormément, et je suis déçue dans ce domaine de te trouver un peu "réac".

    Je suis née de" père inconnu ", et élevée jusqu’a l’age de dix ans par deux mamans ; Ma mère génétique , très peu présente ; et ma nourrice, très aimante, et ces dix années
    ont été parmi les plus heureuses de ma vie ; puis ma mère génétique m’a reprise et j’ai du subir un beau père odieux , alcoolique et lubrique et les neuf années qui ont suivi ont été très douloureuses souvent.Mais nous étions dans une famille hétéro " normale" !!

    Certes ces deux femmes n’étaient pas homosexuelles mais mon expérience personnelle, prouve qu’être élevé par deux hétéros est loin d’apporter le bonheur aux enfants , ni qu’ils sont plus épanouis.

    Tout comme toi j’ai des amis homos femmes et hommes dont deux amies qui ont élevé ensemble un garçon conçu par l’une d’entre elles, et qui est devenu un homme formidable, et un très bon médecin. Je me souviens qu’a l’époque (il y a 35 ans) ces deux femmes regrettaient amèrement que cet enfant n’ait pas accès aux mêmes droits que ceux des hétéros mariés, et nous débattions de ce problème. Depuis ces situations se sont multipliées et nous sommes devant un fait accompli. Dont acte.
    EGALITE POUR TOUS ,ET CESSONS DE NOUS FAIRE PEUR, IL Y ASSEZ DE L’ETAT DE LA PLANETE POUR CA.
    Amitiés