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Auto-saturation numérique

lundi 5 novembre 2012, par grand-Pierre

Il ne s’agit aucunement d’un problème de circulation automobile, vous l’aurez compris, mais de la sollicitation effrénée de nos petits neurones et de notre temps de cerveau, devenu indisponible à coup de sur-information numérisée.
Mais il reste toujours ce bon vieux papier pour se tenir au courant !

Sept heures trente. Le bol de café à portée de main, j’allume l’ordinateur dont le ronronnement rassurant de ses nombreux micro-ventilateurs achève de me réveiller.

Les écrans clignotent devant mes yeux qui ne sont encore qu’à peine entrouverts et ça y est, je suis enfin connecté !

Mes boites de courriel (je ne dis jamais mail) s’ouvrent à leur tour et le tri commence. Entrainé presque malgré moi par le flot des messages, je réagit d’abord à l’urgence si besoin. De lectures en pièces-jointes, de réponses en recherche de dossiers, de classement en casse-tête et au libérateur enfouissage en poubelle, le temps a défilé et il est déjà dix heures ! Je n’ai rien fait.

Fort heureusement pour moi, je n’ai pas d’amis sur Face Book mais cela ne me met pas à l’abri d’une inflation de mots et d’images qui a peu à peu prit une part considérable de mon emploi du temps.

Une maladie chronique

Inflation consentie remarquerez-vous justement. Addiction au "numérique" incontrôlée. Possible. Ah, c’est vrai, j’avais signé cette pétition en ligne... M...e ! Ils m’ont fichu sur leur liste d’abonnement à la newsletter. Dix minutes plus tard, ça y est ! Je suis enfin parvenu par des manœuvres tortueuses et contournées à me désabonner, moi qui n’était pas abonné, mis à part au téléphone.

Satisfait de ma performance j’ouvre alors un nouveau message, lanceur d’alerte, m’invitant de toute urgence et en gros caractères à répercuter son contenu sur tous mes réseaux. Ben voyons...

Une poubelle plus tard, un penseur éclairé m’invite à la lecture d’un texte limpide de seize pages sur l’économie revisitée. Suis-je encore un homme libre ? Le téléphone grelotte : Sonnerie occupée. Encore la pub. Ils appellent plein de numéros à la fois et vous décrochez sans personne au bout du fil... Il parait qu’en Suisse on peut, pour une somme modique, faire figurer dans l’annuaire une croix rouge devant son nom qui indique que les appels publicitaires sont interdits. Heureux pays. Je comprends que Johnny s’y soit installé.

Une course à faire

Onze heures, égrenées au clocher de l’église St Pierre, me rappellent que je dois aller faire une course. Mais auparavant il me faut prendre des arbitrages importants : Ça ? J’archive ou pas ? Est-ce que je dois garder les horribles photos de voyages que tante Ursule vient de m’envoyer ? Ah ! Oui, au fait. Répondre OK pour le RV à Trifouillis-les-Oies... Ma souris commence à chauffer.

J’ai lu en diagonale la moitié des choses, regardé vite fait les images, visionné des petits bouts de vidéo en déplaçant le curseur vers la fin et écrit ce maigre article pour... Ne pas être en reste et participer moi aussi, humblement, à ce maelström. M’enfin ?

Dans ma boite aux lettres

...De retour chez moi, ma bonne vieille boite aux lettres, chemin vicinal de l’information, regorge de papier. Cher papier ! Le numéro 1322 de la feuille "A gauche" (fondée par Jean-Luc Mélenchon). le GARDMAG et Causses & Cévennes (117ème année - N°4). Encore un paquet de mots à se mettre sous les yeux.

Mais écoutez plutôt ça : "Selon l’INSEE le coût du travail horaire dans l’industrie automobile en Allemagne serait le plus élevé d’Europe et de 29% supérieur à celui observé en France". (43,14€ contre 33,38€ en France). Exactement le contraire de l’information claironnée par Arte Journal ce soir, cinq novembre 2012, qui donne les tarifs allemands comme les moins élevés en Europe. [1] Qui raconte n’importe quoi ? L’écran ou le papier ?

Et encore, un peu plus loin, je lis dans la feuille de Mélenchon [2] : "Les exportations françaises ne représentent que 20% de la richesse produite chaque année dans l’hexagone. Le déficit commercial de notre pays ne proviendrait donc pas du tassement de ces exportations. Ce déficit est du au contraire aux importations car nous produisons de moins en moins ce dont nous avons besoin (Désindustrialisation). Les importations annuelles d’énergies représentent à elles seules l’équivalent du déficit extérieur. (60 milliards/€)".

Le choc de compétitivité

Une copie qui ne vaut pas le prix d'excellence Le patronat par le moyen du fameux rapport Gallois remis ce jour au premier ministre, réclame le transfert sur les ménages par le biais de la CSG et de la TVA de 30 milliards/€ d’exonération de cotisations sociales patronales. Pour créer un "choc de compétitivité" à l’exportation.

Un euro trop cher et des actionnaires voraces

Depuis l’an 2000, l’euro a augmenté en valeur de 45%. Louis Gallois avait lui-même expliqué autrefois que la Sté Airbus perd 100 millions (à l’exportation) à chaque fois que l’euro prend un centime. De quelle compétitivité est-ce qu’on parle ? Des 120 milliards/€ annuels de plus qu’il y a trente ans que prélèvent les actionnaires sur le produit national en augmentant les coûts d’autant ?

Décidément, je crois que je vais laisser tomber les écrans pour le papier !

Je vais me plonger à présent dans ce cher Causses & Cévennes, ça va me calmer les nerfs. A y réfléchir, l’encre et le papier, ça sent si bon...

Et puis tiens, comme vous êtes sympas, je vous donne à voir une belle image pour accélérer la ré-industrialisation de notre beau pays. Cliquez dessus pour l’agrandir. C’est gratuit. (Fabriqué en Allemagne).


Tableau : Adolf Menzel - Huile - "Le laminoir - 1873

Adolph von Menzel (né à Breslau, le 8 décembre 1815 - mort à Berlin, le 9 février 1905) est un peintre allemand.


[1L’heure de travail industriel en dehors de l’automobile revient en Allemagne à 33,37€ pour 33,16€ en France - Enquête INSEE - Printemps 2012

[2Extrait de l’article de Laurent Mafféis