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Un hold up qui ne fait pas la une des médias

jeudi 2 septembre 2010, par grand-Pierre

La part du produit intérieur brut dévolue aux salaires a diminué de 9,3% depuis 1983.

Un débat réservé aux spécialistes ?

La part du produit intérieur brut dévolue aux salaires a diminué de 9,3% depuis 1983. Oui me direz-vous, et alors ? Encore des chinoiseries gauchisantes auxquelles je ne risque pas de comprendre grand-chose.

Cette démonstration demande un peu d’attention, mais cela en vaut la peine.

Ces 9,3% nous concernent tous bien sur et au plus haut point. Les débats de société qui saturent nos ondes et sont assumés sur les plateaux télé par des politologues confirmés [1] laissent dans l’ombre le plus souvent cette donnée principale du problème de la répartition des richesses produites par notre société.

100 milliards d’euros dont on ne parle jamais

La France, avec un PIB [2] de 2000 Mrds d’euros figure parmi les pays les plus riches du monde.

Or la part de ce PIB dévolue aux salaires, c’est à dire à ce qui crée la richesse et apporte la valeur ajoutée chère à notre ancien président Giscard d’Estaing a migré de 9,3% vers les prises de bénéfices des actionnaires du CAC 40.

9,3% depuis 1983, cela fait en gros 100 Mrds/an (certaines sources indiquent le double) qui ont "ripé" de la rémunération du travail vers celle du capital. (Information de source bancaire). [3] Soit cinq fois le fameux trou de la sécurité sociale (22 Mrds d’euros en 2009) et treize fois le déficit des caisses de retraites (7,7 Mrds d’euros).

Le mécanisme, celui de ce véritable hold up du capital sur le travail est complexe et son évolution sur une période de presque trois décennies (suivant les fameuses trente glorieuses des années de l’après guerre) s’est matérialisée dans la durée pour atteindre le niveau record d’aujourd’hui.

Les moyens utilisés pour "gratter" 9,3%

Nous en connaissons malheureusement très bien les contours :

1- Les suppressions des postes

2- La stagnation des salaires

3- La flexibilité

4- Le rognage des acquis salariaux

Ces quatre éléments, bien connus malheureusement par les salariés qui en font trop souvent l’expérience, ont été copieusement justifiés, dans la bouche de José Manuel Barroso et de Nicolas Sarkozy par la concurrence globale nécessitant une compétitivité active vis à vis d’autres nations aux salaires inférieurs. Or, cette concurrence globale a été mise en place par le traité de Lisbonne instituant la concurrence libre et non faussée, [4] par ceux-là même (nos gouvernants européens) qui ont provoqué ce déplacement de revenus vers les actionnaires et qui veulent imposer aujourd’hui les plans de rigueur en Europe face à la crise financière des états. Cherchez l’erreur !

Vous voyez que l’austérité que l’on cherche à nous faire accepter par tous les moyens [5] n’est pas une fatalité conjoncturelle mais la volonté d’un nombre restreint de "voyous ultra-libéraux" qui s’accaparent l’économie mondiale et sa régulation en toute impunité (Pour l’instant).

Moins d’impôts aux entreprises et des cadeaux somptueux aux banques

De plus une politique orientée vers la réduction des impôts prélevés sur les entreprises a porté un coup aux réserves de l’état et réduit son pouvoir d’auto financement par rapport à la sphère privée du capital [6] . La dette nationale s’accroit et ces mêmes états sont à présent attaqués par les spéculateurs des marchés financiers. Ils sont soumis (c’est un comble) au diktat des agences de notation comme de vulgaires produits marchands.

L’effort demandé pour sortir de la crise financière n’a pas été non plus porté sur le capital mais une fois encore sur l’état qui a fait de la sorte des cadeaux colossaux aux capitalistes. 1700 Mrds d’euros ont ainsi été injecté dans les capitaux bancaires par les états européens qui ne seront récupérés que partiellement.

Ceux qui croient benoitement que la crise est désormais derrière nous se trompent. Rien de ce qui est structurel n’a été corrigé dans le système économique et monétaire et la machine à fabriquer des "bulles" financières n’est pas maitrisée du tout. Ce qui ne nous promet certainement pas un avenir radieux.

Citoyen et inconscient..?

Lorsque l’on prend connaissance de ces réalités et du cynisme du système global on doit réagir. Pas simplement en grognant dans sa moustache mais en répercutant les vérités qui sont bonnes à dire aux français : On vous prend pour des pommes, réagissez non d’un chien !

Une société apaisée et solidaire où tous ont leur place, c’est possible, contrairement à ce que l’on entend dire par les médias. Ainsi, dans l’émission "C dans l’air" sur la chaine 5, un invité présenté comme "politologue spécialiste du PS" (Tout un programme...) et à qui le meneur de jeu demandait : - Pensez vous qu’un prélèvement sur les prises de bénéfices des actionnaires soit envisageable pour alimenter le déficit des retraites ? - Répondit en se grattant l’oreille : - Non, je ne le pense pas.

Ce politologue qui fait de la politique s’appelle un politicien...


Les informations contenues dans cet article sont en partie extraites du numéro hors-série 2010 du journal FAKIR - Siège social : 21 rue Eloi Morel 80000 AMIENS - Tél. 03 60 10 60 15 - contact@fakirpresse.info


[1Qui se révèlent souvent être des idéologues se cachant derrière une crédibilité technicienne

[2Produit intérieur brut

[3Source - Bank for Internationals settlements/Working papers N°231 - Juillet 2007

[4traité mis en place contre l’avis majoritaire des français exprimé démocratiquement par le non au du référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005.

[5Comme au peuple Grec

[6Ce qui explique la volonté d’abandonner les services publics au privé